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09 février 2017

Pas de trêve pour les revendications

par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique
Après François Fillon, vainqueur de la primaire à « droite », mais embourbé depuis dans « les affaires », c’est au tour de Benoît Hamon à « gauche » de se qualifier pour le premier tour des élections présidentielles, éliminant l’ancien premier ministre Manuel Valls, qui paie là, à coup sûr, son entêtement à faire passer en force la loi Travail.

Avec le ralliement de plusieurs dirigeants du Parti Socialiste à Emmanuel Macron, la cacophonie s’installe à tous les étages. à trois mois de l’élection présidentielle, c’est une crise profonde qui traverse les principaux partis. L’hebdomadaire Le Point s’inquiète de cette situation et craint que le président élu au soir du deuxième tour de l’élection présidentielle n’ait pas la force de mener à bien toutes les  réformes exigées en haut lieu : « c’est un président affaibli qui s’installera sous les dorures de l’Élysée. Aura-t-il encore la force d’imposer au pays des réformes radicales qui sont au cœur de son programme ? Il est permis d’en douter. Un président faible, mal élu, dans une Vème République déjà à bout de souffle, c’est la promesse d’un quinquennat de crise. La rue reprendra la chienlit de plus belle… Les réformes ne seront pas acceptées. »
C’est là une analyse clairvoyante.

Nous connaissons déjà la liste de toutes les « réformes » que les uns ou les autres, candidats à l’élection présidentielle, veulent nous imposer. Les dispositions prises ces dernières années, le plus souvent en force, ne sont pour eux qu’un simple prélude à la liquidation du code du travail, des services publics républicains, de la protection sociale collective et des valeurs républicaines, telle la laïcité.  « La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! ». (1)
Nous voilà prévenus !

Justement, la campagne électorale est l’occasion de tester « l’opinion publique ». Les propos de François Fillon sur l’assurance maladie et la « bobologie » (2) ont suscité à juste raison un émoi considérable au mois de décembre dernier. Les propos de Benoît Hamon sur « le revenu universel » ont par contre provoqué une certaine sympathie et beaucoup d’interrogations, ce dernier étant resté très évasif sur le financement d’un tel revenu.
L’idée du « revenu universel » ne date pas d’aujourd’hui et reçoit le soutien de nombreux responsables politiques de tous bords.  L’ex-président d’AXA, Henri de Castries, qui est maintenant dans l’équipe de François Fillon pour l’élection présidentielle, la soutient également. Tiens tiens… N’y aurait-il pas là encore une combine derrière cette idée en apparence généreuse, pour qu’un représentant haut placé des assurances s’y intéresse ?
La fondation Jean Jaurès (think tank proche du PS) propose un revenu de base de 750 € par personne et 1150 € par retraité. Pour financer ce revenu de base, elle préconise de mobiliser le budget de tous les minima sociaux et de toutes les cotisations d’assurance maladie (hors ALD), d’assurance vieillesse, de chômage et d’allocations familiales. Ni plus, ni moins !
Auditionnée le 13 Septembre 2016 au Sénat (3) dans le cadre de la «Mission d’information sur l’intérêt et les formes possibles de mise en place d’un revenu de base en France», la délégation confédérale a fermement condamné ce projet qui supprime le salaire différé et bafoue les grands principes sur lesquels est fondée la protection sociale issue des ordonnances de 1945. Il serait également un puissant levier pour justifier l’abandon de toute négociation salariale dans les entreprises.


Dans ces conditions, une chose est certaine. Il n’y aura pas de trêve pour les revendications et la défense de nos acquis. Avant les congés de fin d’année, les fédérations de la Santé et de l’Action sociale ont décidé d’appeler à la grève et à la manifestation à Paris le 7 mars pour l’abandon de la loi Touraine et des Groupements Hospitaliers de Territoire qui organisent 22 000 suppressions de postes.

Depuis, d’autres secteurs (territoriaux, éducation nationale, Sécurité sociale, Pôle Emploi, etc.) ont également décidé d’appeler à la grève et à la montée nationale à Paris, là où se prennent les décisions. Les salaires sont bloqués, les postes manquent cruellement, les services et les établissements sont asphyxiés, les statuts et garanties collectives sont attaqués et les personnels sont épuisés.

Dans ce contexte, il n’y a pas d’autre issue que de continuer à construire le rapport de force pour faire cesser cette politique. C’est la raison pour laquelle l’Union départementale soutient pleinement cette journée de mobilisation et de grève.
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(1) Déclaration de Denis Kessler en 2007, ancien vice-président du Medef.
(2) L’assurance maladie ne prenant plus en charge que les affections graves et de longue durée
(3) Circulaire confédérale du 19 octobre 2016 (6 pages à consulter sur le site de l’Union Départementale – les plus courageux liront le rapport de 430 pages de la mission sénatoriale)