A suivre : Interview de la délégation départementale mandatée au congrès fédéral -- Exit l'UNSA : ils passent à FO et s'en expliquent -- Lignes SNCF Nantes/ Sainte-Pazanne/ Pornic/ St-Gilles-Croix-de Vie : vitesse limitée à 60 kms/heure ... pour cause de coupes claires dans les personnels d'entretien
Indisponible, Jean-Claude Mailly avait enregistré un message d'encouragement à destination des congressistes, lequel ne manqua pas de recevoir les applaudissements de ces derniers.
Dans son adresse au congrès, le secrétaire général de notre confédération rappela la dureté du combat qu'ont dû mener et que continuent de mener les cheminots FO pour porter à bout de bras le syndicalisme indépendant dans le transport ferroviaire.
Lors de la scission de 1947-48 et de la proclamation de la CGT-Force Ouvrière, ils ont dû faire face à une situation de quasi-monopole à la SNCF d'une CGT totalement cadenassée par l'appareil du Parti Communiste.
Puis, au cours des dernières décennies, le monopole stalinien PCF-CGT s'érodant, nos camarades ont été confrontés à l'offensive conjointe CGT-CFDT du "syndicalisme rassemblé" d'accompagnement... Et tout particulièrement "d'accompagnement" des gouvernements de "gauche", suite à la "Loi d'Orientation des Transports Intérieurs" de 1982. Laquelle, peaufinée par le "camarade" Fiterman, ministre PCF de François Mitterrand, donna le coup d'envoi au processus de privatisation/déréglementation du service public ferroviaire républicain en cours depuis maintenant trois décennies.
Ce fut le mérite de la Fédé FO des cheminots d'avoir su, dans semblable contexte, non seulement résister, mais, mieux, se construire face au "syndicalisme rassemblé".
A l'instar, somme toute, de ce qu'elle avait déjà su faire après-guerre face à la CGT stalinisée hégémonique.
Le renforcement de ses implantations militantes de terrain à la SNCF s'est d'ailleurs traduit ces dernières années, pour la CGT-Force Ouvrière, par une montée en puissance de ses performances électorales. Ces dernières, sans être spectaculaires, reflètent en effet une tendance pérenne et régulière au creusement du sillon : élections CE de 1998 : 5,2% des voix - 2000 : 6,45% - 2002 : 6,52% - 2004 : 6,79% - 2006 : 6,62% - 2009 : 7,98% - 2011: 8,58%.
Les apprentis-sorciers du syndicalisme rassemblé, co-auteurs avec le MEDEF de la "Position Commune" de 2008, transposée la même année dans la loi scélérate de "modernisation" de la "représentativité", pensaient détenir là l'outil de décapitation de FO-Cheminots qui briserait net la dynamique militante de notre fédération.
Mais c'était là méconnaître ce qui fait la détermination et la force du syndicalisme indépendant. A savoir la défense bec et ongles des acquis (statut, régime spécial de retraite, etc.), jointe au procès, aussi méthodique que concret, des contre-réformes ferroviaires "euro-régionalisées" , ... que d'autres s'exercent à "couvrir" par un brouillard sémantique critique-complice de circonstance.
Le tout récent congrès fédéral de Ronce-les-Bains vient d'apporter la preuve qu'avoir le courage de résister, le courage de clarifier les enjeux et la portée des "réformes", finit par forger la force de frappe du syndicalisme indépendant ... et finit même, de surcroît, par ébranler celles des organisations syndicales dont les directions, prenant à rebrousse-poils leurs propres troupes, ont fait le choix de se faire satellites de la CFDT dans "l'axe de la réaction" au service du MEDEF et de Matignon.
Ainsi, après l'adhésion à FO-Cheminots de militants et responsables CFTC, CGT et SUD-Rail, c'est maintenant à l'UNSA que l'heure est aux cartes déchirées.
