InFOrmation syndicale

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14 juillet 2012

500 MILITANTS EN MEETING AVEC J-C MAILLY POUR "BALAYER L'AUSTÉRITÉ"

Comment balayer l'austérité ? Sur tous les continents, c'est aujourd'hui la question posée et le ciment revendicatif commun de la classe ouvrière et des peuples.

La nouvelle crise du capitalisme mondial, débutée en 2007, emporte dans la tourmente les acquis historiques des peuples européens, qui entrent en résistance, alors qu'en dépit de quelques vicissitudes, l'onde de choc de la révolte tunisienne de 2010 ne faiblit pas et a depuis longtemps franchi les frontières de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

En France, voilà maintenant 30 ans que la "parenthèse" de la "rigueur", inaugurée en 1982 par le gouvernement d'union de la gauche Mauroy-Delors, loin d'être refermée, n'a au contraire jamais eu de cesse d'être aggravée par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche.
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Vidéos : MEETING DE L'UD-FO44 : COMMENT BALAYER L'AUSTÉRITÉ
- PATRICK HÉBERT Secrétaire de l'Union-Départementale FO44
- JEAN-CLAUDE MAILLY Secrétaire Général de la Confédération FO
- SERGE LEGAGNOA Fédération des Employés & Cadres FO
- OLIVIER VARNET Syndicat FO des médecins hospitaliers
- RACHÈLE BARRION Syndicat FO de l'Hôpital de St-Nazaire
- SYLVIE MOISAN Syndicat FO au CHU de Nantes
- HE YUAN CHENG Avocat défenseur des militants ouvriers en Chine

Voilà pourquoi l'UD-FO, soucieuse de prendre date, et bien avant que puisse être prévue l'issue des "présidentielles, a fortiori des "législatives", avait convié Jean-Claude Mailly à tenir meeting "contre l'austérité" le 31 mai dernier à la salle municipale des Sorinières.

Et comme tout plan d'austérité se traduirait inévitablement aujourd'hui par de nouvelles coupes claires dans la protection sociale, l'UD décida d'inviter aussi au meeting quelques-uns des responsables nationaux et locaux Force Ouvrière, qui, du fait de leurs fonctions syndicales, se trouveraient en première ligne face à "l'austérité": Serge Leganoa, secrétaire générale de la Fédération des Employés et Cadres (et à ce titre spécialiste de la protection sociale), Olivier Varnet, secrétaire général du Syndicat national des médecins hospitaliers FO, ainsi que Sylvie Moisan et Rachèle Barrion, secrétaires des syndicats hospitaliers FO de Nantes et Saint-Nazaire.
Quelque 500 militants ont participé au rassemblement organisé aux Sorinières. Ils y ont entendu des orateurs pragmatiques, mais déterminés, qui jugeront sur pièces, en syndicalistes indépendants, les décisions et choix du nouveau gouvernement.

Jean-Claude Mailly comme Patrick Hébert l'ont rappelé: conformément à sa tradition d'indépendance, FO (à l'inverse d'autres) n'a donné aucune consigne de vote en vue des scrutins présidentiel et législatif. C'est ce qui fait sa force aujourd'hui pour soumettre au nouveau gouvernement son cahier revendicatif (avec dans l'immédiat la retraite à 60 ans pour les "carrières longues" et le relèvement du SMIC), et pour lui rappeler ce qu'elle considérerait comme autant de casus-belli : une constitutionnalisation corporatiste du "dialogue social", l'adoption de la "règle d'or" prévue par le TSGS, ou encore une réforme "systémique" instituant la retraite à points.
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Extraits de l'intervention de Jean-Claude Mailly

" (...) Il y a un lien entre la situation de l'hôpital et celle de l'assurance maladie. Mais au-delà il y a aussi un lien, le même au fond, car c'est la même démarche avec des budgets serrés, entre la RGPP, la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires, et les Conventions d'objectifs et de gestion à la Sécurité Sociale.

