Entre 6 et 7 000 hospitaliers et territoriaux FO ont défilé à Paris le 4 avril à l'appel de la Fédération Force Ouvrière des Services Publics et de Santé.
Avec pour revendications : la défense du service public républicain, l'arrêt des suppressions de postes et le déblocage des salaires (augmentation de 5% de la valeur du point d'indice et 200 euros de prime au titre du rattrapage sur l'inflation depuis 2000).
Des revendications au demeurant communes sur le fond avec celles de leurs camarades et collègues de la Fonction publique d'Etat, et de même en totale harmonie avec la bataille que la Confédération mène aujourd'hui contre l'austérité et la destruction-territorialisation de la République.
++ Interview accordée à l'Ouest-Syndicaliste au retour de la manifestation par Gérard Caillon, secrétaire départemental de la fédération / ++ Extrait du reportage de l'Agence France Presse sur le rassemblement national FO, avec interview par l'AFP de Thierry Rocton, secrétaire-adjoint du syndicat Force Ouvrière de la Ville de Nantes et de Nantes-Métropole.
Lors du meeting clôturant le défilé, outre les secrétaires des branches "santé" (Didier Bernus) et "territoriaux" (Yves Kottelat) de la Fédération, Michèle Biaggi, Claude Simoneau et Hubert Raguin, apportèrent, au nom de la Confédération, de la Fédération FO des Fonctionnaires ainsi que de la FNEC-FP-FO, leur total soutien aux manifestants, soulignant ainsi la dimension plus globale et interprofessionnelle dans laquelle s'insère de fait le cahier revendicatif de la Fédération FO des Services publics et de santé.
Interview de Gérard Caillon, secrétaire départemental de la branche "Santé" de la Fédération FO des services publics
- L'Ouest-Syndicaliste : Au fil des années blanches avec gel du point d'indice, les hospitaliers subissent le même laminage du pouvoir d'achat que leurs collègues des deux autres fonctions publiques.
Mais concernant les conditions de travail, c'est sans doute la fonction publique hospitalière qui détient la palme de la dégradation extrême. En la matière, votre fédération est plus qu'inquiète des orientations de votre ministre de tutelle. Pourquoi ?
Gérard Caillon : Il en va des contre-réformes hospitalières comme des autres. De "gauche" ou de "droite", les gouvernements successifs maintiennent les dispositifs institués à leur prise de fonction. Et s'ils les "aménagent", c'est toujours pour pousser plus loin dans le sens de la remise en cause du service public et des statuts et garanties des personnels. De ce point de vue notre ministre de tutelle, Mme Touraine, marche du même pas que ses collègues Peillon et Fioraso dans l'enseignement. Elle se refuse à l'abrogation, exigée par FO et aussi la CGT, de la loi HPST (loi Bachelot). Nous n'avons de plus nulle "confiance" dans son "Pacte de confiance" (sic) dévoilé le 7 septembre 2012, et que déclinent les propositions du "rapport Couty" en vue d'une énième "réforme hospitalière". Celle-ci devrait se traduire, non par un texte d'ensemble, mais par un saucissonnage, étalé dans le temps (jusqu'à 2014), de lois, de décrets et de décisions budgétaires ponctuelles. Quand le saucisson est trop indigeste, on essaie de le faire avaler en tranches successives. La ficelle de Mme Touraine n'est pas toute neuve... et ne présage rien de bon.
La ministre entend aussi associer les syndicats à ses contre-réformes.
Là encore, c'est de bonne guerre.
Mais, indépendance syndicale oblige, notre fédération ne tombera pas dans le piège corporatiste et exercera toute sa vigilance au fur et à mesure de la gestation saucissonnée annoncée de la "réforme" Touraine.
De toute façon, cette "réforme" ne pourra bien sûr qu'avoir vocation à s'inscrire _ et à cadenasser l'hôpital _ dans la politique d'austérité que le gouvernement Hollande-Ayrault ne cesse d'aggraver pour jouer les bons élèves de la Troïka.
- L'Ouest-Syndicaliste : Quelles répercussions en attendre pour les personnels ? Entre autres en Loire-Atlantique, où, depuis des années déjà, la situation est des plus tendues ?
G. Caillon : Le gouvernement n'entend pas remettre en cause la logique comptable des enveloppes fermées, et pas davantage arrêter les restructurations et les suppressions de postes. De plus, en poursuivant la baisse des tarifs hospitaliers (T2A), il crée un manque à gagner pour les établissements, incités par ricochet à compresser leurs dépenses de personnel. Comme le déclarait récemment notre secrétaire général, Didier Bernus, "35 000 emplois sont potentiellement menacés".
D'ores et déjà cela se traduit au CHU de Nantes par une situation inédite : le simple remplacement des agents absents (pour cause de congé, maladie ou autre) est devenu une revendication majeure qui unifie les personnels. La récente pétition FO-SUD-CFTC en ce sens vient de passer le cap des mille signataires. A l'hôpital de St-Nazaire les non-remplacements des absences rendent aussi infernales les conditions de travail (... sans parler des nombreux autres problèmes).
Les dégradations des conditions d'accueil et de travail sont présentes dans tous les établissements du département.
Thierry Rocton (Municipaux nantais) interviewé par l'AFP (4 avril)
"(...) Venus de toute la France, les fonctionnaires hospitaliers et territoriaux FO ont formé un long cortège rouge et blanc, aux couleurs de leur centrale (...)
Les territoriaux FO redoutent les conséquences du futur projet de loi de décentralisation, qui va entraîner, selon eux, un recul du service public. "On nous dirige vers des statuts locaux" a affirmé Yves Kottelat, secrétaire général-adjoint de la Fédération FO des services publics.
"Ils se servent de l'intercommunalité pour supprimer des emplois", a dénoncé Thierry Rocton, employé à Nantes (Loire-Atlantique) dans le service municipal des espaces verts.
Dans la ville longtemps dirigée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le gardiennage de nuit et la fourrière ont été privatisés, le Château des Ducs de Bretagne est devenu une société d'économie mixte, et "on a des craintes pour le Musée des Beaux-Arts", énumère-t-il. Au niveau des rémunérations, la part des primes prend de plus en plus d'importance par rapport au salaire, a souligné M. Rocton.
"C'est inquiétant pour les retraites", a-t-il commenté, les primes n'étant prises en compte que partiellement pour le calcul des pensions."
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L'Ouest-Syndicaliste : http://www.fo44.org/p/louest-syndicaliste.html