Le Secrétaire d’Etat américain au Trésor suivi de Christine Lagarde, la patronne du FMI, et même José Manuel Barroso, Président de la Commission Européenne, souhaitent que l’Europe mette en place des mesures de relance de la croissance.
Il ne manque plus qu’Angela Merkel pour entendre entonner "La relance ! La relance ! La relance !" par tous ceux qui, hier encore, ne juraient que par la rigueur et l’austérité.
Cet accès de clairvoyance n’est évidemment pas dû au hasard, mais le reflet d’une réalité qui explose aujourd’hui au visage de tous les rigoristes de tous poils : l’austérité ajoutée à la rigueur ne fait qu’aggraver une situation économique et sociale dramatique. La situation des pays européens les plus touchés est là pour le démontrer.
L’Espagne, la Grèce, le Portugal, etc. voient leur économie sombrer de jour en jour.
Mais ce qui est probablement déterminant, c’est la situation de plus en plus critique de l’Allemagne, et plus globalement celle de l’Europe dans son ensemble, qui est entrée en récession et ce, alors que les autres continents voient leur croissance repartir de l’avant, même s’il subsiste encore Beaucoup de difficultés.
Ainsi, la consommation est en train de s’écrouler dans notre pays, mais aussi dans les autres pays européens.
S’il fallait encore chercher à convaincre de la dangerosité des mesures en cours, il suffit de se pencher sur les chiffres officiels de l’INSEE concernant le niveau de vie des Français. D’une année sur l’autre, la moyenne de ce dernier a chuté de 0,5%, et de 1,6% pour les plus pauvres, quand les plus aisés s’enrichissaient encore plus. Notre pays devient, chaque jour, un peu plus inégalitaire. Ainsi, 440 000 personnes sont venues grossir les rangs de celles vivant en-deçà du seuil de pauvreté. 2 700 000 enfants sont pauvres en France !
Un malheur n'arrivant jamais seul, les chiffres du chômage viennent de tomber. Record battu ! 3 224 600 demandeurs d'emploi en catégorie A, soit + 11,5% sur un an ! Toutes catégories confondues, ce sont plus de 5 348 000 personnes qui sont inscrites à Pôle Emploi ! Mais promis, juré, craché, l'accord de flexibilité favorisant les licenciements que le Parlement va entériner définitivement, va infléchir cette courbe ascendante !!!
En même temps, nous apprenons que les études économiques sur lesquelles ont été bâties les certitudes rigoristes et austères sont fausses !
Tout cela démontre une fois de plus la nécessité impérieuse de changer de politique économique.
N’oublions pas non plus les situations politiques délicates voire inquiétantes dans bon nombre de pays européens. En résumé, les sortants appliquant les politiques d’austérité, quelle que soit leur couleur politique, le doigt sur la couture du pantalon vis-à-vis de la troïka, sont sortis par les urnes et, en parallèle, on assiste à une montée de l’extrêmedroite et à la multiplication d'actes violents.
Alors, simple posture politique ou réelle prise de conscience des ravages de l’austérité, et donc de la nécessité d’infléchir une politique destructrice, afin de prendre de réelles mesures permettant de relancer la croissance économique, et permettre la baisse du chômage ?
Le syndrome des années 30 est évoqué par bon nombre de chroniqueurs et décideurs.
Faisons tout pour que les mêmes effets n’aient pas les mêmes conséquences.
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Serge LEGAGNOA, Secrétaire général - Fédération des Employés & Cadres FO