Financement de la sécurité sociale
En guise d’éditorial, nous publions ci-dessous la lettre ouverte aux députés de Loire-Atlantique afin qu’ils votent contre la version définitive du PLFSS mardi 16 décembre.
Ce PLFSS, plus encore que celui de 2025, est un budget de guerre contre l’accès aux soins, l’hôpital public et les assurés sociaux. Il a reçu l’appui de Marylise Léon de la CFDT qui prône la stabilité politique et le concours de Sophie Binet qui explique que le débat parlementaire a permis d’éviter de « nombreuses horreurs » et souligne les mesures positives du PLFSS. C’est ce que reprennent de nombreux députés pour justifier leur vote « Pour » ou « Abstention » lors de la séance de mardi dernier. Cette lettre remet les pendules à l’heure !
La conférence sociale a débuté vendredi 5 décembre. L’objectif du gouvernement est d’associer les organisations syndicales à la mise en place d’une réforme des retraites par points et d’une deuxième « loi travail ». Pas nécessaire de développer outre mesure pour comprendre que nous n’avons rien à faire dans cet énième « conclave » (voir le dernier édito de L’OS). La confédération n'a rien à gagner dans cette conférence sociale qui n'est pas un lieu de négociation. Nous considérons qu’elle doit maintenant la quitter.
Les députés ont voté une augmentation de 6,7 milliards d’€ du budget militaire qui s’accompagne d’une insupportable propagande guerrière. 4 milliards d’euros en moins pour l’accès aux soins et 6,7 milliards en plus pour la guerre… c’est tout un symbole.
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Mesdames et Messieurs
les députés de Loire-Atlantique,
Les quelques mesures adoptées ces derniers jours (non doublement des franchises médicales par exemple), ne changent pas le fond du budget.
Ce PLFSS, plus encore que celui de 2025, est un budget de guerre contre l’accès aux soins, l’Hôpital public et les assurés sociaux. Il confirme le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans avec un décalage de mise en place de la réforme des retraites d’un an. Il impose une taxe d’un milliard d’€ sur les mutuelles. Cette taxe aura des répercussions inévitables sur les assurés sociaux. Il organise une pression insupportable sur les arrêts de maladie. Les assurés sociaux et les médecins sont ciblés comme étant responsables du « trou » de la Sécurité sociale, tout comme les travailleurs étrangers avec la remise en cause de l’Aide Médicale de l’État (AME). C’est la réduction des allocations familiales pour les enfants de 14 à 18 ans.
En 2024 (derniers chiffres officiels), les exonérations de cotisations sociales s’élevaient à 82 milliards d’€uros dont 5,5 milliards non compensés par l’État. Sans toutes ces exonérations et les fraudes sociales pour travail dissimulé (7,2 milliards d'€uros), la Sécurité sociale serait excédentaire et l’accès aux soins pourrait être considérablement amélioré.
Nous avons reçu dernièrement des salariés dont le patron a décidé de réduire leur salaire de 2 500 € au Smic, le différentiel étant versé à la fraîche, pour bénéficier des exonérations. Pour les grands groupes, ces exonérations finissent bien souvent dans les poches des actionnaires du CAC 40. Ce PLFSS entérine cet état de fait.
Mais tout ceci n’est qu’un aspect. L’Hôpital public, victime de dizaines d’années de coupes budgétaires, est « à l’os ». Et le PLFSS 2026 fondé sur 4 milliards de restrictions supplémentaires va encore aggraver cette situation dramatique.
La maternité d’Ancenis est menacée de fermeture faute de moyens financiers et humains. Elle a fermé une semaine du 11 au 18 août dernier. Le PLFSS 2026 va-t-il avoir raison de cette maternité ?
De 1975 à aujourd’hui, nous sommes passés de 1369 à 464 maternités en France pour 800 000 naissances. Comment ne pas faire un parallèle entre cette situation et la hausse de la mortalité infantile ?
En soins intensifs de néonatalogie au CHU de Nantes, de juillet à novembre, le service a enregistré 31 jours de fermeture de lits, faute de personnels qualifiés. Le CHU a été obligé d’envoyer des enfants dans d’autres établissements de la Région. Le décret d’encadrement n’a pas été respecté pendant huit jours, ce qui a mis en danger la vie des nouveau-nés. Dans le service de néonatalogie, cette durée a atteint 48 jours !
Nous pourrions vous donner des dizaines d’exemples de ce type au CHU de Nantes comme ailleurs. Aux urgences du CHU, la durée médiane de passage aux urgences des patients, qui sont par la suite hospitalisés, est passée de 7h30 en 2018 à 10h13 en 2024 et, comme vous le savez, des patients sont morts sur les brancards, faute de prise en charge !
Le PLFSS 2026, c’est bien pire. Et nous pourrions évoquer les 11 % de la population de notre département qui n’ont pas de médecin traitant ou ceux qui attendent des mois pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste ou un radiologue. Mais aussi les sous-effectifs chroniques dans les EHPADs, les enfants à besoins particuliers qui ne sont pas accueillis dans de bonnes conditions, 900 en Loire-Atlantique.
Pour toutes ces raisons, ce PLFSS porté par le Premier ministre et le président de la République doit être rejeté. Et pour ceux d’entre vous qui estimeraient avoir gagné, ne vous illusionnez pas. Vous n’avez rien gagné.
Dans un contexte d’explosion des inégalités et de recul des droits sociaux, où près de 10 millions de personnes vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, tandis que les salaires ne suivent pas la hausse du coût de la vie, les nouveaux coups portés par le PLFSS, s’il devait être adopté, rendraient les choses encore plus insupportables pour l'ensemble des travailleurs et des travailleuses de ce pays, ainsi que leurs familles.
Mardi prochain, il n’y a pas d’autre alternative pour défendre les intérêts du plus grand nombre : votez contre.
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