M. de Villepin, ancien Premier ministre, s'inquiète: il y a "une forte colère qui s'exprime dans notre pays", il pense qu'il y a "un risque révolutionnaire en France". Sur le même thème, la très réactionnaire "lettre d'Hubert Landier" remarque que "la presse a voici peu, comparé Nicolas Sarkozy à Napoléon ; une comparaison avec Louis XVI serait tout aussi justifiée".
Enfin Les Echos, sous la signature de Favilla rappelle que "la politique est par excellence le domaine où le calme précède la tempête", il se souvient que quelques jours avant mai 68 Le Monde avait titré : "La France s'ennuie", mais aussi qu'à "la date du 14 juillet 1789 Louis XVI, qui relevait chaque jour sur un agenda les événements marquants de son règne, avait noté : "Aujourd'hui rien". Il conclut en notant : "que nous ne sommes qu'au début de la crise sociale entraînée par la crise économique.
"Commentant les déclarations de M. de Villepin il précise que "cette crise peut créer de très vives tensions voire violences, dont les séquestrations de patrons ne seraient que d'aimables apéritifs. Dans ce cas son avertissement serait salutaire, car si la révolution est toujours incertaine, en revanche, les violences provoquées par le désespoir sont toujours redoutables."
Ces quelques commentaires, venant du côté patronal expriment l'inquiétude qui commence à saisir les milieux dirigeants. La presse a beaucoup parlé de certains conflits, Caterpillar, Continental, etc.… leurs caractères spectaculaires a parfois caché qu'en profondeur d'autres conflits d'une toute autre ampleur mûrissaient. C'est par exemple le cas à l'hôpital public où pour la première fois, les professeurs de médecine, les chefs de clinique se mobilisent et se mettent en grève. Il ne faut décidément rien comprendre pour voir dans ces mouvements les mains de quelques "extrémistes".
Depuis 27 ans (mai 82) les gouvernements de droite comme de gauche ont imposé une politique réactionnaire qui a remis en cause toutes nos conquêtes sociales.
Face à cette politique, la classe ouvrière, avec notre organisation, a résisté. Mais il faut bien le reconnaître, malgré la puissance des grèves et des manifestations, que ce soit en 1995 ou en 2003, nous n'avons pas réussi à faire échouer les contre- réformes, même si nous avons "limité les dégâts". A l'armée on dirait que ce n'était pas une débâcle, mais une retraite en bon ordre.
Aujourd'hui, c'est un peu comme si tous ces ressentiments accumulés commençaient à surgir.
Oui nous ne sommes probablement qu'au début d'un mouvement dont personne ne peut prédire ni la forme, ni le rythme. Le gouvernement pense probablement pouvoir empêcher ce mouvement en liant les mains des organisations syndicales.
Dans sa chronique, intitulée "L'heure des syndicats", et sous-titrée "Devant la carence des politiques, c'est aux centrales ouvrières de mener le combat", Jacques Julliard écrit : "tout cela donne à la CGT et à la CFDT et aux autres les responsabilités d'ordre politique qu'elles ne pourront indéfiniment éluder" il demande "au mouvement syndical et ouvrier des propositions positives pour réorienter l'économie et rendre la protection sociale plus efficace".
C'est cet objectif que poursuit Nicolas Sarkozy quand il crée le Fonds d'Investissement Social (FISO). Ce Fonds correspondant à une revendication CFDT. Il n'y a là rien de choquant de la part d'une organisation qui se réfère à la doctrine sociale de l'Eglise et qui, en conséquence, prétend transcender les intérêts particuliers de la classe ouvrière au nom du "bien commun".
Le gouvernement espère associer les Confédérations à la gestion des licenciements.
Notre Confédération a exigé et obtenu que les structures de ce fonds soient souples et que notre participation ne soit que consultative.
Fort bien ! Pour autant ne nous faisons aucune illusion. A la prochaine occasion le gouvernement tentera de nous compromettre un peu plus.
Ces manoeuvres au sommet ont un côté dérisoire. La colère est là et de toute façon devra s'exprimer. La CGT et la CFDT continuent à bloquer toute issue. Elles refusent de répondre à notre proposition de grève "franche" de 24 heures. C'est pourtant le moins que l'on puisse proposer, car nous savons tous qu'une grève de 24 heures ne sera pas suffisante et que, d'une manière ou d'une autre, comme en Guadeloupe, c'est la question de la grève générale qui est posée.
Les Confédérations doivent se rencontrer à nouveau le 27 avril. Il est possible que l'on nous propose une nouvelle manifestation le samedi 13 juin. Après le 29 janvier, le 19 mars, le 1er mai (pour certains), le 13 juin maintiendrait la cadence: une manifestation toutes les 6 semaines. Ridicule ! Il n'y a pas d'autre qualificatif. Alors que les licenciements se multiplient plongeant des centaines de milliers de travailleurs dans la misère, avec leur famille, une telle proposition est révoltante et méprisante pour la classe ouvrière.
