La commission d’experts chargée de faire des propositions de réforme vient d’être installée. Ses conclusions, attendues pour le mois de juin, feront l’objet d’une concertation avec les interlocuteurs sociaux.
Il avait été annoncé par le gouvernement lors de la grande conférence sociale des 9 et 10 juillet derniers: le chantier de la réforme des retraites est bel et bien sur les rails. Mercredi 27 février, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a installé la commission «pour l’avenir des retraites», chargée de présenter des scénarios de réforme d’ici au mois de juin. Dans une lettre de mission remise à la conseillère d’État Yannick Moreau, qui présidera les travaux, le chef du gouvernement expose les missions de la commission d’experts: «identifier les différentes pistes de réforme permettant d’assurer l’équilibre des régimes de retraite à court, moyen et long terme et d’en renforcer la justice, l’équité et la lisibilité pour les assurés». Le groupe de travail est composé de dix membres – dont la moitié de femmes –, parmi lesquels des experts des retraites, de la protection sociale, des économistes et une sociologue spécialiste de la jeunesse, Cécile Van de Velde. Pour affiner ses recommandations, la commission va s’appuyer sur deux rapports du Conseil d’orientation des retraites, rendus publics en décembre et janvier derniers. Le premier d’entre eux, qui traitait des perspectives financières des régimes de retraite, a établi que le système restera déficitaire à l’horizon 2020 (entre 20,8 et 24,9 milliards d’euros selon les hypothèses économiques retenues) et qu’à plus long terme l’équilibre des régimes sera très lié aux hypothèses économiques – déficit de 105 milliards d’euros ou excédent de 93 milliards en 2060, c’est selon.
REVENIR À L’ÂGE LÉGAL DE 60 ANS
Le deuxième rapport, plus qualitatif, montre que le système de retraite remplit globalement ses objectifs de solidarité, mais qu’il reste complexe et que certains salariés, notamment aux carrières courtes, sont désavantagés.
Les propositions de la commission d’experts serviront de base à la concertation que le gouvernement ouvrira dans la foulée avec les interlocuteurs sociaux.
«Ce sera le moment pour nous de réaffirmer nos revendications, et en particulier que nous sommes loin d’avoir renoncé à réduire la durée de cotisation nécessaire et à revenir à l’âge légal de 60 ans pour la retraite à taux plein, indique Philippe Pihet, Secrétaire confédéral FO chargé des retraites. Nous demanderons aussi une hausse des recettes pour les régimes de retraite.»
Le Premier ministre n’a pas précisé si la réforme interviendrait avant la fin de l’année ou si elle sera remise à 2014. L’échéance de sa mise en œuvre reste donc floue, tout comme son contenu et son ampleur. Même si des ballons d’essai ont déjà été lancés dans la sphère politique, notamment sur une éventuelle désindexation des pensions par rapport à l’inflation. Et sur un sujet qui pourrait fâcher tout rouge les syndicats: un nouvel allongement de la durée de cotisation, dans la droite ligne de la loi Fillon de 2003 que FO continue de désapprouver.
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Article paru dans FO Hebdo 3065