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12 novembre 2015

STX, Airbus, sous-traitance : la réalité de la métallurgie nazairienne

Extraits de l’interview réalisée par G. Le Mauff pour InFOnz
Loin des images idylliques vendues par les dirigeants politiques en visite, Nathalie Durand-Prinborgne (à gauche), secrétaire de la section FO des chantiers STX, et Claude Arnau (à droite), secrétaire du syndicat FO des Métaux de St Nazaire, nous décrivent la situation réelle dans la métallurgie nazairienne…


INFONZ : Les cahiers des charges d’Airbus et des chantiers STX sont bien remplis. On s’attend donc à ce que cette situation favorable permette des embauches avec une diminution du chômage sur St Nazaire... Est-ce le cas ?

Claude : il est vrai que le carnet de commandes d’Airbus permet d’assurer du travail pour les 9 ans qui viennent. Entre 2008 et maintenant nous sommes passés d’un effectif de 1600 salariés à 2780 salariés Airbus. Pour STX le plan de charge est de 5 ans, mais paradoxalement il y a eu peu d’embauches.
Sur le bassin nazairien le taux de chômage a  tendance à s’aggraver ! Les sociétés d’intérim locales n’ont que peu de demandes des entreprises dépendantes de la Navale… Nous avons d’ailleurs décidé de rencontrer les patrons de ces sociétés d’intérim pour avoir plus d’éléments, notamment sur les embauches via des sociétés étrangères de droits sociaux inférieurs. Nous envisageons de rencontrer ensuite le sous préfet.

Nathalie : Après l’Oasis, en cours de construction, les chantiers STX ont cinq commandes fermes de gros paquebots, auxquelles s’ajoutent plusieurs autres à confirmer. Dans ce contexte, d’avril 2013 à septembre 2015, les effectifs ont augmenté d’environ 300 salariés : 128 cadres (41,7 %), 134 techniciens ATAM (43,6%) et seulement 45 ouvriers (14,6 %).
Nous avons interpellé le DRH lors du CE du 24 septembre, lui demandant pourquoi il n’y avait pas plus d’embauches. Je lui ai donné l’exemple d’une salariée, formée aux techniques de soudure par STX, très demandée pour ses compétences reconnues, mais seulement en intérim et sans pouvoir être embauchée ! Il n’a pas été très à l’aise ni très convainquant dans sa réponse …
Il faut dire que 663 entreprises de sous-traitance et d’intérim, de droit français ou étranger, interviennent sur le site : 8 247 salariés extérieurs sont ainsi enregistrés (2 468 y ont travaillé en août). C’est ainsi que sur l’Oasis, à l’heure actuelle en pleine phase de production, seuls 10 % des salariés sont d’STX. Surtout, la direction ne donne aux organisations syndicales aucun renseignement sur la proportion de main d’œuvre détachée de pays à faibles cotisations sociales…
Il faut aussi rappeler que l’intérim ne devrait être utilisé qu’en situation temporaire. Or nous avons du travail pour des années ….

INFONZ : Autre aspect de la situation, fin septembre, la coordination FO des entreprises de sous-traitance d’Airbus a tenu une conférence de presse à Saint-Nazaire, peux-tu nous en rappeler les raisons ?

Claude : Le 29 juin, nous avons adressé une lettre ouverte à la direction d’Airbus sur la dégradation de la situation des salariés des entreprises de sous-traitants d’Airbus. Nous sommes bien placés pour le voir, puisque nous avons des sections syndicales FO chez une quinzaine de sous-traitants. Dans cette lettre ouverte, nous avons signalé :
-l’augmentation constante des charges sans les embauches nécessaires ;
-les exigences de compétences élevées mais avec des salaires d’embauche au niveau du SMIC. Par exemple, un ingénieur avec 10 ans de boîte gagne, dans une entreprise de sous-traitance, en moyenne 2200 € bruts (soit autour de 1700 € nets) !
-le basculement dans des conventions collectives moins intéressantes ;
-la remise en cause des acquis des contrats au bout de quinze mois (primes,  mutuelles, 13 ème mois), etc.
Tout cela s’apparente à un fort « dumping social », source de tensions sociales de plus en plus vives dans ces entreprises. Notre initiative avait conduit le DRH d’Airbus, que nous avions alors rencontré, à s’engager à donner des réponses à nos revendications. C’est l’absence de cette réponse qui nous a amenés à organiser cette conférence de presse avec Fabrice Chassaing, coordinateur national  FO Airbus en charge des sous-traitants.

INFONZ : quelles sont vos principales revendications ?

Claude : Nous demandons des salaires d’embauche, en CDI, en adéquation avec les compétences exigées ; une amélioration de la qualité de vie au travail, compte tenu des efforts demandés aux salariés et des conventions collectives identiques à celles des donneurs d’ordre, notamment l’application de celle de la Métallurgie. Comme nous l’avons souligné dans notre conférence de presse, si Airbus dispose d’une visibilité de commande pour au moins 9 ans, celle d’un salarié en intérim ou en CDD n’est que de 3 mois …

INFONZ : Où en êtes-vous depuis cette conférence de presse ?

Claude : Finalement nous devons, incessamment, être reçus par la direction d’Airbus et nous allons défendre nos revendications.  
Airbus a besoin de sous-traitants fiables et compétents et investis d’ailleurs à cette fin. Mais il y a aussi de sa part une pression constante sur les prix, entraînant une réduction des coûts chez ses sous-traitants avec des conséquences sur les effectifs, les salaires et les avantages sociaux. Il faut y ajouter la mise en concurrence permanente des partenaires industriels d’Airbus qui dégrade la situation sociale dans ces entreprises.

INFONZ : Dernière question, que deviennent les deux « Mistral » russes ? 

Nathalie : Comme chacun sait, ils ont été revendus à la marine égyptienne.
La formation des 400 marins égyptiens commencera en janvier 2015 et les deux navires devraient être livrés fin mars. Selon la presse, la formation (30 millions €), la mise aux normes égyptiennes (40 millions €), la maintenance et la fourniture de pièces détachées pendant 4 ans (50 millions €) sont à la charge de la France.