Le 17 décembre 2010, le suicide de Tarek Bouazizi à Sidi Bouzid marque le début d’un processus qui va déboucher sur la chute de Ben Ali en Tunisie, et en Egypte sur celle de Moubarak.
Tout juste deux ans plus tard, les mêmes causes produisent les mêmes effets, les travailleurs tunisiens et égyptiens sont à nouveau partis au combat.
Ils se battent pour défendre leurs conditions d’existence dans un contexte où, dans le monde entier, la crise du système capitaliste jette des milliers de salariés dans la misère et les poussent parfois au suicide.
Comme toujours, les gouvernements, incapables de répondre aux revendications, tentent de les étouffer en utilisant la répression.
En Tunisie, comme en Egypte, le pouvoir utilise la violence.Les agressions contre les locaux de l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) par une milice à la solde du pouvoir, comme la tentative du Président égyptien de modifier la constitution pour rétablir la dictature, se heurtent à la résistance de la classe ouvrière, qui naturellement se retrouve en première ligne pour défendre les conquêtes démocratiques, conditions essentielles pour l’action syndicale.
On aurait grand tort de considérer que cette situation est propre à la seule Tunisie ou à l’Egypte. Certes, chaque pays a sa propre histoire et ses propres traditions, mais fondamentalement les travailleurs du monde entier sont confrontés à la même crise du système capitaliste.
Que ce soit en Grèce, en Espagne ou au Portugal, ce sont les mêmes processus qui sont en cours. Tous les gouvernements qui plient devant les oukases de la Troïka sont confrontés à la résistance des travailleurs. Tôt ou tard, celle-ci s’exprimera dans la rue par des manifestations, par des grèves, y compris la grève générale.
En France, le nouveau gouvernement a chaussé les bottes du précédent.
La politique de rigueur décidée sur ordre de Bruxelles commence à produire ses effets. Le chômage explose, et la pauvreté touche des catégories sociales qui, jusqu'à lors, en étaient épargnées.
Conscient et inquiet de cette situation le gouvernement tente de sauvegarder les apparences. Alors que plus de 8,5 millions de français vivent avec moins de 964 €uros par mois, il organise une «conférence de lutte contre la pauvreté». N’en doutons pas, toutes les dames patronnesses, qui ne manquent pas dans notre beau pays, fille aînée de l’Eglise, vont s’en donner à cœur joie. Ceux dont la pauvreté est le fond de commerce, ont en quelque sorte «du pain sur la planche».
Pour notre part, nous rappelons que la pauvreté n’est qu’une conséquence de la politique de rigueur institutionnalisée en 1982 par Jacques Delors.
Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si les «soupes populaires», qui avaient disparu pendant «les Trente Glorieuses», ont trouvé une nouvelle jeunesse en 1985 sous la forme des «restos du cœur».
Pour lutter réellement contre la pauvreté, il suffirait de répondre positivement à notre revendication d’augmentation générale des salaires, des pensions et des minima sociaux.
C’est simple et évident. Mais voilà : cette revendication est contradictoire à la politique d’austérité.
De la même façon, la question des nationalisations, que ce soient celles des chantiers de l’Atlantique ou d’Arcelor Mittal, n’est pas seulement d’ordre économique. C’est d’abord une question politique. Dans l’Histoire, les nationalisations ont été utilisées à des fins diverses. Par exemple, à la Libération, le Général De Gaulle s’en est servi largement pour contrer les aspirations de la classe ouvrière, dans un contexte où l’Etat avait largement failli et où une majorité du patronat s’était vautrée dans la Collaboration.
Aujourd’hui, dans un autre contexte, les nationalisations demeurent une question politique, car si le gouvernement s’y oppose, ce n’est pas en raison de considérations techniques ou financières, c’est tout simplement parce qu'elles sont contraires au dogme de «la concurrence libre et non faussée» du Traité de Maastricht. Il est probable que c’est cette question qui explique les contorsions du gouvernement sur le dossier d’Arcelor.
Mais cette impuissance d’un gouvernement prisonnier des directives de la Troïka à répondre aux aspirations de la classe ouvrière provoque la colère. Le mécontentement était latent, il commence à devenir manifeste.
D'Est en Ouest, les conflits, les grèves, se multiplient. Arcelor bien sûr, à Florange comme à Basse-Indre.
Il est inutile de multiplier les exemples, car incontestablement nous assistons à «un changement climatique». Personne n’a plus l’illusion qu’un gouvernement quelconque puisse répondre aux revendications. L’heure est à l’action. Il faut donc se préparer à des affrontements.
Comme avant toute veillée d’armes, il convient d’abord de regrouper ses propres forces.
Le 24 janvier, à l’appel de la Confédération, nous serons à Paris pour réaffirmer nos revendications et notre volonté de les faire aboutir.