5 milliards : soit l'équivalent de presque la moitié de la masse salariale, laquelle se situe aux alentours de 11 milliards.
Mais à l'heure hollandienne du "pacte de responsabilité" et des "pactes sociaux de compétitivité" que le patronat tente d'imposer dans un nombre croissant d'entreprises, la distribution de dividendes massifs aux actionnaires est censée être l'indispensable révélateur de la bonne santé des entreprises, tandis qu'à l'inverse l'augmentation du bas de la feuille de paye est censée impliquer la mise en péril la compétitivité de l'entreprise.
Et c'est en application de ce principe de sacrifice des salaires aux profits que, lors des négociations salariales de janvier 2014, la direction d'EDF a exercé le chantage suivant sur les organisations syndicales :
- ce sera en tout et pour tout, en cas d'acceptation de cette proposition par les syndicats, 0,5% de revalorisation de la grille SNB (Salaire national de base), plus un quota de 5500 nouveaux AIC (avancements individuels au choix), ou alors une décision unilatérale d'augmentation des salaires (SNB), et une enveloppe 2014 de ... zéro AIC supplémentaire.
Aucun syndicat n'ayant accepté de sortir le stylo, la direction a en conséquence mis en oeuvre la décision unilatérale annoncée.
Une décision inacceptable pour l'ensemble des agents, mais plus encore pour les nouvelles générations embauchées.
Le recrutement ces dernières années de nouveaux personnels s'explique par les départs massifs à la retraite de la génération des "baby-boomers". Mais nos lecteurs ne seront pas surpris d'apprendre que l'embauche des jeunes générations s'effectue dans le cadre d'une politique effrénée d'abaissement du coût du travail, à des niveaux de rémunérations ne correspondant pas aux niveaux des responsabilités effectives exercées.
Les conséquences du blocage des déroulements de carrière
En conséquence, depuis trois ou quatre ans, l'exacerbation de la colère et la volonté d'en découdre vont croissant dans la masse grandissante des personnels sous-payés.
On comprend dans ces conditions en quoi la direction joue avec le feu avec sa décision unilatérale de janvier 2014 sonnant d'entrée de jeu le glas des négociations salariales de la nouvelle année. 0,3% d'augmentation des salaires, c'est une perte de pouvoir d'achat inacceptable pour tous. Mais la totale suppression des 5500 nouveaux avancements individuels, c'est la fermeture d'une issue capitale pour le déroulement de carrière des personnels sous-rémunérés par rapport aux responsabilités dont ils sont en charge.
"L'exploitation", puis la "maintenance" en grève illimitée à Cordemais
A la centrale EDF de Cordemais, ce sont d'abord les personnels de l'exploitation qui, en lien avec leurs organisations syndicales CGT et CGT-Force Ouvrière, ont estimé l'heure venue de rédiger leur cahier de revendications et de passer à l'action, c'est-à-dire à la grève illimitée jusqu'à satisfaction des revendications.
A la base du cahier revendicatif, outre des exigences spécifiques locales, la revendication pioritaire, figurant dans le préavis de grève à compter du 21 janvier, de " création d'un contingent supplémentaire d'AIC" (au niveau de la centrale).
Le 27 janvier les agents de la "maintenance" ont rejoint leurs collègues de "l'exploitation" dans la grève illimitée.
Les grévistes entendent prendre la direction nationale d'EDF au piège de sa propre contradiction : puisque c'est elle qui proposait, en cas de signature d'un accord sur les salaires 2014, de créer un quota de 5500 nouveaux Avancements Individuels au Choix, preuve est apportée par la direction elle-même qu'elle est en situation de débloquer nationalement ces 5500 AIC. D'où l'exigence par FO et la CGT d'un déblocage d'AIC à Cordemais.
Une exigence qui pourrait bientôt faire tache d'huile dans les autres unités de production. Déjà celle du Hâvre est en grève, les menaces de fermeture de certaines "tranches" de la centrale hâvraise se conjuguant aux revendications sur les salaires et déroulements de carrière.
Par delà les exigences des grévistes, ce qui caractérise le mouvement en cours à Cordemais, c'est la mobilisation exceptionnelle des agents (jusqu'à 66% de participation aux AG), leur détermination, et aussi leur sérénité (éviter dérapages et provocations inutiles). Autre caractéristique de la grève : sa conduite démocratique. C'est en assemblée générale des grévistes que tout se décide et se vote : de l'élaboration des revendications à la reconduction du mouvement.
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L'Union Départementale FO44 soutien les camarades d'EDF Cordemais en grève