Il faut en avoir conscience, et cela va être déterminant dans les semaines à venir : tout cela n'est pas dû au hasard. C'est le fruit de la crise profonde du capitalisme survenue en 2007, et qui est loin d'être terminée. Sortir de cette crise suppose une rupture au niveau français comme européen et aussi international.

Une rupture avec la logique mise en oeuvre dans les années 80 fondée, concernant l'Union européenne, sur la libre concurrence, la liberté de circulation des capitaux et des marchandises, sans règles sociales et fiscales minimales.

La Commission européenne qui n'en rate pas une vient hier, concernant la France (et avec des recommandations similaires pour les autres pays), de déclarer qu'il y avait lieu de maintenir la TVA sociale et de poursuivre l'allongement de la durée de cotisations-retraite, et aussi bien sûr d'accélérer la réduction des déficits. Ce qui signifie clairement que la Commission entend bien poursuivre une politique économique nous conduisant dans le mur.

A FO nous avons toujours été internationalistes et européens, mais nous contestons la manière dont l'Europe se construit depuis une bonne vingtaine d'années.

(...) Par delà les carrières longues, le SMIC et autres questions d'actualité, qu'est-que qui va être déterminant dans les quelques semaines à venir? Savoir s'il va y avoir ou non révision, donc renégociation des traités européens, étant donné que pour FO il ne saurait être question de se satisfaire d'un "complément croissance" aux traités d'austérité.

(... La question de la renégociation des traités européens...) ne se limite pas aux deux dont on parle actuellement (MES et TSCG), mais (vaut aussi) pour le traité de Maastricht, qui interdit (aux banques centrales et à la BCE) de prêter directement aux Etats. Alors on n'a qu'à modifier le traité de Maastricht. Jusque dans les années 1970, lorsque l'Etat avait besoin d'argent, il empruntait à sa Banque centrale, taux d'intérêt zéro. Depuis en France comme ailleurs, c'est interdit, et les taux d'intérêt, ça peut monter jusqu'à 5, à 8 voire 9%.

(...) Il y a un sommet européen à la fin du mois de juin. On verra ce qui s'y passe. Si c'est pour nous coller un petit volet croissance sans modification des traités, on en verra les conséquences tout de suite, chez nous comme dans les autres pays ; et ça voudra dire que le gouvernement ne se donne pas les marges nécessaires pour répondre à la préservation des droits sociaux, du service public, etc.

(...) Et, je l'ai redit au gouvernement, si le Traité de stabilité et de gouvernance reste en l'état et est soumis à référendum, FO appellera à voter NON.

(...) La Grande-Bretagne disposait jusque dans les années 80 d'un excellent système de protection sociale, mais financé par l'impôt. C'est ce mode de financement qui a permis à Mme Tatcher de pulvériser la protection sociale en quelques années. En France, 65% du financement repose encore sur les cotisations. Un socle à défendre pour éviter que notre protection sociale subisse un jour, en cette période de crise où tout est lié, un sort comparable si l'on accélérait sa fiscalisation, que ce soit par la TVA ou la CSG.

Le patronat pousse bien sûr à cette fiscalisation, afin de reporter sur le contribuable une partie toujours plus grande des cotisations sociales acquittées au titre du salaire différé. C'est donc bien tout l'avenir de notre protection sociale qui est en jeu aujourd'hui.

Je le répète, salaires, emplois, protection sociale, services publics, etc. tout est lié, et subordonné, en grande partie, aux engagements que prendra le gouvernement au sommet européen de la fin juin.

C'est pourquoi, nous, à FO, on va continuer à pousser, à revendiquer, bref plus que jamais à demeurer ce que nous sommes : des syndicalistes libres et indépendants.