Ce dont témoignent les extraits ci-dessous reproduits des déclarations de trois ex-responsables, particulièrement représentatifs, d'UNSA-Cheminots ... dont Ronce-les-Bains fut le premier congrès fédéral ... Force Ouvrière.
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Interview de la délégation départementale mandatée au congrès fédéral
Vous paraissez revenir gonflés à bloc de votre congrès fédéral de Ronce-les-Bains...
E. Kérivel : Le congrès s'est bien passé.
Il y avait pas mal de jeunes délégués, ce qui prouve la bonne santé de notre fédération malgré son absence (temporaire) de "représentativité". Plusieurs délégués "ex" CGT, SUD-RAIL et UNSA ont expliqué leur cheminement jusqu'à FO, ce qui incontestablement donne une émulation pour les élections de mars 2014 et nous permet d'envisager avec confiance "la barre des 10 %" (l'exemple de STX à Saint-Nazaire étant un encouragement de plus). La délégation du syndicat a participé activement à la discussion ainsi qu'à la commission de résolution. Depuis nous avons décidé de tout mettre en oeuvre sur Nantes pour arriver fin prêts en mars 2014, avec de nouvelles adhésions en perspectives et des listes plus étoffées.
Ce fut aussi un congrès de revendications, marqué par la mobilisation de FO contre la "réforme ferroviaire"...
A. Siloret : Oui, et l'enjeu est d'importance. Le projet de loi du gouvernement prévoit ni plus ni moins que l'éclatement de la SNCF en deux EPIC séparés : SNCF Mobilité et SNCF Réseau. D'autre part il impose la "négociation" d'une convention collective, commune aux personnels à statut de la SNCF et aux salariés des entreprises ferroviaires privées. Pour FO, ce qui est visé, c'est le service public et le statut même des cheminots.
G. Le Mauff : Le congrès a aussi pointé la responsabilité des Conseils régionaux - "autorités organisatrices"- responsables par exemple des fermetures de petites gares TER et aspirant (rapport Auxiette oblige) à mettre la SNCF en concurrence avec le privé en vue de diminuer les coûts.
Suite à l'accident de Brétigny, nous avons rappelé la responsabilité des gouvernements successifs, lesquels se sont refusé à prendre en compte réellement l'alerte soulevée par l'audit-infra de l'Ecole Polytechnique de Lausanne en 2005.
Il reste que la "réforme" a bien été avalisée en conseil des ministre le 16 octobre. Alors ?...
F. Bourdeau : L'une des décisions du congrès a été de lancer un appel au retour au monopole public d'Etat et à la mobilisation des cheminots, pour qu'ils "exigent de leurs syndicats qu'ils organisent l'unité d'action nécessaire à l'abandon du projet de loi de réforme ferroviaire ".
La fédération va prendre toute sa place pour mobiliser contre ce projet de loi.
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Exit l'UNSA : ils passent à FO et s'en expliquent
- André Taisne
(Ex-élu UNSA en DP Cadres, CHSCT, en délégués de commission notation, et au CE de Paris-Nord. Il s'était présenté comme secrétaire général contre le sortant au congrès de l'UNSA-Cheminots de juin dernier, obtenant plus de 36 % des voix)
" (...) La réforme du ferroviaire est mortifère pour l'entreprise et pour les cheminots. Et je ne vous parle même pas des réformes successives sur les retraites.
(...) Comment ai-je pu être aveuglé à ce point par l'UNSA, et passer à côté d'une organisation syndicale libre et indépendante ? (...) Le "A" de UNSA est passé de la notion d'Autonomie à celle d'Accompagnement... "(...) Je suis heureux d'être parmi vous, car vous êtes libres et indépendants. Des camarades nous ont déjà suivis. D'autres vont suivre (...)"
- Philippe Herbeck
(Ancien membre du secteur fédéral UNSA des agents de conduite.
