Éditorial de Jean-Claude Mailly
La conférence est une variété de poire qui porte ce nom depuis 1885, à l’occasion de la conférence internationale de la poire à Londres.
En forme de bouteille, elle a la caractéristique de pouvoir être consommée avant comme à la fin de sa maturation. Il est recommandé de la conserver dans un endroit frais.
En est-il de même pour une conférence sociale?
De fait, après la conférence sociale de juillet dernier, celle annoncée pour le mois de juin risque d’être consommée en fin de maturation.
Et, comparativement à l’an dernier, son climat sera beaucoup plus frais, pour ne pas dire plus tendu.
En un an, après le vote du TSCG, s’est mise en place la seringue de l’austérité. Réduction des dépenses publiques, pression sur les dépenses sociales, baisse du pouvoir d’achat et de la consommation, annonces de décisions en matière de retraite ou d’allocations familiales, augmentation importante du chômage et croissance zéro caractérisent les derniers mois.
Ces sujets ne peuvent pas être absents d’une telle réunion qui connaîtra donc, de fait, des tensions. En tout cas, à Force Ouvrière nous ne nous tairons pas et nous n’entrerons pas dans une opération communication sur le dialogue ou la démocratie sociale.
Sur ce dernier point, une réforme de la Constitution devrait intervenir, spécifiant qu’avant d’élaborer un projet ou une proposition de loi, les pouvoirs publics seront obligés de consulter ou de demander aux interlocuteurs sociaux s’ils souhaitent négocier.
C’est révélateur de l’état de notre démocratie si l’on est obligé d’inscrire une telle disposition dans la Constitution.
Quant au dialogue social, s’il s’agit d’amener des accords comme l’ANI du 11 janvier et le projet de loi qui en découle, on ne peut pas dire qu’il soit socialement fructueux!
Les motifs d’insatisfactions tendent donc à se multiplier. Même la remise en selle du Commissariat au Plan (demandée et obtenue par Force Ouvrière) pose problème. Mettre un libéral social ou social libéral à sa tête constituerait un oxymore!
Sur tout cela nous continuerons donc à dire et faire ce que nous entendons en toute liberté et à refuser toute austérité de gauche, de droite ou syndicale.