Interview "d'actualisation"
- L'Ouest Syndicaliste : Lors du meeting aux Sorinières le 31 mai, tu avais listé un certain nombre de dossiers et revendications dont FO demandait au tout nouveau gouvernement la prise en compte sans tarder.
Avec deux questions cruciales exigeant une solution rapide : le retour aux "60 ans" pour les "carrières longues", et un relèvement significatif du SMIC.
Depuis, le gouvernement a levé le voile sur ses projets. Mais visiblement le compte paraît ne pas y être pour FO. Tant pour les carrières longues, que le SMIC...
- J.C. Mailly : J'ai lu dans L'Ouest Syndicaliste que Philippe Pihet, notre secrétaire confédéral en charge du dossier "retraites", qui représentait la confédération à l'occasion du meeting du 1er mai de votre Union Départementale, vous avait, à juste raison, alerté sur le projet du nouveau Président de la République, concernant les "carrières longues", de ne ramener à 60 ans l'âge légal de départ à la retraite que pour celles et ceux comptant le nombre de trimestres "cotisés" et non "validés" requis.
Une nuance loin d'être sibylline, puisqu'en excluant du dispositif les trimestres "validés" non "cotisés", toutes celles et ceux ayant eu des carrières incomplètes à cause de périodes de chômage, de congé parental ou de longue maladie ne pourraient dès lors prétendre à la retraite à 60 ans.
En soulevant la première les conséquences de cette disparité entre trimestres "cotisés" et trimestres "validés", FO a contraint le gouvernement à assouplir, mais trop marginalement, son projet de décret rendu public le 14 juin dernier: aux trimestres "cotisés" pourront désormais être ajoutés 2 trimestres "validés" au titre de la maternité et 2 autres au titre du chômage. C'est un pas dans le bon sens, mais un bien petit pas. D'où l'expression que j'ai employée de "décret à l'eau tiède".Concernant le SMIC, la position de FO est connue : nous voulons qu'il soit porté par paliers à 80% du salaire médian, soit 11340 euros net, avec une première augmentation significative de l'ordre de 5%. Mais le ministre du Travail et du Dialogue social, Michel Sapin, a exclu tout "saut" sur le Smic, arguant de la nécessité de ne pas fragiliser les petites et moyennes entreprises.
- L'OS : Les 9 et 10 juillet prochains, patronat et gouvernement se retrouveront pour une "conférence sociale" censée mettre sur rails une nouvelle donne sur l'emploi, l'avenir des retraites et de la protection sociale, des services publics et de la fonction publique, etc.
D'ores et déjà plusieurs sujets "coincent". Que peut-ton dire aujourd'hui des positions que FO sera amenée à y développer ?
- J.C. Mailly : Concernant les projets annoncés d'instauration de nouvelles normes du "dialogue social", FO est d'autant plus opposée à la définition d'un agenda quinquennal que, compte tenu de la crise économique actuelle, la situation peut changer du tout au tout en l'espace de quelques semaines.
Et parce qu'on ne peut être à la fois gouvernants et gouvernés, FO rappellera avec force son opposition à toute "consitutionnalisation" de la "démocratie sociale".
J'ai exposé au meeting du 31 mai aux Sorinières ce qu'était notre conception concernant le financement de la protection sociale.
Concernant plus particulièrement les retraites, j'ai déclaré dans une récente interview à AEF que "j'avais un mandat pour un retour à la retraite à 60 ans et le retour progressif aux 37,5 annuités avec un premier palier à 40 ans". En matière de politique industrielle, j'ai rappelé dans cette interview nos positions en faveur d'une banque publique d'investissement, et déclaré, "prenant l'exemple de STX", que "l'Etat pourrait entrer au capital pour impulser une stratégie"

Extraits de l'intervention de Patrick Hébert

" Il est temps, largement temps, que la spirale des contre-réformes et de l'austérité s'arrête. Les choses n'ont cessé de s'accélérer depuis 30 ans, depuis le fameux et funeste "tournant de la rigueur" imposé en 1982 par Jacques Delors. Il n'est pas anodin de rappeler qu'alors le gouvernement d'union de la gauche était confronté à un choix qui le divisait : sortir ou non du "serpent monétaire" européen. "L'européiste "Delors l'emporta, la France demeura dans le serpent monétaire, et ce fut, pour reprendre l'expression de Jospin la "parenthèse" de la "rigueur". Alors 30 ans après, donnons nous les moyens d'en imposer enfin la fermeture pour stopper la course à la catastrophe sociale.

