InFOrmation syndicale

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28 juin 2018

Macifin : Grève victorieuse à l’initiative de FO

La section syndicale FO de Macifin (groupe Macif service bancaire) a obtenu une augmentation générale des salaires de 3,5%, effective au 1er juillet 2018, à l’issue des dernières négociations annuelles obligatoires (NAO).
Cela étant, le 30 mai dernier, la section FO a été à l’initiative d’un appel à la grève, suivie par 85% des personnels de l’établissement, pour dénoncer la dégradation sans précédent des conditions de travail et revendiquer le versement d’une prime, dont les salariés de Macifin (service bancaire) avaient été exclus. La grève, reconduite quatre jours de suite par les grévistes réunis en assemblée générale autour des représentants FO, a contraint la direction à céder : une prime exceptionnelle fixe de 500€ bruts sera versée à tous les salariés en juin 2018, ainsi qu’une prime variable de 300€ bruts en fin d’année.

A suivre, l'interview de Ludovic Ferrand, délégué syndical Macifin

[Interview parue dans L'Ouest-Syndicaliste n°692]


Peux-tu présenter l’établissement Macifin, dans lequel FO a constitué une section syndicale ?

Macifin est une filiale du groupe Macif. Située sur le site d’Orvault, cette filiale compte près de 170 salariés. Ces derniers sont répartis sur deux services : le service bancaire, dénommé également Macifin, sert d’intermédiaire entre les clients et la SOCRAM, tandis que Macif Direct a été créée en septembre 2015 pour la recherche de nouveaux contrats d’assurance. Je suis pour ma part rattaché au service bancaire.


Quel premier état des lieux peux-tu dresser concernant la situation des salariés de Macifin ?

Les conditions de travail sont fortement dégradées au sein du service bancaire. Outre l’usure auditive que génèrent nos postes de travail, liée à une grande part de téléphonie, il s’avère que nos outils informatiques sont défaillants. Les dysfonctionnements se sont aggravés depuis novembre 2017, avec la mise en œuvre d’un nouveau logiciel. Les clients ne parviennent pas à visualiser leurs espaces personnels et nous avons les mêmes difficultés pour accéder à leurs données.  Le mécontentement des clients ne cesse ainsi d’augmenter, puisque nous ne sommes pas en mesure de répondre matériellement à leurs attentes. Certains d’entre eux n’accèdent pas à leur propre argent. Les situations conflictuelles sont devenues quotidiennes, sans que nous ne soyons formés pour les gérer. Forcément, ce contexte est totalement défavorable à un rebours commercial, qui permettrait l’attribution de nouveaux produits aux clients. Pourtant, la direction exige des salariés du service bancaire Macifin les mêmes résultats commerciaux que ceux des autres services.


Qu’en est-il en termes de rémunérations ?

Nous disposons d’un salaire fixe qui, en entrée, est de 1 500 bruts pour un titulaire du baccalauréat et de 1 650 euros bruts pour un bac +2. D’ailleurs, l’élargissement de cette deuxième tranche est un acquis d’une grève que nous avions menée en juin 2016. Nos rémunérations sont également constituées d’une part variable, fondée sur le nombre de produits commerciaux (comptes, comptes épargne…) vendus. Mais ces ventes sont de plus en plus difficiles et la médiane des primes versées mensuellement est actuellement de 230 euros.


Comment se sont déroulées les dernières NAO ?

Tout d’abord, il convient de rappeler que nous n’avons pas connu d’augmentation de salaires depuis 2009, à l’exception d’une augmentation de 1% à une reprise et de 0,7% une autre fois, sans compter les acquis de la grève de 2016. Nos dernières NAO se sont déroulées entre décembre 2017 et février 2018. Nous revendiquions une augmentation générale de 4%, une modification de l’organisation de notre temps de travail pour définir l’heure de fermeture du service à 20 heures – et non à 22 heures comme aujourd’hui –et l’obtention d’un seul jour de carence pour les salariés ayant deux années d’ancienneté.


Qu’avons-nous obtenu ?

+3,5 % d’AG au 1er juillet 2018, ainsi que deux jours de carence dès deux années d’ancienneté et un  jour dès trois années d’ancienneté. Nous avons signé l’accord le 14 mars dernier.


