InFOrmation syndicale

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19 mai 2017

Assurances : La mobilisation fait céder la direction chez CBP

Dans un cadre intersyndical, la section FO a appelé les salariés de la société de courtage en assurances CBP, principalement basée à Saint-Herblain, à débrayer pour une augmentation générale des salaires. Avec détermination, les personnels se sont massivement mobilisés.
L’épreuve de force a duré une semaine entière : les débrayages initiés le lundi 27 mars dernier se sont conclus dans les faits par une journée de grève le vendredi 31 mars. La Direction nationale a ainsi été contrainte de conclure un accord avec les organisations syndicales.

A suivre l'interview de Olivier Rigaud, Délégué syndical central FO

Interview parue dans L'Ouest Syndicaliste n°678



Peux-tu te présenter, ainsi que la section FO ?
Je suis agent de maîtrise au sein de CBP, qui est une société de courtage en assurances. J’ai adhéré à FO en 2008 et ai commencé à être élu au CHSCT, avant de devenir délégué syndical, puis délégué syndical central. Nous sommes passés en juin 2016 à trois établissements au sein de l’Unité économique et sociale (UES) Financière CBP, suite à l’acquisition des sociétés de courtage en crédits immobiliers Immoprêt et Empruntis. Du point de vue de la représentativité syndicale au niveau de CBP, nous sommes à 47 %, à quelques voix derrière la CFDT, qui est à 48 %. La section progresse en nombre d’adhérents. Nous ne sommes pas encore implantés chez Empruntis et Immoprêt donc, au niveau de l’UES, nous sommes à 31 %, un point derrière la CFDT, devant la CGT et la CFTC.

Quelle est la situation de CBP ?
CBP est la propriété de deux actionnaires : un fonds de pension américain, qui est majoritaire, et une entreprise locale. CBP est le plus gros établissement de l’UES. Il emploie près de 700 salariés pour un chiffre d’affaires d’environ 126 millions d’euros, avec un taux de profitabilité d’au moins 50 %. C’est juste énorme… et d’autant plus scandaleux, lorsque tu rapportes ce montant à la moyenne des salaires qui oscille entre 1 200 € et 1 300 € par mois. Les salariés sont par ailleurs considérablement mis sous pression, avec la mise en place en 2016 d’un délai minimum de traitement des dossiers, fixé par les assureurs, sous peine de sanctions financières contre l’établissement. Le niveau de ras-le-bol est énorme et le CHSCT va sans doute faire voter une expertise sur les risques psychosociaux.

Comment se sont passées les dernières négociations salariales dans ce contexte ?
Pour mémoire tout d’abord, FO avait été la seule organisation à ne pas signer l’accord issu des négociations annuelles obligatoires (NAO) en 2016. Cette année, les NAO se sont ouvertes au mois de février pour les trois établissements de l’UES. Nous revendiquions une augmentation générale des salaires à hauteur de 5 % et un minimum de 200 € bruts, dans le but notamment d’élever le niveau des salaires pratiqués au sein de CBP, qui sont plus bas que dans les deux autres établissements. La direction, qui est désormais à Paris, a proposé au départ une enveloppe fermée de +1,2 %, incluant les augmentations générale et individuelle (AG et AI). La discussion a été très tendue. La direction a finalement proposé 1 % d’AG et 1,2 % d’AI pour les salariés non-cadres ; 0 % d’AG et 1,2 % d’AI pour les cadres. A l’issue des trois tours de négociations, la CFTC et la CGT, qui sont essentiellement implantées au sein d’Immoprêt et d’Empruntis, ont signé l’accord. Nous n’avons pas signé, la CFDT non plus.

Que se passe-t-il ensuite ?
Dès le 21 mars, soit deux jours avant le dernier round de négociation, nous avions convoqué une première réunion avec les salariés. A cette occasion, nous leur avons donné notre position, impliquant de ne pas signer l’accord envisagé. Les salariés étaient d’accord avec nous. Le 24 mars, au lendemain de notre refus de signer, décision a été prise collectivement de débrayer le lundi 27 mars. Le mouvement a été reconduit par la volonté des salariés eux-mêmes. Chaque jour, nous nous réunissions en assemblée générale pour acter la suite du mouvement et confirmer la validité du cahier de revendications. Nous étions entre 160 et 170 participants aux débrayages, sachant qu’il y a beaucoup de CDD dans l’établissement, pour lesquels il est plus difficile de se mobiliser. Le vendredi 31 mars, le débrayage s’est transformé de fait en véritable journée de grève, à laquelle plus de 200 salariés ont participé. Ce jour-là, des négociateurs venus de Paris étaient présents depuis le matin. La direction les avait dépêchés dans l’optique d’aborder la seule question de l’annualisation du temps de travail, que nous avions par ailleurs rejetée dans le cadre des NAO. En fin d’après-midi, alors que la situation paraissait bloquée, la direction a finalement commencé à lâcher du lest sur la question des salaires. Nous avons signé le protocole de fin de conflit à 18h, après avoir été mandaté par un vote quasi-unanime de l’assemblée générale des grévistes.

Qu’avez-vous finalement obtenu ?
Nous avons tout d’abord acté le maintien des mesures prévues dans le cadre des NAO 2017. Mais à celles-ci s’ajoute désormais une augmentation générale supplémentaire de 2 % pour les salaires annuels inférieurs à 40 000 €. Cela fait un total de 3 % d’AG et d’1,2 % d’AI pour les salariés non cadres de CBP ; de 2 % d’AG pour les cadres à salaire inférieur à 40 000 €. En outre, nous avons obtenu une augmentation de 0,5 % de l’enveloppe liée à l’étude comparative des salaires, prévue dans l’accord NAO. Cette étude, effectuée par un cabinet extérieur dans le cadre de ce qu’ils appellent la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), est censée ouvrir la voie à des rattrapages salariaux à partir de juillet 2017 au sein de CBP, en fonction des pratiques salariales existant dans les autres sociétés de notre secteur d’activités. L’enveloppe atteint désormais 3,3 %, contre 2,8 %. Cela représente 190 000 € au lieu de 160 000 €. Enfin, et c’est important d’un point de vue à la fois financier et symbolique, la direction prend en charge les heures de grève, à hauteur de 5 heures par salarié gréviste. Nous restons cependant vigilants quant à l’application de leur étude des salaires : les salariés vont-ils vraiment s’y retrouver ?