par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique
Au lendemain de la nomination
d’Alexis Tsipras comme premier ministre du gouvernement grec, le 26
janvier dernier, Jean-Claude Juncker,
président de la commission européenne, avait prévenu qu’il ne pouvait pas « y avoir de choix démocratique contre les traités européens ».
En acceptant de négocier dans le
cadre contraint des règles fixées par
le traité de Maastricht et celui de Lisbonne, le gouvernement grec s’est
condamné à se plier aux exigences de
la troïka et des créanciers.
Il ne pouvait en être autrement. Le
processus de mise en œuvre des critères de convergence, dont l’euro est
la pièce maîtresse, conduit inexorablement à étrangler les peuples et les
classes ouvrières du vieux continent.
Imposer un nouveau « plan d’aide »
assorti de multiples mesures d’austérité, c’est piller encore un peu plus
le peuple grec. Selon l’institut allemand « Leibniz », la crise grecque
a déjà rapporté 100 milliards d’euros
à l’Allemagne depuis 2011, ce qui représente tout de même 3% de son
Produit Intérieur Brut et dépasse les
90 milliards des prêts accordés par
celle-ci.
La Grèce s’enfonce donc dans le chaos économique et social avec ses 200
000 fermetures d’entreprises, ses richesses réduites d’un quart, son taux
de chômage à plus de 25% et ses revenus amputés de plus d’un tiers.
La seule issue à cette crise, c’est l’annulation des mesures d’austérité imposées depuis 2010 par l’Union européenne, sa banque centrale et le FMI
pour payer une dette qui n’est pas celle
des travailleurs grecs ; c’est le retour à
la souveraineté du peuple grec, libéré
des chaînes des traités européens qui
l’asservissent. Nous ne pouvons que
saluer la détermination et le courage
des syndicalistes grecs, en particulier
ceux de la Confédération des syndicats des Services Publics (ADEPY) et
du syndicat des enseignants (OLME)
qui exigent l’annulation des mémorandums, des lois qui en découlent
et le retour à la situation de 2010 en
terme de salaires, pensions et postes
dans la fonction publique.
Cette position nette tranche avec celle
de la Confédération Européenne des
Syndicats et de Bernadette Ségol, sa
secrétaire générale,
qui se félicitait le 13
juillet dernier de l’accord trouvé avec Tsipras. « L’UE a évité la
catastrophe du Grexit » a-t-elle déclaré,
tout en regrettant, la
mine pleureuse, « le
prix à payer extrêmement lourd et élevé »
pour les grecs. Emilio
Gabaglio, ancien secrétaire général de la
CES, expliquait déjà
il y a quelques années
qu’à « la différence
des syndicats nationaux, l’évolution de
la CES ne relève pas
de la lutte de classes,
mais de l’institutionnalisation de la
politique européenne ». Ce n’est pas
un hasard si la CES, véritable rouage
des institutions européennes, recevra fin septembre à l’occasion de son
congrès à Paris, le soutien plein et
entier de Jean-Claude Juncker et de
François Hollande.
Le président de la République tenait
justement ce matin la sixième conférence de presse du quinquennat avec
au centre la situation dramatique des
« migrants », et la seule réponse politique qu’il apporte à cette barbarie,
c’est la mise en place de quotas pour
l’accueil de ces centaines de milliers
d’hommes, de femmes et d’enfants
qui fuient la guerre et la famine ! Une
guerre qui est la conséquence directe
des décisions prises à l’échelle internationale par les grandes nations,
disloquant les états et divisant les
peuples, pour mieux contrôler les
économies et les zones gazières du
Moyen Orient. Le discours de Jaurès à la chambre des députés en 1895
reste décidément pleinement d’actualité : « le capitalisme porte en lui la
guerre, comme une
nuée dormante porte
l’orage ».
Cette conférence de
presse a été également l’occasion de
présenter les axes de
la politique du gouvernement pour les
mois à venir. Après
l’adoption des lois
Macron et Rebsamen cet été, François
Hollande a confirmé
que le gouvernement
avait l’intention de
réformer le droit du
travail. Plusieurs rapports – Terra nova, Institut Montaigne - allant dans le même sens ont
été publiés ces dernières semaines et
le rapport Combrexelle devrait être
rendu public en milieu de semaine.
Cependant, nous connaissons déjà
l’essentiel des propositions qui y seront faites. Le rapport Combrexelle
prévoit de réduire la place de la loi et
de favoriser les accords d’entreprise.
Il suggère de mettre en place, « dans
un délai maximal de quatre ans »,
« une nouvelle architecture du Code
du travail faisant le partage entre les
dispositions impératives et le renvoi
à la négociation collective ».
L’objectif est de renverser la « hiérarchie des normes » et de laisser la
possibilité aux employeurs de déroger au code du travail ou à la convention collective après un accord majoritaire dans l’entreprise. Le principe
selon lequel un accord d’entreprise
ne peut qu’améliorer une norme de
niveau supérieur serait balayé. Le
code du travail ne deviendrait qu’une
simple coquille vide. Pierre Gattaz
pour qui « le code du travail est le
fléau numéro un des patrons » peut
à juste titre se réjouir et rêver du retour au contrat de louage de service,
libéré de toute contrainte !
A l’occasion du congrès de l’UD CGT-FO le 22 mai dernier, nous avons
réaffirmé « qu’il n’était pas question
pour nous d’accompagner le recul
social ». Nous refuserons de nous
engager dans quelque « négociation » que ce soit allant dans le sens
d’une remise en cause du contrat de
travail, du code du travail ou de toute
autre réforme avalisant par exemple
le blocage du point d’indice dans la
fonction publique au moins jusqu’en
2017.
Nous serons par contre aux côtés
de nos camarades enseignants le 17
septembre pour exiger avec eux la
fin de la « réforme » des collèges et
de toutes « les réformes » qui avec
la « territorialisation » affaiblissent
la transmission des savoirs et remettent en cause les statuts des personnels.