Les camarades du syndicat des personnels de la Prévention sécurité de Loire-Atlantique se sont réunis en Assemblée générale à l'Union Départementale FO.
Interview de : David Cheval – Secrétaire du SPPS FO 44 et délégué syndical national SERIS Security ; Bruno Potier - Secrétaire adjoint SPPS FO 44 et délégué syndical SERIS Security ; Denis Bonnaire – Trésorier adjoint SPPS FO 44 et délégué du personnel SERIS Security
Comment se porte le syndicat FO des Personnels de Prévention et de Sécurité de Loire-Atlantique ?
DC – Nous sommes implantés dans plus d’une dizaine d’entreprises, notamment SERIS, où nous sommes majoritaires. Nous sommes dans une phase de développement, qui a repris à partir de 2016, après avoir connu une courte période de « survie ». Il nous a fallu en effet gérer la transition suite au départ de nos camarades Sébastien Huchet et Saïd Refsa.
BP – Le syndicat développe en effet ses implantations aujourd’hui, tout en continuant à travailler sur les dossiers prud’homaux. Nous avons un début d’implantation dans les petites boîtes, où les conditions de travail sont très détériorées. Il arrive fréquemment que les patrons soient très peu regardants sur le respect du droit du travail, le respect des règles de sécurité, etc. Nous avons eu l’exemple d’un agent de sécurité qui a fait plus de 600 heures supplémentaires sur une année. Nous avons porté le dossier aux prud’hommes.
DC – Quand le syndicat est présent dans une entreprise, cela permet de poser une limite à la dégradation des conditions de travail. D’où la nécessité de s’implanter. Dans notre secteur, de par la spécificité du métier, nous avons de la place pour la négociation avec le patron. Mais cela est surtout vrai dans les grosses entreprises, car les salariés des petites structures sont beaucoup plus soumis à la pression liée aux appels d’offre... Le syndicat départemental est en tout cas un véritable support pour les sections syndicales, du point de vue de l’aide juridique bien sûr, mais également sur le terrain de la pratique contractuelle.
Quelle est globalement la situation vécue par les collègues aujourd’hui ?
DC – A l’échelle nationale, nous comptons de 100 000 à 150 000 agents de sécurité. Nous faisons un métier de « smicard ». Il n’y a rien de péjoratif dans mes propos : les salaires sont tout simplement bas dans notre profession. C’est pourquoi l’augmentation du pouvoir d’achat est au cœur de nos revendications.
DB – Nous avons dans le département l’exemple de Carghill, où nous avons obtenu +5 % d’augmentation générale.
Lors de la dernière commission administrative de l’Union départementale, Bruno faisait état d’une bataille en cours concernant la formation des agents de sécurité. De quoi s’agit-il ?
BP – Pour exercer notre métier, nous sommes porteurs d’une carte professionnelle qui fait l’objet de stages de formation dits MAC, pour « maintien et actualisation des compétences ». Dans le cadre des négociations d’un accord au niveau de la branche, une partie des patrons de la sécurité privée faisait pression pour reporter sur les agents de sécurité les frais de 2 000 € que coûte le stage MAC portant sur la gestion des actes terroristes. Ils voulaient également que nous suivions cette formation en-dehors du temps de travail.
DC – C’est tombé à l’eau, suite au fait que l’Union des entreprises de sécurité privée (USP), qui est le principal syndicat patronal, n’a finalement pas signé cette disposition. Je pense que le ministère est sans doute intervenu, alarmé par l’ampleur des conséquences qu’une telle décision aurait pu avoir chez les 100 000 agents de sécurité…
DB – Nombre d’agents de sécurité n’auraient pas renouvelé leur carte professionnelle dans ces conditions.
BP – Le syndicat a joué son rôle au niveau national. C’était indécent et scandaleux de nous faire payer cette formation. Il faut quand même rappeler qu’en cas d’attaques terroristes, les agents de sécurité sont toujours en première ligne et les premiers à tomber. On l’a vu au Bataclan, au Stade de France ou encore à Charlie Hebdo.
Avez-vous eu l’occasion de faire une projection concernant la fusion des institutions représentatives du personnel (IRP) en application des ordonnances Macron ?
DC – J’ai fait une enquête au niveau de SERIS en effet. Les négociations sur la mise en place du comité social et économique (CSE) commenceront fin 2018 pour des élections fin 2019… Nous sommes actuellement 325 élus, toutes instances confondues, pour un total de 40 000 heures de délégation. Hors négociation, nous passerions de 325 élus à 150 et de 40 000 heures de délégation à 20 000… Je dis bien : hors négociation. Mais ça donne le ton.