L'action commune n'a de sens que si elle est utile pour faire aboutir les revendications. Nous ne sommes pas des religieux, l'unité n'est pas pour nous une nouvelle sainte trinité. Si la CGT et la CFDT persistent à vouloir nous entraîner dans ces opérations saute-mouton, il nous faut dire non, et nous adresser clairement à la classe ouvrière pour tout simplement lui donner notre position.
Les militants de notre organisation savent tous que ces manifestations à répétition nous mènent à l'échec.
Mais nous ne sommes pas seuls. Dans la classe ouvrière et dans les autres organisations nombreux sont ceux qui partagent ce point de vue, probablement une majorité.
Alors pas d'hésitation !
* Notons à ce sujet que la trinité, au sens religieux du terme, désigne Dieu donc l'Unique en trois parties, le Père, le Fils et le Saint Esprit. Traduit en terme syndical, cela s'appelle l'unicité.
Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique
Depuis 27 ans (mai 82) les gouvernements de droite comme de gauche ont imposé une politique réactionnaire qui a remis en cause toutes nos conquêtes sociales.
Face à cette politique, la classe ouvrière, avec notre organisation, a résisté. Mais il faut bien le reconnaître, malgré la puissance des grèves et des manifestations, que ce soit en 1995 ou en 2003, nous n'avons pas réussi à faire échouer les contre- réformes, même si nous avons "limité les dégâts". A l'armée on dirait que ce n'était pas une débâcle, mais une retraite en bon ordre.
Aujourd'hui, c'est un peu comme si tous ces ressentiments accumulés commençaient à surgir.
Oui nous ne sommes probablement qu'au début d'un mouvement dont personne ne peut prédire ni la forme, ni le rythme. Le gouvernement pense probablement pouvoir empêcher ce mouvement en liant les mains des organisations syndicales.
Dans sa chronique, intitulée "L'heure des syndicats", et sous-titrée "Devant la carence des politiques, c'est aux centrales ouvrières de mener le combat", Jacques Julliard écrit : "tout cela donne à la CGT et à la CFDT et aux autres les responsabilités d'ordre politique qu'elles ne pourront indéfiniment éluder" il demande "au mouvement syndical et ouvrier des propositions positives pour réorienter l'économie et rendre la protection sociale plus efficace".
C'est cet objectif que poursuit Nicolas Sarkozy quand il crée le Fonds d'Investissement Social (FISO). Ce Fonds correspondant à une revendication CFDT. Il n'y a là rien de choquant de la part d'une organisation qui se réfère à la doctrine sociale de l'Eglise et qui, en conséquence, prétend transcender les intérêts particuliers de la classe ouvrière au nom du "bien commun".
Le gouvernement espère associer les Confédérations à la gestion des licenciements.
Notre Confédération a exigé et obtenu que les structures de ce fonds soient souples et que notre participation ne soit que consultative.
Fort bien ! Pour autant ne nous faisons aucune illusion. A la prochaine occasion le gouvernement tentera de nous compromettre un peu plus.
Ces manoeuvres au sommet ont un côté dérisoire. La colère est là et de toute façon devra s'exprimer. La CGT et la CFDT continuent à bloquer toute issue. Elles refusent de répondre à notre proposition de grève "franche" de 24 heures. C'est pourtant le moins que l'on puisse proposer, car nous savons tous qu'une grève de 24 heures ne sera pas suffisante et que, d'une manière ou d'une autre, comme en Guadeloupe, c'est la question de la grève générale qui est posée.
Les Confédérations doivent se rencontrer à nouveau le 27 avril. Il est possible que l'on nous propose une nouvelle manifestation le samedi 13 juin. Après le 29 janvier, le 19 mars, le 1er mai (pour certains), le 13 juin maintiendrait la cadence: une manifestation toutes les 6 semaines. Ridicule ! Il n'y a pas d'autre qualificatif. Alors que les licenciements se multiplient plongeant des centaines de milliers de travailleurs dans la misère, avec leur famille, une telle proposition est révoltante et méprisante pour la classe ouvrière.
L'action commune n'a de sens que si elle est utile pour faire aboutir les revendications. Nous ne sommes pas des religieux, l'unité n'est pas pour nous une nouvelle sainte trinité. Si la CGT et la CFDT persistent à vouloir nous entraîner dans ces opérations saute-mouton, il nous faut dire non, et nous adresser clairement à la classe ouvrière pour tout simplement lui donner notre position.
Les militants de notre organisation savent tous que ces manifestations à répétition nous mènent à l'échec.
Mais nous ne sommes pas seuls. Dans la classe ouvrière et dans les autres organisations nombreux sont ceux qui partagent ce point de vue, probablement une majorité.
Alors pas d'hésitation !
* Notons à ce sujet que la trinité, au sens religieux du terme, désigne Dieu donc l'Unique en trois parties, le Père, le Fils et le Saint Esprit. Traduit en terme syndical, cela s'appelle l'unicité.
Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique