InFOrmation syndicale

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27 février 2010

UN SEUL ETRE VOUS MANQUE...


Malgré toutes les déclarations lénifiantes, la crise n’est pas terminée. Elle pourrait même connaître de nouveaux rebondissements, en particulier sur le terrain monétaire.

Les difficultés rencontrées par certains pays de l’Union Européenne, la Grèce entre autres, ont affaibli l’€uro. Or, si l’€uro s’effondre, c’est toute la fragile construction européenne qui risque d’imploser.

Il est donc impératif pour Bruxelles d’imposer que chaque Etat retourne au plus vite dans les clous du Traité de Maastricht. Ainsi, le gouvernement grec impose un super plan de rigueur, qui provoque la colère des salariés, notamment des fonctionnaires qui descendent massivement dans les rues.

Et pourtant, ce plan est jugé insuffisant par l’Union Européenne, qui exige plusieurs tours de vis supplémentaires.

En France, à un degré peut-être moindre, nous aurons aussi un plan de rigueur. Le gouvernement a déjà annoncé la couleur. Il sera sévère ; et bien sûr, au centre de ce plan, il y aura les retraites.

Le gouvernement (au plus bas dans les sondages) sait que le risque est grand de provoquer la colère des salariés. Il se pourrait que, comme en Grèce, la classe ouvrière descende dans la rue.

C’est pourquoi il manœuvre pour tenter d’éviter les écueils.

Dans sa bande, M. Sarkozy a convié Thibault et Chérèque. Ces trois-là, ils se connaissent bien. Depuis plusieurs années, ils se rendent quelques services mutuels : les petits cadeaux entretiennent l’amitié, c’est bien connu. Je te vote la loi du 20 août 2008 qui favorise CGT et CFDT ; et en échange, tu me contrôles la classe ouvrière. Ce petit manège dure depuis longtemps, puisque, déjà en 2003, Monsieur Fillon, à l’époque simple ministre, avait publiquement remercié Thibault et Chérèque d’avoir fait passer «la réforme des retraites».

Bernard Thibault, qui ne manque pas de suite dans les idées, a poursuivi, en imposant la liquidation des régimes spéciaux. Il n’a pas hésité à l’époque à négocier en direct avec Sarkozy, en passant par-dessus la tête des cheminots CGT.

En 2003, Thibault et Chérèque ont utilisé la même tactique : «on ne change pas une équipe qui gagne». La méthode est d’une simplicité biblique. Au nom de l’unité, condition de l’efficacité, il s’agit d’entraîner toutes les organisations dans une succession d’initiatives qui finissent par épuiser les travailleurs.

Souvenons-nous en 2009 :
  • le 29 janvier,
  • le 19 mars,
  • le 1er mai,
  • le 26 mai,
  • le 13 juin,
  • le 7 octobre … Ouf !
Une telle débauche d’initiatives pour casser un mouvement méritait bien les remerciements de Monsieur Sarkozy : «La France peut être fière de son mouvement syndical … il n’y a eu aucune démagogie des syndicats, et lorsqu’il a fallu gérer des situations violentes et sensibles, le gouvernement a été bien heureux de pouvoir dialoguer en confiance avec des partenaires avec qui nous ne partageons pas naturellement tout, mais qui se sont avérés des partenaires très responsables» ; « Le 15 janvier, j’ai voulu que les partenaires sociaux soient associés à toutes les grandes décisions que nous avons prises au cours de l’année 2009 (…) je ne crois pas que dans notre histoire sociale, nous ayons jamais connu un dialogue aussi fréquent ni aussi dense. J’ai entendu des commentateurs parler de co-gestion. Il paraît même qu’on vous a reproché au sein de certaines de vos organisations, d’entretenir des échanges – comment dit-on – trop assidus avec le gouvernement (…) mais notre devoir c’est d’essayer de conduire la France tous ensemble».

«Conduire la France tous ensemble» : pour notre part, notre ambition est tout autre. Il s’agit pour nous de faire aboutir les revendications des salariés, et dans ce but, de rechercher les moyens d’actions les plus efficaces. C’est pourquoi, notre Union Départementale a cessé de participer aux manifestations «saute-mouton» dès le 19 mars.
Cette succession de manifestations a fini par lasser la classe ouvrière (le 7 octobre 2009 a été le «bide» attendu).

Pour autant, celle-ci n’est pas écrasée. Il est même certain que pour de nombreux militants de la CGT et de la CFDT, la manœuvre de leurs dirigeants est maintenant largement éculée. Au dernier congrès confédéral de la CGT, la direction a été mise en difficulté, et beaucoup de militants refusent de marcher à nouveau dans ces manifestations traîne-savates, totalement inefficaces.

En 2010, pour imposer son plan de rigueur, le gouvernement, une fois de plus, a besoin de Thibault et de Chérèque. Les nombreux conflits en cours démontrent que la situation est extrêmement tendue (Total, IKEA, Philips, l'enseignement dans le 93, pour ne citer que les plus notoires). Alors, ils nous ressortent les vieilles recettes : le 23 mars ! Comme c’est original.

Alors, aucune, aucune hésitation : c’est NON, trois fois NON !

Le 23 mars, c’est le début de la manœuvre menée au compte du gouvernement pour faire passer la pilule de la contre-réforme des retraites. En aucun cas, de près ou de loin, nous ne pourrons participer à cette escroquerie. Nous ne pourrons pas participer, parce que, cette fois, nous n’avons pas l’excuse de l’ignorance ou de la naïveté puisque instruits par l’expérience.

Participer, quelles que soient les bonnes ou mauvaises intentions, c’est participer à la tromperie et contribuer à envoyer la classe ouvrière dans un cul de sac.

Aujourd’hui, plus que jamais, l’heure est à la vérité et au courage. «Le courage, disait Jaurès, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains, aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques».

Mais malgré les difficultés, restons confiants. La classe ouvrière cherche une issue. Elle a déjà déjoué quelques pièges. La colère monte. Ce ne sont certainement pas quelques nouvelles processions quasi œcuméniques qui pourront freiner son mouvement.

Le mouvement, il affleure. Pour l’instant, il cherche son chemin et n’est pas encore parvenu à dégager les obstacles. Mais, au plus haut niveau, on sait bien que l’explosion est toujours possible.

Les manifestations du 23 mars ont pour objectif de «canaliser» la classe ouvrière, de tenter de briser dans l’œuf tout mouvement spontané et de boucher toute perspective, hormis celles qui se situent sur le terrain électoral.

Tel est le cas de la participation de certains partis politiques au 23 mars.

Peut-être veut-on aussi nous faire croire qu’il suffirait de changer de majorité pour satisfaire nos revendications.

Dans ce contexte, il nous importe, plus que jamais, de préserver notre indépendance, car cette nouvelle manœuvre de Thibault et Chérèque ne peut aboutir que si tout le monde «mouche». Par définition, l’unicité ne supporte pas l’exception : «Un seul être vous manque et tout est dépeuplé».

Le 23 mars, l’unicité se fera sans nous. Avec notre Confédération, nous continuons à défendre les revendications précises :
  • OUI , 40 ans de cotisations, c’est déjà trop !
  • OUI, le retour aux 37,5 est possible. C’est une question de rapport de forces. C’est en ouvrant des perspectives aux salariés que nous pourrons créer un rapport de forces favorable. C’est pourquoi, nous devons préserver notre liberté de comportement.

Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique