InFOrmation syndicale

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24 mai 2019

Préparer la grève !

par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique

Les sénateurs ont bien travaillé. Après quelques jours de débats intenses, ces derniers ont adopté ce mardi 21 mai le projet de loi du ministre Blanquer. Ils ne se sont pas privés de compléter le texte du ministre, par exemple en octroyant aux directeurs d’école primaire un pouvoir hiérarchique vis-à-vis de leurs collègues enseignants ou bien encore en rendant obligatoire la formation continue à tous les enseignants  « en priorité en dehors des obligations de service d’enseignement », sans donner droit à une indemnisation obligatoire. Autant de mesures rejetées par les enseignants.
La presse s’est largement fait l’écho de la proposition du Sénat  de supprimer le très décrié article 6 quater créant les «établissements publics des savoirs fondamentaux». Dans la réalité, non seulement les amendements adoptés ne répondent d’aucune manière aux revendications des enseignants, mais ils aggravent au contraire sur bien des aspects le projet initial.

Depuis le mois de mars, ce projet de loi suscite une profonde opposition. Les grèves des 19 mars et 4 avril derniers ont été très suivies dans les écoles, souvent avec le soutien des parents. Dans plusieurs départements, comme en Loire-Atlantique, la grève a été reconduite plusieurs jours. Mais cette volonté «d’en découdre» s’est heurtée jusqu’à aujourd’hui au refus de «certains chefs syndicaux» d’appeler nettement à la grève nationale et à sa reconduction, opposant à celle-ci les rituelles «journées d’action» dont nous connaissons toutes les limites.

De son côté, le ministre Blanquer  jette toutes ses forces dans la bataille. Tout  y passe, y compris l’intimidation, voire les sanctions à l’égard des enseignants récalcitrants.

C’est là, la marque de la situation actuelle. Le gouvernement et le président de la République avancent tel un rouleau compresseur, tentant de balayer les oppositions lorsqu’elles se font jour. Des syndicats ? Pourquoi pas, mais à la bonne place, travaillant sous l’autorité du premier ministre pour mettre en œuvre les «réformes nécessaires». Et malheur à ceux qui ne comprendraient pas l’avertissement du président de la République : «Je fais confiance aux syndicats pour réguler les relations de travail dans la branche et l’entreprise. Mais ils ne doivent pas se substituer aux détenteurs de l’intérêt général».

Malheur à ceux également qui se mettent en travers de sa route. Les « gilets jaunes » et de nombreux syndicalistes en font les frais à chaque manifestation. Le bilan de la répression depuis six mois, dressé par France Info en fin de semaine dernière, est tout simplement hallucinant : « Côté manifestants, 2448 personnes ont été blessées, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur arrêtés au 13 mai. Selon le décompte tenu par le journaliste indépendant David Dufresne, 284 personnes ont été blessées à la tête, 24 ont été éborgnées et cinq ont eu la main arrachée (...) 12 908 tirs de lanceur de balles de défense (LBD) ont été effectués lors des manifestations de "gilets jaunes" et le 1er mai. Au total, 256 enquêtes pour des soupçons de violences policières ont été ouvertes (…) Au total, 12 107 personnes ont été interpellées en six mois, dont 10718 ont été placées en garde à vue, selon l'Intérieur. Il y a eu, selon les derniers chiffres de la Chancellerie datant de début avril, près de 2 000 condamnations et autant d'affaires classées sans suite. Environ 40% des condamnations prononcées par les tribunaux étaient des peines d'emprisonnement ferme. »

La violence, l’intimidation et l’escalade répressive n’entament pourtant pas la détermination de ceux qui défendent âprement leurs intérêts. Cette détermination affaiblit le gouvernement dans sa volonté d’engager une série de «mesures » à marche forcée. à quelques jours des élections européennes, les sondages ne sont pas rassurants pour les ministres et le président de la République. LREM – alliée au Modem - serait créditée de 22%, soit 9% du corps électoral en tenant compte de l’abstention. La campagne de dernière minute autour du «péril» que représente le «nationalisme», «vieille recette» du «mitterrandisme», changera-t-elle le résultat ?

Nous verrons bien dimanche. Mais de toute évidence, c’est un rejet important des mesures prises et à venir qui va s’exprimer dans ce scrutin. Certes fragilisé, le gouvernement cherchera à aller dans la même direction. La fusion des 42 régimes de retraites, avec à la clé une réduction importante du niveau des pensions et le recul de l’âge à la retraite à travers la mise en place d’une décote, est annoncée pour septembre. La Commission Exécutive Confédérale a décidé à ce sujet de lancer une campagne pour «informer les salariés des enjeux, positions et revendications de FO»,  d’organiser un rassemblement d’ampleur nationale à la rentrée de septembre pour préparer la grève avec l’objectif de «mettre en échec le projet gouvernemental».

Préparer efficacement la grève en tournant le dos aux journées d’action, tel est l’objectif. C’est également celui des «urgentistes» de plus de 40 hôpitaux qui se réuniront samedi prochain 25 mai en assemblée générale à Paris, avec la présence des organisations syndicales dont la nôtre, pour organiser et généraliser la grève dans ce secteur et gagner sur les revendications.