Cela apparaît comme un excellent résultat de NAO. Pourquoi le syndicat a-t-il dû appeler à la grève quelques mois plus tard ?

Malgré ces 3,5 % d’AG obtenus, les salariés de Macifin (service bancaire) ont l’impression d’être la cinquième roue du carrosse. Fin mars 2018, FO a appelé à un débrayage concernant les conditions de travail, qui a constitué un premier avertissement. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été d’apprendre que les collègues de Macif direct, qui travaillent à l’étage en dessous du nôtre, ont obtenu une prime exceptionnelle de 1 000 € pour les résultats de 2017, dont nous avons été exclus. Outre le ras-le-bol généralisé lié aux conditions de travail telles que je les ai décrites, nous avons vécu cela comme un manque de considération et une injustice. En effet, lorsque nous avons soulevé cette question en réunion de comité d’entreprise le vendredi 25 mai dernier, la direction a simplement répondu que nos résultats ne méritaient aucune gratification… sans prendre la peine de considérer le fait que les outils de travail que l’employeur met à notre disposition ne nous  permettent pas d’avoir des résultats ! Je pense que la direction n’a pas mesuré l’ampleur du mécontentement qui existe dans le service bancaire. Elle a exprimé une forme de mépris face à nos revendications.


Que s’est-il passé à l’issue de la réunion CE ?

Mes relances du lundi et du mardi qui ont suivi la réunion CE se sont heurtées à un non sec de la direction. La section FO a dès lors convoqué une assemblée générale le mercredi, qui a réuni la quasi-totalité des personnels. La grève a été décidée dès 15 heures, suivie par 85 % des salariés. Sur la base de ce rapport de force, nous avons interpellé la direction, qui nous a donné une nouvelle fin de non recevoir. La reconduction a été décidée. Entre le jeudi et le vendredi, le directeur des ressources humaines vient à nous : il exige la reprise du travail avant toute discussion. Nous répondons par une nouvelle reconduction. Je contacte Ouest France, qui fait paraître un article dans la foulée. Les lignes commencent à bouger et nous sommes à notre quatrième jour de grève lorsque s’ouvrent des négociations, en présence de Mathieu Cornillaud, qui est délégué syndical Macif.


Comment se sont passées ces négociations ?

Elles ont été plutôt tendues. La direction a été surprise par l’ampleur de la grève, d’autant que le service bancaire était inaccessible aux clients. La direction propose dans un premier temps une prime fixe de 300 €uros bruts en juin et une part variable de 200 euros en fin d’année. Nous n’acceptons pas. Les lignes bougent à plusieurs reprises dans la journée. La direction propose finalement une prime fixe de 500 euros bruts en juin et 300 euros en variable. Nous rendons compte de cette proposition à l’assemblée générale des grévistes, qui l’accepte, et la fin de la grève est décidée à une courte majorité. Ce qui est certain, c’est que l’ampleur de cette grève, qui ressort victorieuse, marque sans doute le début d’une histoire au sein du service, particulièrement dans nos relations avec la direction.


Comment s’est déroulée la reprise de travail le mardi ?

Il s’avère que les outils de travail ne fonctionnaient pas. Ces difficultés, qui existaient a priori sur l’ensemble du groupe Macif, ont cependant eu pour effet de ranimer immédiatement l’état d’esprit combatif des collègues qui sortaient d’une grève de quatre jours. Certains me demandaient même s’il ne fallait pas organiser un nouveau débrayage.


Quelles sont les perspectives désormais ?

Il existe un problème de confiance avec la direction, qui s’exprime notamment par cette volonté, exprimée par des collègues, de débrayer dès la reprise du travail. Cependant, je considère qu’il faut être en mesure de garder les forces intactes. Nous serons impactés par le « Nouveau modèle social » (NMS), qui sera mis en œuvre au sein du groupe Macif à compter du 1er janvier 2019. Et il y a également la question des retraites, qui implique notre plus grande vigilance. Plus que jamais, c’est le moment pour construire le syndicat, pour proposer l’adhésion à FO et progresser en terme de syndicalisation. Nous avons démontré que le rapport de force permet d’obtenir des avancées. C’est sur cette base que nous abordons les prochaines élections professionnelles.