Selon l'OCDE, qui vient de publier un rapport sur la situation économique de la France, la politique du gouvernement va plutôt dans le bon sens.
Cependant l'OCDE invite à plus d'audace en termes de réduction des dépenses publiques, d'équilibre financier des systèmes de santé et de retraites et d'abaissement du coût du travail pour «booster» de façon durable la compétitivité de l'économie française.
Le défaut de compétitivité des entreprises est attribué explicitement au coût du travail trop élevé (1) et l'OCDE préconise des «réformes» en profondeur pour accompagner les mesures déjà prises par le gouvernement pour réduire ce coût. Parmi les mesures préconisées, l'Organisation pour la coopération et le développement économique invite la France à réduire les dépenses de santé de 27 milliards d'euros (1,3 points du PIB), à réformer les retraites avec un système à points garantissant l'équilibre, à rendre le SMIC progressif en fonction de l'âge. Elle exhorte le gouvernement à réduire la durée et le montant de l'indemnisation chômage, à simplifier plus encore les procédures de licenciement et à rationaliser le «mille feuilles» des collectivités locales en supprimant les départements et en fusionnant les petites communes.
Nous avons là en fait les «grandes lignes de l'effort global de redressement» qui seront annoncées au parlement à la mi-avril et dans les semaines qui suivront.
Mais certains commentateurs avertis s'inquiètent de l'impact d'une telle politique. Le pouvoir d'achat individuel des français a reculé de 0,8% en 2012, et cette tendance devrait se confirmer en 2013. «Les moteurs intérieurs de la croissance sont à l'arrêt, tant la consommation des ménages est faible», précise l'Insee dans sa dernière note de conjoncture. L'Insee souligne le niveau faible des investissements des entreprises, et prévoit d'ici juin la suppression de 74000 emplois supplémentaires dans le secteur marchand. La rigueur conduit inévitablement à la récession, et ce n'est pas le léger rebond des exportations constaté ces derniers mois, toujours plombées par la politique de l'euro fort, qui permettra d'inverser la tendance.
1087 usines de plus de 10 salariés ont déjà fermé depuis 2009, et la situation s'est aggravée en 2012, avec une augmentation de 42% de fermetures supplémentaires par rapport à 2011. Le nombre de salariés en CDI a baissé de 700 000 entre 2008 et fin 2011 !
Nous considérons pour notre part, qu'il est vital de tourner le dos au dogme de la Troïka de la concurrence libre et non faussée, de l'abaissement du coût du travail qui jette les peuples dans la misère (2). L'austérité, c'est à coup sûr l'asphyxie de l'économie. Le progrès, c'est l'augmentation des salaires.
Le patronat et ses alliés (y compris syndicaux) demandent toujours plus de sacrifices à la classe ouvrière. Fidèles à la Charte d’Amiens, nous continuerons pour notre part, contre vents et marées, à défendre les intérêts matériels et moraux des salariés.
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Michel Le Roc'h
(1) Le coût du travail dans l'automobile en Allemagne est supérieur de 30% au coût français. Ce qui n'empêche pas l'automobile allemande de bien se porter !
(2) Notons à l'inverse les formidables bénéfices réalisés en 2012 par les 2000 premiers groupes mondiaux: 2640 milliards de dollars, soit l'équivalent du PIB français ! La baisse du coût du travail profite à quelques-uns !