par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique
C’est un fait. Le gouvernement utilise la pandémie pour poursuivre son offensive contre les conquêtes sociales et abaisser encore le coût du travail. Il continue de supprimer des lits et des services entiers dans les hôpitaux et refuse de créer les lits supplémentaires en réanimation.
Véran, qui a menti sur les masques et les tests et n’a jamais pris les mesures nécessaires pour protéger les soignants, ose maintenant les accuser de propager la pandémie s’ils ne se font pas vacciner ! C’est connu, « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ».
Pour poursuivre son œuvre de destruction, le gouvernement a décidé de prolonger encore un peu plus l’état d’urgence. Là également, il met à profit la « crise sanitaire » pour limiter les libertés de tous. Jeudi 4 mars, le préfet de Loire-Atlantique a publié deux arrêtés, l’un interdisant « les rassemblements festifs à caractère musical », l’autre interdisant la consommation d’alcool « sur les rives de l'Erdre, de la Loire et dans des parcs de Nantes de 8h à 18h ». De nombreux jeunes, « teuffeurs » et étudiants, privés de sorties et d’une vie normale, ont à nouveau manifesté samedi 6 mars contre toutes ces mesures liberticides et ils ont raison.
Et il y a la proposition de loi «sécurité globale». Elle vise en particulier à restreindre le droit de manifester et elle sera débattue au Sénat à la mi-mars. C’est dans ce contexte que nous appelons tous les militants, mais également les plus jeunes à se rassembler devant la préfecture le mardi 16 mars à 16h30 puis à manifester. La question des libertés est une question essentielle. C’est même la première de nos préoccupations.
Et il y a la décision du 1er ministre avec la ministre du travail de mettre en œuvre sa réforme de l’assurance chômage à compter du 1er juillet. Quatre allocataires sur dix vont faire les frais des mesures prises, soit 850 000 avec une baisse moyenne d’environ 22 % de leur allocation. Pour renouveler ses droits, il faudra avoir travaillé six mois lors des 24 derniers mois contre quatre mois sur 28 mois actuellement. Rappelons que la moitié des chômeurs ne sont déjà pas indemnisés !
C’est tout simplement inacceptable. Le nombre de chômeurs de catégorie A est passé dans le département de 62 à 72 000 en un an et de nombreux patrons, profitant de la situation, continuent à restructurer, licencier et bloquer les salaires. Pour eux, c’est « open bar ». C’est ainsi que dans le cadre du plan de relance, les 16 000 entreprises de Loire-Atlantique vont percevoir près de 222 millions d’euros en terme de «baisses des impôts de production». Cela s’ajoute à toutes les autres aides généreusement distribuées.
S’appuyant sur ce contexte, le président du Medef a choisi de s’adresser aux organisations syndicales afin de leur proposer un agenda social sur huit thèmes. Bien entendu, nous sommes attachés au paritarisme et à la négociation collective pour améliorer la situation de la classe ouvrière, et plus particulièrement aujourd’hui car le gouvernement attaque de façon autoritaire la protection sociale collective. Une intervention commune des organisations syndicales et patronales en direction du gouvernement pour qu’il abandonne sa réforme de l’assurance chômage et accepte le retour à une gestion paritaire du régime serait un premier pas important pour travailler ensemble à « un agenda social » qui tienne compte de nos revendications.
Mais s’agit-il là de cela ? Visiblement non !
Le président du Medef propose «d’engager ensemble un chantier sur une série de sujets concrets», permettant « d’accompagner les entreprises dans la gestion des transitions ». Puis « Les partenaires sociaux doivent repenser leur rôle, c’est-à-dire le rôle de la démocratie sociale dans la vie démocratique du pays ». Deux anciens directeurs adjoints de l’Unédic et de Pôle Emploi, dans une tribune publiée dans les échos du 24 février dernier précisent qu’il revient aux partenaires sociaux de construire un nouveau «contrat social» : «C’est la définition du "monde social d’après" qu’il leur revient d’écrire. La responsabilité des partenaires sociaux n’est plus prioritairement de défendre des acquis ni de réclamer de nouvelles aides et subventions. Elle est aujourd’hui celle de s’affirmer acteurs de ce monde qui bouge, de participer à réconcilier l’Économique et le Social». Tout est dit !
Notre place est de défendre les intérêts des salariés. Nous ne pouvons pas accepter de nous laisser entraîner sur la voie d’un «pacte social» avec à la clé toujours plus de sacrifices pour le plus grand nombre. Nous ne devons faire aucune concession et devons revendiquer toujours et encore : il n’y a pas d’autre place pour exister.
Le Comité Confédéral National se réunira les 7 et 8 avril prochains.
Il aura à son ordre du jour la discussion sur la situation. L’enjeu sera de clarifier notre position concernant «l’agenda social» proposé par le Medef, mais aussi de rassembler nos forces et de préparer l’étape suivante : le rapport de force interprofessionnel pour gagner sur les revendications.