InFOrmation syndicale

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24 mars 2010

AIRBUS LOW COST


Alors que la navale est menacée de disparition pure et simple si l'Etat n'en devient pas l'actionnaire majoritaire, alors qu'à l'Est du département la métallurgie est en pleine crise de Châteaubriant à Ancenis, voilà que dorénavant l'activité économique et l'emploi commencent sérieusement à battre de l'aile dans un autre secteur-clé de l'industrie locale : l'aérospatiale. Non pour cause, à l'inverse de STX ou de Manitou, de carnets de commandes dégarnis.... Mais pour cause d'externalisation de pans entiers de la production vers les pays à main d'oeuvre "low-cost." Explication des responsables FO d'Airbus-Bouguenais et de ceux des entreprises sous-traitantes de l'avionneur, qui donnaient à Nantes une conférence de presse le 24 février dernier.

"Airbus : des commandes mais FO inquiet", titrait l'édition de Ouest-France du 25 février, en mettant en exergue, en introduction de son article, le paradoxe de la situation :
«3 470 avions à fabriquer, c'est sept ans de travail pour l'avionneur. Il n'empêche, le syndicat dénonce la politique «low-cost» de la direction : (...) On est en train de perdre notre cœur de métier».Il faut dire que l'effeuillage de l'artichaut a bel et bien commencé, avec son inquiétant cortège de fabrications d'ores et déjà arrêtées pour certaines, pour d'autres potentiellement menacées à plus ou moins long terme... voire à échéance seulement de quelques mois.

Michel Pontoizeau et Didier Vuillemenot : "Airbus fragilisé"

Dénonçant la tendance à l'externalisation des tâches par souci "d'abaissement des coûts", Didier Vuillemenot, délégué syndical à Airbus-Nantes, pointe la source du problème : "Notre unité métallique fabriquait 160 pièces. Près de 140 vont être données à la sous-traitance, dont Aérolia qui délocalise en Tunisie" (cité par Ouest-France).

Et le secrétaire des sections FO d'Airbus-Bouguenais, Michel Pontoizeau, d'ajouter à l'externalisation/sous-traitance (qui, dit-il, se traduit par "la baisse constante des effectifs, avec notamment le non-remplacement des départs en retraite"), deux autres graves menaces qui hypothèquent l'avenir industriel du site nantais d'Airbus :

- le transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique (qui jouxte l'usine Airbus de Bouguenais) à Notre-Dame-des-Landes : "Airbus va en être fragilisé. Les tronçons sont embarqués par Belugua. Si la piste n'est plus là, comment fait-on ? Une chose est sûre : les coûts logistiques seront augmentés" (cité par Presse-Océan) (...) "Airbus ne peut pas financer, seul, la gestion de cette piste. Le site nantais serait le seul du groupe Airbus à ne pas avoir d'aéroport à proximité". (cité par Ouest-France).

Alors, l'alternative de la voie fluviale ? "Une barge consomme 1 200 litres de fuel pour rallier Saint-Nazaire". "Pas vraiment rentable, ni très écologique, bonjour la taxe carbone...", fait observer le secrétaire de la section FO.

- l'autre "coup de gueule de Michel Pontoizeau" (cf. Ouest-France) : "Technocampus, centre de recherche pour les composites inauguré en septembre dernier, et financé à trois quarts par des fonds publics, dont les collectivités locales et territoriales" : "Les recherches en matière de composites développées au sein de ce pôle nantais sont utilisées par les sites espagnols et allemands d'Airbus, et trop rarement chez nous. C'est une dérive inquiétante

Les sous-traitants (Jallais à Nantes/Ste-Luce, Daher à St-Nazaire) dans l'oeil du cyclone

Comme partout où l'heure est aux coupes claires dans les effectifs pour cause d'externalisation des productions vers les pays low cost, ce sont les salariés des boîtes locales sous-traitantes, qui, les premiers, se retrouvent jetés sur le pavé. Et déjà chez Jallais en région nantaise et chez Daher à Saint-Nazaire, les mauvaises nouvelles valent annonces potentielles de plans de licenciements prêts à sortir des tiroirs.

Jallais : Après les intérimaires, les CDI sur le carreau
Jallais, entreprise dont 70% de l'activité provient des marchés sous-traités par Airbus, comptait 70 intérimaires en 2009. En 2010, on est passé à ... zéro intérimaire, alors que 3 cadres ainsi que 2 ETAM ont fait l'objet d'un licenciement économique.
Jallais est principalement chargée de l'usinage de certaines pièces du "tronçon central" des Airbus. Or, déclare Laurent Pelloquin, délégué syndical FO chez Jallais : " Lors d'un CE extraordinaire, nous avons appris qu'une chaîne de production, celle des "raidisseurs", allait être supprimée.
Avec pour conséquence, si l'activité ne reprend pas, un plan social de 15 personnes (chaudronniers, ajusteurs...) "
Pourquoi ? Tout simplement, explique Laurent Pelloquin, parce que "la sous-traitance de la fabrication des raidisseurs est passée de Jallais à Aérolia. Et je veux préciser, au sujet d'Aérolia, que c'est une plaque-tournante de l'externalisation vers les pays low-cost, Tunisie essentiellement.
Cela même si, à ce stade tout au moins, la ligne de fabrication Aérolia des raidisseurs doit demeurer dans les ateliers nazairiens de cette société".

Daher : 150 emplois sur le fil rouge
Daher est une multinationale employant 6 000 salariés en France, dont 350 sur le site de Brais, situé sur la commune de St-André-des-Eaux en périphérie nazairienne.
L'activité nazairienne de Daher, c'est pour une très large part (faudra-t-il bientôt écrire: "c'était" ?), la fabrication des "matelas d''isolation thermophonique"
(Ndlr : ces "matelas d'isolation" doivent répondre à de très strictes normes anti-feu internationales et font appel aux hautes technologies)
Or l'américain Triumph vient de rafler, au détriment de Daher, le marché des matelas thermophoniques du futur A350.
équipant les Airbus. Et ses appétits ne s'arrêtent pas là. Car, précise Bertrand Bauny, délégué syndical FO à Daher-Saint-Nazaire, "en novembre prochain, nous pourrions perdre aussi, et encore au profit de Triumph, nos contrats concernant l'A 320 et l'A 340.Avec pour conséquence si cela devait advenir : 150 emplois de plus menacés sur le bassin de Saint-Nazaire".
Le secret de la force de frappe commercialo-industrielle de Triumph ? "La délocalisation au Mexique et en Chine de ses productions", dénonce B. Bauny.
Est-ce à dire que tout est d'ores et déjà joué d'avance ? Non, car FO n'entend pas se résigner, et suivra avec une extrême vigilance l'évolution de la situation.
Et ce n'est bien sûr pas un hasard, si, dans le cortège FO à Saint-Nazaire le 3 mars dernier, les métallos de "l'aéro" et des entreprises sous-traitantes d'Airbus, se sentaient pleinement solidaires du combat de leurs camarades de la navale .