Ces 6 derniers mois, pas moins de 8 gouvernements, dont celui de Sarkozy-Fillon sont tombés, balayés par le suffrage universel. Dans le même temps, en Grèce, en Espagne, en Grande-Bretagne, etc., des grèves massives, voire générales, se multiplient contre les plans de rigueur imposés par la Troïka.

En France, nous avons désormais un nouveau gouvernement. A l'inverse notamment de la CGT, nous n'avions pas appelé à faire élire tel ou tel à l'Elysée, mais rappelé avant et pendant la campagne présidentielle quelles étaient nos revendications, ce qui nous rend d'autant plus forts et crédibles aujourd'hui pour en exiger la satisfaction, car nous n'avons pas aliéné notre liberté de syndicalistes indépendants.

Au contraire la CGT aujourd'hui s'enfonce dans une crise profonde, qui, par delà les péripéties successorales de Bernard Thibault, sanctionne des années et de politique d'accompagnement des contre-réformes impulsées par l'Union européenne, ce en osmose avec Chérèque. Le facteur déclenchant de la lézarde fut la couverture en 2003 par les dirigeants de la centrale de Montreuil d'une CFDT trahissant sans vergogne les travailleurs lors de la "première" réforme Fillon des retraites. Deux ans plus tard, en 2005, devenu défenseur du traité constitutionnel européen, il était mis en minorité par le CCN de la CGT.

Aujourd'hui FO est seule à enfoncer clairement le clou contre une "réforme systémique" des retraites, seule à déclarer qu'elle appellerait à voter non à un référendum portant sur le TSCG, et cette clarté fait sa différence avec l'unicité CGT-CFDT.

Jean-Claude Mailly vient d'ailleurs de préciser à cette tribune que notre contestation des traités européens porte sur les deux plus récents (le MES et le TSCG), mais aussi sur la logique et des dispositifs-clé de ceux ratifiés au cours des décennies précédentes, dont celui de Maastricht. Ce qui me donne l'occasion de rappeler que voilà tout juste 20 ans, l'UD-FO 44, à l'occasion de son congrès de 1992, qui s'était tenu à Ancenis, avait adopté une résolution appelant les travailleurs à voter NON au référendum de ratification dudit traité.

30 ans après le gouvernement Mauroy, celui de Jean-Marc Ayrault devra dans les prochaines semaines opérer un choix crucial : refermer enfin ou non la "parenthèse" trentenaire de la rigueur. Je serai le premier à applaudir si telle devait être la voie choisie.

Mais compte tenu du contexte européen, compte tenu aussi par exemple de l'écho que trouvent auprès du Président de la Cour des comptes, le socialiste Didier Migault, les ukases de Bruxelles, je ne suis pas sans craindre que le nouveau gouvernement finisse par chausser les bottes de ses prédécesseurs et se soumette à la "dictature de la dette". Auquel cas il nous faudra montrer de quel bois nous nous chauffons, et c'est pourquoi dès maintenant il nous faut travailler à la création du rapport de forces.

Le calendrier fait que la décantation devrait se faire rapidement : décisions sur les "carrières longues" et le SMIC, sommet européen de juin, conférence sociale de juillet, etc. Je me félicite donc de la convocation extraordinaire de notre CE confédérale dès septembre pour juger sur pièces et tirer les conclusions qui s'imposeront.


Serge Legagnoa (Fédération des Employés et Cadres)

" La solidarité ouvrière a été une longue construction, commencée bien avant la révolution de 1789. Elle a connu son apogée avec l'ordonnance du 4 octobre 1945.

