(Extraits du communiqué confédéral du 25-10-2012)
+ Com FO44: SOUTIEN AUX SALARIÉS GRECS, PORTUGAIS ET ESPAGNOLS
" (...) Force Ouvrière entend marquer sa solidarité avec les syndicats et travailleurs espagnols, grecs et portugais qui seront dans l’action le 14 novembre 2012.
À cette occasion, FO rappelle son opposition au TSCG -question qui ne peut être évacuée- et au rôle économiquement et socialement destructeur de la Troïka.
C’est en combattant les politiques économiques d’austérité et de remise en cause des droits sociaux qu’une sortie de crise est possible : elle suppose une rupture dans les modalités de la construction européenne et leur impact dans chacun des pays où le dumping fiscal et social tient lieu de modèle de compétitivité.
En France, Force Ouvrière rappelle son opposition à ce que d’aucuns appellent un «choc de compétitivité» et la nécessité de préserver les droits sociaux et les services publics républicains, ainsi que l’urgence de l’augmentation du pouvoir d’achat des salaires.
N’entendant pas émollier ses positions, c’est sur ces bases que FO soutiendra les salariés espagnols, grecs et portugais sous des formes diverses en fonction du contexte local. C’est dans cet esprit que Force Ouvrière enverra un observateur à la réunion, demain, des syndicats. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.
FO tiendra un meeting national à Paris, début 2013, pour défendre les intérêts des travailleurs actifs, chômeurs et retraités. (...)"
Les précisions de la circulaire confédérale du 29-10-2012
"Le 14 novembre 2012, en Espagne, en Grèce et au Portugal, les travailleurs seront à nouveau dans l’action contre les plans d’austérité successifs imposés par leurs gouvernements et la troïka.
La CES appelle ses organisations à marquer leur solidarité. Lors du comité exécutif de la CES des 17 et 18 octobre à Bruxelles, la CFDT s’est opposée à ce que la déclaration de la CES rappelle l’opposition de celle-ci au TSCG. Le désaccord FO/CFDT est ainsi apparu au sein de la CES. Sa déclaration ne mentionne plus cette opposition.
Le dossier n’est pas anodin. La logique du pacte budgétaire (TSCG) est une logique d’austérité qui entraîne en particulier une situation que l’on peut qualifier de dangereuse socialement, économiquement et démocratiquement. Sur des questions aussi importantes, il est essentiel que nous conservions intactes nos revendications. Dans ces conditions, nous ne sommes pas signataires de l’appel de 5 organisations françaises (CGT – CFDT – Unsa – Solidaires et FSU) à organiser le 14 novembre des actions ou à des appels «partout en France à manifester selon des modalités» diverses. A cette réunion, nous avons envoyé un observateur.
Pour autant, nous sommes bien entendu pleinement solidaires de nos camarades espagnols, grecs et portugais comme le rappelle le communiqué que nous avons rédigé avant la réunion des syndicats français. (..) "
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Déclaration des UD-FO de Bretagne et Pays-de-la-Loire du 29-10-2012: http://www.fo44.org/2012/11/communique-de-soutien-aux-salaries.html
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Quand la Cinquième colonne soutient les travailleurs grecs, espagnols et portugais avec deux cordes à soutenir les pendus : le Traité de Lisbonne et le TSCG
Sous la pression générale de la lutte de classes en Europe et de certaines de ses organisations affiliées (ainsi en France FO, en Allemagne le DGB, etc.), la Confédération européenne des syndicats avait dû prendre position contre le TSCG.
L'Ouest Syndicaliste avait d'ailleurs pris acte de cet événement susceptible de modifier la donne syndicale en Europe. Cela pouvait constituer en effet un point d'appui pour le syndicalisme indépendant, quand bien même la CFDTiste patronne de la CES, Bernadette Ségol, avait dû manger son chapeau (voire son chapelet) et se faire violence en s'affichant hostile au TSCG.
