InFOrmation syndicale

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07 novembre 2013

CESE ET INDÉPENDANCE SYNDICALE - par Marc Blondel

Il serait établi que les Préfets de régions procèdent, actuellement, à des consultations afin d’adapter la composition des CESE aux représentations régionales. Bien entendu cela sous entend une démarche de cette nature pour les syndicats de salariés. Cette initiative qui n’est pas nouvelle, va cependant se dérouler dans des conditions différentes que précédemment.


Décentralisation et colégislation ... vieilles soeurs jumelles
D’abord il sera tenu compte des consultations électorales qui ont défini la représentativité et, que, je le rappelle, l’organisation conteste. De plus, les négociations et le rôle des syndicats vont être modifiés par l’existence de l’ANI, ce misérable accord qui autorise, à l’initiative des employeurs, de nombreuses remises en cause des acquis sous prétexte de compétitivité voire d’existence de l’entreprise. Enfin, il n’est peut être pas secondaire de penser que le gouvernement tiendra compte du comportement des syndicats vis-à-vis de ses initiatives sociales, comme les retraites, pour favoriser les plus compréhensifs et les plus soumis. Plus globalement enfin, au moment où la décentralisation administrative va être utilisée à l’extrême et accroître les risques de différenciations régionales, il n’est pas stupide de penser que, sur le plan des salaires notamment, on rétablisse, de fait, les abattements de zone, c'est-à-dire des différences de salaires dans la même entreprise pour le même travail, suivant le lieu où celui-ci est réalisé. Pour la petite histoire, ce fut un des premiers dossiers avec les équivalences de temps, que j’ai mené pour la confédération. Cette situation était le sous produit de la loi des 40 heures et du contrôle des salaires, après la libération.

Mais puisque nous parlons d’histoire, il faut rappeler que c’est à la demande de la vieille CGT, sur l’initiative de Léon Jouhaux, que le Conseil Economique National fut mis en place, ce qui d’ailleurs, à l’époque, n’avait pas fait l’unanimité. Léon Jouhaux avait pourtant bien précisé les choses, insisté sur le caractère consultatif de cette structure, il refusait que les représentants officiels des salariés n’estompent la lutte des classes et deviennent en quelque sorte les colégislateurs, la définition de la loi devant appartenir aux élus représentant les citoyens, même s’ils s’inspiraient ou reprenaient les conclusions négociées.

Même lors de la conclusion des accords de Matignon en 1936, il déclarait que c’était un accord avec le patronat sous la présidence du gouvernement, mais que c’était à lui de concrétiser, juridiquement, les choses.
On peut penser qu’il manifestait là ses origines anarchistes voire que l’expérience de l’Union Soviétique, placée sous contrôle stalinien laissant ainsi toute liberté au gouvernement, le syndicat étant soumis au parti, le rendait prudent, il restait ainsi dans la logique de la Charte d’Amiens. Cette situation d’ailleurs conduisait le syndicalisme à être soumis au gouvernement qui décidait du social et considérait la négociation collective comme une pratique bourgeoise. Le débat continuera à l’OIT jusqu’en 1950.

Dans ce cadre l’indépendance du syndicat et son refus de se soumettre aux politiques et pour bien préciser sa pensée, en 1951 à l’occasion de la conférence internationale du travail, il déclare à la tribune «l’imposture du libéralisme», il précise «livrer l’économie nationale de chaque pays et l’économie internationale à la liberté absolue de la libre entreprise, je dis hautement et fermement, c’est aller inévitablement à la catastrophe».
Donc quelle que soit la nature du régime, collective ou libérale, le syndicat doit rester libre de son comportement.

L'aliénation de l'indépendance se paie toujours au prix fort
Dans ce cadre, du rapport entre syndicats et Etat, les citoyens allemands viennent de redonner leur confiance à Angela Merkel  et ce malgré une politique économique qui conduit 7 millions de salariés, pour la plupart issus de l’immigration, à gagner 4 euros de l’heure.
Cette situation est le résultat de la politique dite de compétitivité de Schröder, dirigeant socialiste. Elle dénote la confusion du DGB qui soutenait le candidat du SPD.

Pour ces raisons, il nous faudra veiller, à l’occasion des modifications pratiques des CESE, à ce que les compétences de ces derniers demeurent bien consultatives, et veiller aussi à ce que, avec des initiatives comme les  Conférences Sociales initiées par le gouvernement, le rôle du syndicalisme ne se transforme en consultant politique. Il est nécessaire pour le syndicalisme de défendre bec et ongles sa liberté de comportement. Quel que soit le régime politique, la lutte des classes doit être assumée par les travailleurs eux-mêmes et leurs représentants dans la rue, l’entreprise et lors des négociations.