L'article 1 de cette ordonnance stipulait : " Il est instituée une organisation de sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leurs capacités de gains, et à couvrir les charges de maternité et de famille qu'ils supportent".

FO prit une part décisive dans la construction de la sécurité sociale, puis avec l'UNEDIC à partir de 1958 de l'assurance-chômage. (...) Nous avons voulu que le financement de la protection sociale soit assis sur les cotisations et non l'impôt. Pourquoi ? Tout simplement pour que les institutions mises en place, fondées sur le salaire différé, soient et restent la propriété des travailleurs, et que leurs ressources financières échappent au budget de l'Etat.

Les offensives patronales et politiques contre la sécu ont commencé très tôt. Mais elles se sont particulièrement aggravées et accélérées depuis une trentaine d'années. La fiscalisation de la protection sociale en a été le Cheval de Troie, d'une part pour mettre à la charge du contribuable une part croissante du salaire différé (et soi-disant rendre ainsi les entreprise plus compétitives), d'autre part pour que l'Etat et le Parlement en prennent le contrôle. En quelques années, la part des cotisations dans le financement a régressé, au profit de l'impôt, de 80 à 64%. Et aujourd'hui nous arrivons à un nouveau tournant : sous des emballages différents, les propositions d'un recours accru à la CSG, comme celles d'institution d'une TVA sociale, préparent de nouveaux glissements des cotisations vers l'impôt et des réductions du "coût du travail" pour les employeurs.

(...) Mais au-delà, c'est carrément la privatisation galopante de la protection sociale qui est visée. Les coûts de la protection sociale sont intégrés aux comptes publics par l'Union européenne dans le calcul des déficits budgétaires et de l''endettement des Etats. La Commission de Bruxelles, la BCE et le FMI exercent de fortes pressions pour remette en cause les acquis de la protection sociale collective et, par ricochet, développer les solutions assurancielles privées. Le 24 avril dernier, Les Echos relevaient qu'une nouvelle variable affolait le FMI : "le risque de longévité" ! On est là à l'exact opposé des principes de l'ordonnance précitée de 1945.



Olivier Varnet (Médecins hospitaliers FO)

" La mise en oeuvre de la loi Bachelot ("Hôpital patients, santé et territoires") de 2009 a dramatiquement réduit les moyens à la disposition des équipes hospitalières pour soigner les patients comme ils auraient droit de l'être.

Dans de nombreux services apparaît une distorsion entre ce qui devrait être fait dans l'intérêt du malade et les choix auxquels contraignent les restrictions comptables.

Hier, la direction de mon hôpital a reproché à un chef de service un nombre excessif d'heures supplémentaires effectuées par les médecins. Il a été question de tri entre les malades à opérer en temps et en heure... et les sacrifiés à inscrire en file d'attente.

Aux urgences du même hôpital, là encore on retrouve la chasse aux heures sup' médicales. Il a donc été demandé au chef de service des urgences de retirer un médecin de garde entre 21 heures et minuit, pour rester dans le cadre des crédits accordés au service, dans la cadre de l'enveloppe fermée, dans le cadre de l'Objectif national des dépenses d'assurance-maladie.

Autre exemple : à Briançon, le plan régional de santé prévoit purement et simplement la suppression d'un service de réanimation.

Cette politique provoque un rejet et même une colère qui va croissant chez les médecins hospitaliers. Ils entendent aujourd'hui continuer à soigner les patients en fonction des seuls intérêts de ces derniers, hors de toute considération économique comptable. Mais le serment d'Hippocrate et le principe des enveloppes fermées sont incompatibles.

Le Syndicat des médecins hospitaliers Force Ouvrière, le seul qui soit confédéré, se bat aujourd'hui, au travers de la défense du statut, pour le maintien d'un service public hospitalier de qualité disposant des moyens nécessaires à la prise en charge des patients.