Mais chassez le naturel, il revient au galop à la première occasion.
Le 3 octobre dernier, la CGTP lance un appel à la grève générale au Portugal pour le 14 novembre prochain. L'idée de transformer la grève portugaise en grève "ibérique" a tôt fait de faire son chemin en Espagne, et finalement les deux confédérations espagnoles (UGT et CCOO) décident également d'un appel conjoint à la grève générale le 14 novembre. Qui plus est, les grecs aussi sont dans les starting-blocs: ils avanceront d'ailleurs la grève générale aux 6 et 7 novembre, pour cause de convocation de leur Parlement aux fins d'adoption de nouvelles mesures d'austérité demandées par la Troïka.
Du coup le comité exécutif de la CES, réuni le 17 octobre dernier, sent passer le vent du boulet : c'est l'internationalisation de la grève générale dans l'Europe du Sud qui est en marche, avec risques potentiels d'extension aux autres pays socialement dévastés (ou sur le point de l'être) par les plans de rigueur.
Le contre-feu des euro-subsidiaires
A l'instar de Pétain, qui avait eu l'intuition d'inventer la "Fête du travail" pour tenter d'étouffer la portée internationale du Premier mai, nos Chérèque européens, les "Subsidiaires, nous voilà!" ont donc mis en place un contre-feu destiné à "contenir les risques" de l'onde de choc du 14 novembre ibériquo-grec: un 14 novembre version CES, garanti "eurocompatible" à souhait.
Circonscrire les grèves nationales aux trois pays méditerranéens
... et enrégimenter le syndicalisme européen dans la caserne totalitaire des "traités"
FO-Hebdo du 29 octobre dernier rapporte : " La déclaration (de la CES concernant le 14 novembre) a été adoptée lors de la réunion du comité exécutif du 17 octobre, au cours de laquelle Force Ouvrière –représentée par Jean-Claude Mailly et Andrée Thomas– a défendu l’idée d’une réponse du mouvement syndical européen qui soit à la hauteur de la situation et qui se traduise par des appels à la grève partout où cela sera possible. Une démarche reprise timidement par la résolution adoptée durant la réunion, qui précise: «Cette journée prendra diverses formes: grèves, manifestations, rassemblements et autres actions.»
Pas d'empressement donc à la grève franche là où les conditions pourraient être objectivement réunies. Et encore moins d'empressement des dirigeants de la CES à perdurer dans leur prétendue opposition au TSCG : visiblement ils ont été soulagés de pouvoir prétexter de la demande de Chérèque en ce sens, pour jeter par dessus bord toute condamnation explicite du TSCG.
Par contre, quel empressement de la part des commissaires européens du syndicat de Bruxelles, à faire euro-pétitionner ou euro-processionner pour les traités de l'UE, dont celui annoncé pour un futur proche, et messianiquement attendu, qui doit pousser plus avant, au profit de la "gouvernance" économico-monétaire européenne, la mise à mort des souveraineté nationales et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes !
La CES utilise une bien lénifiante terminologie pour caractériser la dictature de l'UE, de la BCE et du FMI. Nous aurions affaire, selon le nouveau vocable consacré, à des "erreurs". Ainsi les étourdis du FMI ont-ils fait des boulettes dans leurs calculs : "En effet, le FMI reconnaît aujourd'hui qu'il a fait de graves erreurs dans ses calculs concernant les conséquences des mesures d'austérité sur la croissance. Ces erreurs ont un impact incalculable sur la vie quotidienne des citoyens".
Mais surtout, si les choses vont mal, c'est la faute à pas assez de supranationalité européenne.
Donc il faut mettre les bouchées doubles en direction de "l'euro-gouvernance" : "Ces situations résultent du manque de coordination des politiques économiques et de l'absence de standards sociaux.