Il s'était présenté comme secrétaire général adjoint à ce même congrès 2013 de l'UNSA-Cheminots, et avait obtenu 42% des voix )
" (...) La loi sur la représentativité, dite "de démocratie sociale" par certains, aurait pu vous faire disparaître complètement du paysage syndical de l'EPIC SNCF. Force est de constater que vous êtes toujours là, et que l'envie de conquête reflète votre marque de fabrique ! Ensemble, allons chercher cette représentativité (...) dès les prochaines élections professionnelles, pour que FO Cheminots redevienne un acteur fort et incontournable à la SNCF."
- Christophe Godard
(Ex-élu UNSA en DP Cadres-CHSCT)
" (...) Les représentants aux plus hautes fonctions de l'UNSA sont adhérents au PS, et pour certains sont également en responsabilité dans ce parti.
M. Marc Baucher a (même) écrit, dans un de ses éditos de 2011, qu' il " se réjouissait du bel espace de démocratie que représentait la primaire socialiste».
(...) Le Président de la SNCF, M. Pépy, très proche du PS (il était au cabinet de Martine Aubry), était invité au congrès de l'UNSA à venir ... vendre sa réforme du ferroviaire ! (...) J'ai donc démissionné de l'UNSA, car pour moi le syndicalisme doit combattre toute austérité : de gauche, de droite, ou d'entreprise (...) Pour préserver l'indépendance syndicale, j'ai rejoint FO ".
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Lignes SNCF Nantes/ Sainte-Pazanne/ Pornic/ St-Gilles-Croix-de Vie :
vitesse limitée à 60 kms/heure ... pour cause de coupes claires dans les personnels d'entretien
Quelques informations utiles suite aux articles de presse et au reportage sur France2 (Emission "Envoyé spécial") :
- 1982 : réouverture à l'année avec une vitesse de 90 kms/heure.
- Depuis 2009, des travaux d'amélioration comprenant la reconstruction de la voie (certaines portions datant de 1897 et 1905), des améliorations du tracé, ainsi que de modernisation de la signalisation ont été réalisés, sont en cours ou prévus sur la ligne de Sainte-Pazanne à Saint-Gilles-Croix-de-Vie ainsi que sur celle de Sainte-Pazanne à Pornic.
Ces travaux visent à utiliser le matériel roulant moderne à son plein potentiel, le but étant de porter la vitesse maximale à 140 kms/h au lieu des 90 ou 100 en vigueur depuis 2000 (80 kms/h sur l'antenne de Pornic).
Dans les années 80, il y avait du personnel en nombre suffisant (35 agents au total) pour d'entretien de la voie : 15 à la brigade de Challans (Vendée), et 20 répartis en 2 brigades à Sainte-Pazanne.
Aujourd'hui il ne reste plus qu'une seule brigade de 6 personnes à Sainte-Pazanne et une équipe 5 personnes à Challans.
Il y a une trentaine d'années, le travail _remplacement de traverses, nivellement ou dressage (alignement) de la voie_ était à 80% manuel.
Depuis, les "restructurations" sont passées par là : diminution des effectifs, non remplacement des départs en retraite, allongement des parcours d'interventions, etc.
Avec le manque de personnel, les engins lourds ont fait leur apparition, ce qui n'a pas manqué de provoquer les conséquences prévisibles : destruction de la plate-forme (sur laquelle reposent les rails) due au manque de ballast (gros cailloux calibrés absorbant les chocs des circulations), destruction des traverses en bois datant pour la plupart d'une cinquantaine d'années, destruction enfin des rails, qui, pour certains, datent de 1905.
... Cela alors que dans le même temps le trafic s'est intensifié, atteignant aujourd'hui une fréquence journalière de 19 allers/retours en semaine et de 16 les week-ends.
Chacun comprendra qu'une ligne fermée pendant des années et ré-ouverte sans travaux conséquents ne peut que se détériorer au fil du temps.
Aujourd'hui, certaines portions de la ligne sont donc limitées à 60 kms/heure ... pour pouvoir respecter les normes de sécurité des circulations !
G. Jaunet et L. Hansmetzger, délégués du personnel FO