Un nouveau gouvernement est en place. Pour l'heure nous n'avons enregistré aucune traduction concrète d'un éventuel changement de cap. Le gouvernement devra en tout cas dans les prochaines semaines choisir entre la perduration ou la rupture avec l'asphyxie comptable de l'Hôpital.

Quoi qu'il en soit, notre syndicat, en liaison avec la Fédération FO des services publics et de santé et avec la Confédération continuera de mener la bataille sur le terrain. Comme à Gonesse l'an passé, où la mobilisation a contraint l'Agence régionale de santé à renoncer à la fermeture d'une unité de cardiologie.


Rachèle Barrion (Hospitaliers FO nazairiens)

" Cité Sanitaire": Les mots ont un sens. L'Hôpital de Saint-Nazaire ne s'appelle plus "l'Hôpital". C'est la traduction d'un "Partenariat Public-Privé" qui nous lie à la Mutualité, à qui les activités les plus rentables financièrement ont été généreusement concédées.

"Composante" publique de cette cité sanitaire, nous ne serons pas propriétaires de nos murs. Dans le cadre d'un bail emphytéotique, nous serons, avec la Mutualité, locataires du promoteur Effage, à qui, 35 ans durant, un loyer annuel de 20 millions d'euros sera versé, auxquel viendront s'ajouter 7 millions de frais de maintenance.

Un rapide calcul du montant cumulé des loyers sur 35 ans montre que nous devrions ainsi verser aux alentours de 945 millions d'euros à notre "propriétaire", alors que le coût de départ de la Cité sanitaire était estimé à un investissement de l'ordre de 280 à 300 millions d'euros. En clair, avec le bail emphytéotique, l'opération coûtera entre 3 ou 4 fois le montant d'un financement simple. Je rappelle qu'il y a encore une vingtaine d'années, c'est la sécurité sociale qui finançait les constructions hospitalières. Mais les contre-réformes inspirées de la gouvernance européenne ont introduit les banques (et leurs taux d'intérêt) dans le financement des infrastructures hospitalières. Le parallèle avec l'obligation faite aux Etats d'en passer par les marchés financiers pour emprunter, alors qu'auparavant ils empruntaient à taux zéro auprès de leurs banques centrales est évident. Notre syndicat demande à l'Etat de mettre un terme au bail emphytéotique en procédant à son rachat. "


Sylvie Moisan (Hospitaliers FO nantais)

" En 2008, un "déficit" prétendu de 35 millions d'euros a été découvert au CHU de Nantes. Cela a été le prétexte à la suppression de quelque 400 emplois ... sans baisse d'activité.

Puis en 2009, le CREF (Contrat de retour à l'équilibre financier) a eu pour cible les "acquis locaux" des personnels. L'année suivante, en 2010, ce fut la "mise à plat" des effectifs, en clair le partage de la pénurie des moyens en personnels en fonction des charges de travail.

Dans ce contexte particulièrement difficile, FO a mené et gagné une bataille essentielle : le maintien des déroulements de carrière.

Au cours des quatre dernières années, l'activité du CHU a crû de 15 à 20%, alors que les effectifs sont quasi identiques et que le nombre de jours d’arrêts maladie ordinaire est en continuelle augmentation (+ 10 % depuis 2008). Les remplacements ne sont assurés qu'à hauteur de 65%

Les médecins du travail en viennent d'ailleurs à tirer la sonnette d'alarme sur l'épuisement des personnels.

Fait significatif : le budget du personnel est passé de 68 à tout juste un peu plus de 60% des dépenses. Et quand des postes ont été créés, à chaque fois il a fallu faire grève pour les arracher. Ainsi, en décembre 2011, après un mois de grève, les personnels des blocs opératoires ont obtenu la création de 13 postes supplémentaires.

Cette dégradation généralisée de la situation se solde par une nouvelle conséquence : le CHU ne parvient plus à recruter les personnels dont il a besoin, et des postes restent vacants.