(...) Par le Traité (de Lisbonne), l'UE est tenue d'oeuvrer pour le développement durable (...) fondé sur une économie sociale de marché hautement compétitive. (...). Le soutien de la CES au Traité de Lisbonne était basé (...) sur ces principes. (...) La CES considère essentiel qu'un protocole de progrès social soit partie intégrante de tout nouveau traité, et évaluera sur cette base tout progrès de l'intégration européenne".
La fumisterie et le piège du "contrat social pour l'Europe"
L'intitulé exact de l'appel de la CES au 14 novembre est "journée d'action et de solidarité de la CES pour un contrat social pour l'Europe". La terminologie mérite qu'on s'y arrête, car sous couvert de "contrat social" ou de "protocole de progrès social partie intégrante à tout nouveau traité"... c'est bel et bien précisément pour ce futur traité européen appelé à prendre le relais de celui de Lisbonne et à corseter davantage les peuples au profit de l'UE, que la CES entend nous mobiliser le 14 novembre, la "solidarité" avec les espagnols, les portugais et les grecs étant du coup ramenée au rang de faux prétexte.
C'est là une dimension du 14 novembre version CES à laquelle il nous faut prendre garde, car il y a danger. La CES a adopté le 6 juin 2012 une résolution dite "contrat social pour l'Europe" dont la conclusion est des plus inquiétantes : "Nous faisons appel aux organisations patronales européennes, aux institutions de l'UE, aux gouvernements nationaux et aux organisations sympathisantes pour engager le débat sur l'initiative de la CES pour un contrat social pour l'Europe".
Un chambardement, ô combien lourd, de casse sociale en perspective ! ... D'autant que pour évangile de reconstruction d'un nouvel ordre européen, appel est fait, avec insistance, "à l'esprit de la Charte des droits fondamentaux annexée au traité de Lisbonne" !
Or, derrière la connotation sympathique de son appellation, cette "Charte" est une arme de guerre à la fois contre les conquêtes sociales et les libertés. Nos lecteurs pourront sur ce point, qu'il serait trop long de développer ici... Nous nous limiterons en conséquence à citer l'appréciation qu'Emilio Gabaglio, l'ex-secrétaire de la CES, portait lui-même sur la fameuse "Charte" lors de sa rédaction : "En matière sociale, les régressions sont très nettes par rapport à plusieurs législations nationales et même à plusieurs conventions de l'OIT".
Cerise sur le gâteau : le "contrat social pour l'Europe", dont la CES entend faire la pierre angulaire de "son" 14 novembre, est aussi un acte de foi dans le corporatisme : "La participation effective des partenaires sociaux dans la gouvernance économique européenne et les plans nationaux de réforme est indispensable dès le stade du diagnostic" !
Le testament/feuille de route de Bernard Thibault
En France, la CGT, la CFDT, l'UNSA, mais aussi la FSU et Solidaires, ont ficelé un appel national au 14 novembre dont Bernadette Ségnol aurait pu être la rédactrice: pas un mot sur le TSCG, aucune condamnation explicite de la politique d'austérité de l'actuel gouvernement, mais la revendication des "valeurs de la Charte des droits fondamentaux", d'une "coordination des politiques économiques", et d'un "contrat social européen".
Une manière pour Thibault de signifier son testament syndical à l'heure où il s'apprête à laisser la place au successeur qu'il s'est choisi: la feuille de route CGT, face à l'euro-austérité Hollande, doit rester, envers et contre tout, le pélérinage d'accompagnement des contre-réformes, au côté et sur la ligne de la réactionnaire CFDT.
Le "14 novembre" de Force Ouvrière sera à l'inverse l'occasion de rappeler la nécessité d'une action syndicale indépendante en Europe, car, comme l'a déclaré J.C. Mailly : "pour soutenir les travailleurs espagnols, grecs ou portugais, il ne faut pas hésiter à combattre les pactes budgétaires. Ne pas le faire, c'est être complices de l'austérité".