Après plusieurs années difficiles en matière de négociation salariale avec la direction de la société Aplix, les syndicats FO et CGT ont signé l’accord issu des négociations annuelles obligatoires (NAO) pour 2017.
Cet accord se traduit par les acquis suivants :
- Pour le collège Ouvriers : +1,5 % d’augmentation générale (AG) des salaires, +0,3 % d’augmentation individuelle (AI) et 0,1 % d’augmentation structurelle.
- Pour le collège Employés, techniciens et agents de maîtrise : +1,3 % d’AG, +0,5 % d’AI, +0,1 % d’augmentation structurelle, ainsi qu’une prime d’objectif à hauteur de 1,5 % de la rémunération annuelle lorsque les objectifs sont atteints à 100 %.
- Pour l’ensemble des salariés : prise en charge d’un jour de carence supplémentaire dès la première année d’ancienneté acquise.
Afin de revenir sur le contexte de cet accord, L’Ouest Syndicaliste a interviewé sur place trois camarades du syndicat FO du Textile Ancenis et Région : Véronique Bréger, secrétaire du Comité d’entreprise (CE) et déléguée du personnel (DP) titulaire ; Didier Gascher, délégué syndical, et Mounir Sayari, secrétaire-adjoint du CE et suppléant DP.
Inverview parue dans L'OS n°680
Pouvez-vous présenter l’entreprise Aplix ?
Véronique Bréger – Aplix est une entreprise familiale qui s’est développée à l’international. Son siège social est situé sur le site du Cellier, où nous sommes, tandis qu’un deuxième site a été créé à Pontchâteau. Nous comptons pour ces deux sites 474 salariés en CDI et CDD, ainsi que 68 intérimaires.
Mounir Sayari – Les deux sites ont fusionné en une seule entité Aplix depuis 2014. Nous avons donc un seul CE, mais deux DP et deux CHSCT.
Que produit Aplix ?
MS – L’entreprise est divisée en deux secteurs : l’Hygiène et l’Industrie. Nous produisons des auto-agrippants en grande série, en particulier les bandes frontales et les accroches pour les couches-culottes.
Quels marchés fournissent les sites de la Loire-Atlantique ?
MS – Les usines du Cellier et de Ponchâteau fournissent le marché européen, ainsi que le Maghreb et le Moyen-Orient. Le groupe possède également des filiales à Shangaï, aux états-Unis – à Charlotte, en Caroline du nord – et au Brésil.
Didier Gascher – Cela représente environ plus de 900 salariés sur l’ensemble du groupe.
Quel est l’impact pour vous du développement de ces filiales, dans des pays à bas coût de production ?
VB – Pour l’instant, il n’y en a pas.
MS – En réunion de CE, la direction nous dit que c’est grâce au groupe – et donc à la production à l’étranger – que l’entreprise génère des bénéfices. Mais on ne peut pas parler d’une pression qui serait exercée sur nous, du fait de ces filiales étrangères : le travail qui est fait au Cellier et celui qui est fait ailleurs ne sont pas les mêmes. Les cahiers des charges, les gammes ou le niveau d’exigence ne sont pas les mêmes. Les prix ne sont pas les mêmes non plus.
DG – Lorsque nous l’interrogeons, la direction nous répond que l’avantage de ces filiales est qu’elles permettent d’accéder directement aux marchés locaux en évitant les coûts de transport, ce qui permet de faire des remontées de dividendes importantes.
Pouvez-vous présenter le syndicat FO ?
DG – Nous dépendons de la convention collective du textile et faisons partie de la branche Textile de la Fédéchimie. J’ai participé en 1999 à la création du syndicat FO à Aplix. Mais c’est vraiment en 2000 que le syndicat s’est fortement développé, suite à la grève de 17 jours consécutifs, liée à l’accord sur les 35 heures et aux NAO de l’époque. Déjà, à l’époque, la grève avait été appelée par FO et la CGT. Ce n’est que contrainte que la CFDT s’est sentie obligée de suivre.
Quelles étaient les revendications que vous portiez intersyndicalement ?
DG – Sur les NAO, les revendications concernaient particulièrement les 5x8. Nous demandions des majorations supra-légales sur les jours fériés et les week-ends. à l’époque, la mise en place des 5x8 avait été négociée par la CFDT, qui n’en a rien eu à faire… Pourtant, toute l’Hygiène travaillait alors en 5x8.
VB – Il faut savoir qu’en 5x8, ce sont cinq équipes qui tournent, donc les machines ne s’arrêtent jamais. Par exemple, tu travailles trois week-ends sur cinq : un de nuit, un de matin et un d’après-midi. J’ai fait cela pendant 11 ans. Ces horaires peuvent avoir un effet terrible sur la vie personnelle.
MS – Actuellement, nous avons un secteur, le Plastique, qui travaille en 5x8.
Quelle est l’implantation de FO aujourd’hui ?
DG – Nous sommes présents sur les deux sites du Cellier et de Pontchâteau. Nous nous développons. Aux élections professionnelles de novembre 2014, nous avons obtenu le même nombre d’élus que la CFDT, qui perdait la majorité absolue. L’axe revendicatif que nous portons avec la CGT est désormais majoritaire.
MS – Les prochaines élections se tiendront en novembre 2018. Nous avons bon espoir de renforcer encore notre implantation.
Quel était le contexte des NAO cette année ?
DG – La direction actuelle tient absolument à mettre l’accent sur l’individualisation des salaires et la mise en place de primes au mérite. Et elle trouve le soutien de la CFDT qui n’a mis l’augmentation générale des salaires qu’en 4ème position de ses revendications, préférant mettre en avant la participation aux bénéfices…
VB – On sent bien que la question de l’individualisation est récurrente pour la direction et que l’année prochaine ses propositions iront encore plus dans ce sens.
MS – Pour la Présidente-directrice générale (PDG), les augmentations individuelles pratiquées à Aplix sont dérisoires. Mais nous avons affirmé à plusieurs reprises que nous ne défendions pas les augmentations individuelles. Nous ne représentons pas seulement une catégorie de salariés. Nous représentons tous les salariés. Pour nous, les primes au mérite sont un piège. Par ailleurs, nous revendiquions également une meilleure prise en compte financière de l’ancienneté dans l’entreprise.
VB – La PDG a dû faire face aux mauvais résultats d’un audit sur la qualité de vie au travail au sein de l’entreprise, qui faisait suite à son souhait d’obtenir une labellisation en matière de « responsabilité sociale ». Cela a influé sur sa proposition de départ en matière d’AG, puisqu’elle est partie à +1,4% contre +0,4% l’année dernière.
Comment se sont passés les trois tours de négociation ?
VB – Ils ont été beaucoup moins tendus que précédemment. L’an passé, la proposition de départ de la direction était particulièrement méprisante. FO et CGT, nous avions dû appeler à débrayer. Finalement, la CFDT avait signé un accord à +0,8 % d’AG.
Comment avez-vous rendu compte des négociations auprès des salariés d’Aplix ?
MS – Après chaque réunion de négociation, nous avons fait le tour des ateliers et des services, sur les deux sites, pour prendre la température auprès des salariés. Ce n’est pas évident, parce que nous avons des collègues en 5x8, en 3x8, en 2x8, en nuits fixes… Mais cela est pour nous très important. Nous avons donc fait en sorte de nous organiser pour être au contact du plus grand nombre, sur le terrain.