A quelques semaines du 54ème Congrès de notre Fédération,
la polémique sur la question du repos dominical bat son
plein.
Ce battage médiatique a lieu alors que deux grandes
enseignes du bricolage (Castorama et Leroy Merlin) viennent
de se voir condamnées à fermer leurs magasins ouverts le
dimanche en Ile-de-France en toute illégalité.
Elles ont été présentées devant la justice sur injonction
d’un de leurs concurrents (Bricorama), lui-même condamné
à fermer ses magasins le dimanche en raison de notre action
juridique.
Les loups se mangent entre eux !
Ceci n’est ni plus ni moins qu’une des conséquences
ubuesques des modifications législatives clientélistes de
ces dernières années.
Ainsi, en 2008, c’est le secteur de l’ameublement qui se voit
accordé, en annexe d’une loi générale sur la consommation,
l’autorisation de pouvoir ouvrir tous ses magasins le
dimanche. De fait, c’est le lobbying d’IKEA qui a parfaitement
fonctionné auprès de la majorité politique de l’époque. Cette
enseigne, disposant d’une force de frappe commerciale et
d’une zone de chalandise nettement plus importante que
ses concurrents, profite depuis d’un avantage certain.
En 2009, la loi Mallié est votée. Elle instaure de multiples
dérogations et donc des possibilités d’ouvrir ici et là tous
les magasins le dimanche ; une usine à gaz destinée, de fait,
à faire entrer dans la légalité toutes les enseignes ouvrant
le dimanche en parfaite contradiction avec la loi. Il s’agit
surtout pour le député Mallié de l’époque de "bétonner"
l’ouverture le dimanche de Plan de Campagne, la zone
commerciale de sa circonscription.
Nous n’avons eu de cesse de dénoncer les incongruités
et les dangers de cette loi, tant auprès de la majorité
précédente qu’auprès de l’actuelle.
Non seulement, elle crée un salariat à deux vitesses, mais
elle engendre des situations de distorsion de concurrence,
voire de concurrence déloyale.
Les faits mis en avant par les médias aujourd’hui ne sont
que le résultat de cette loi imbécile et du refus des uns et
des autres de regarder la vérité en face et donc d'en modifier
le contenu.
Cela met aussi en exergue l’incapacité de la Branche
professionnelle du Bricolage de s’autoréguler pour éviter
les distorsions de concurrence.
L’histoire ne cesse de rebondir. La Fédération des Employés
et Cadres s’est construite voici plus de 120 ans autour,
notamment, de la revendication du repos hebdomadaire qui
a donné lieu à la loi de 1906 et la semaine anglaise.
Depuis, le patronat n’a de cesse de tenter de remettre en
cause les horaires et les rythmes de travail, car c’est bien
de cela qu’il s’agit.
Ouvrir 7 jours sur 7, puis augmenter les amplitudes
d’ouverture, tenter de généraliser les nocturnes de plus
en plus tardives, c’est ce que développe le patronat de la
grande distribution. Et pourquoi pas 24 heures sur 24 !
C’est d’ailleurs ce modèle qui est mis en avant par certains
journalistes partisans actuellement.
Outre que cela permet de tuer le petit commerce de
proximité, et ainsi de gagner des parts de marchés à bon
compte, cela détruit le rythme humain de vie et de travail.
Certes, nous trouverons toujours (et surtout) des clients
heureux de pouvoir aller faire leurs achats comme bon
leur semble, sans se soucier des conditions de travail des
salariés, des étudiants "heureux" de travailler le dimanche
ou en nocturne pour financer leurs études, des salariés
"heureux" de travailler le dimanche car cela met du beurre
dans les épinards, surtout si l’on est payé au SMIC à temps
partiel et que l’on est une femme seule avec enfant. C’est
cela le volontariat tant affiché !
Notre Fédération ne laissera pas ainsi se dégrader les
conditions de vie et de travail des salariés au profit de la
guerre concurrentielle que se mènent les acteurs de la
distribution, et ne cautionnera jamais la tentative de mise
à mort du commerce de proximité.
Faut-il encore rappeler que lorsque la grande distribution
crée un emploi, c’est entre deux et trois emplois qui
disparaissent dans ce petit commerce de proximité, celui
qui fait vivre le cœur des villes et villages.
Notre combat est syndical, social et économique. Nous ne
nous laisserons jamais tromper par les belles paroles et les
faux arguments de la grande distribution, contrairement aux
médias qui en sont les (gros) annonceurs publicitaires, et
aux politiques dont elle est la bienfaitrice.
Nous restons évidemment ouverts au dialogue pour trouver
des solutions humaines, comme cela existe d’ailleurs dans
de nombreux endroits en province par accord entre les
acteurs sociaux, patronat local et organisations syndicales
de salariés.
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Serge LEGAGNOA, Secrétaire général
Blog dédié à la défense du repos dominical : http://www.focommerce.com/
Syndicat du Commerce Nantes & Région : R. AIGOIN - Tél.:02.28.44.19.00
Syndicat du Commerce Alimentaire Nantes & Région : Y. COUROUSSE - Tél.:02.28.44.19.44
Voir aussi :
- TRAVAIL DU DIMANCHE : LE POINT SUR NOS REVENDICATIONS
- LA DÉFENSE DU REPOS DOMINICAL, UNE MISSION POUR FO