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22 juillet 2019

Retraites par points: Non à la contre-réforme Macron

Entretien avec Didier Hotte, Secrétaire-adjoint de l'Union Confédérale des Retraités CGT-FO

Dans son intervention Macron a confirmé que les petites retraites seraient revalorisées de l'inflation à compter de 2020 et tous les retraités en 2021. Quelle est ta réaction à ces annonces ? N'est-ce pas quand même le produit de toutes nos manifestations ?
Il est certain que la majorité actuelle, à l’approche des élections européennes et avec la perspective des municipales l’an prochain, s’inquiète du profond ressentiment des retraités suite à la hausse de la CSG et au quasi gel des revalorisations de pension. Macron a donc envoyé un signe en remontant le curseur pour l’application de la hausse de la CSG de 1 200 € à 2 000 € et en promettant de revenir à l’indexation sur l’inflation partiellement en 2020 et totalement en 2021. C’est un recul attribuable à la mobilisation des retraités du groupe des 9.
Reste que ce qui aura été pris aux retraités ne sera pas restitué. Cette année, l’indexation de 0,3 % au lieu de 1,7 % (indice INSEE) aura quand même représenté 2,5 milliards d’€uros pris aux retraités.
Par ailleurs, indexer une partie seulement des retraités est une rupture d’égalité et pose un problème constitutionnel.
Quant à l’application de la CSG au-dessus des 2 000 €, cela pose encore une fois la question de savoir si l’on retient le revenu fiscal de référence (RFR) auquel cas, dans beaucoup de foyers, des retraités ayant moins des 2 000 € annoncés se verront quand même appliquer la CSG majorée de 1,7 point.

Le président de la République a confirmé son intention d'aller jusqu'au bout de la retraite par points et donc de la destruction des 42 régimes existants. Quelles conséquences en attendre ? 
Le but ultime est bien la destruction de tout ce que le mouvement syndical a construit depuis 1945. Pour un résultat espéré très concret : faire plus de 100 milliards d’économies. Pour le patronat, il s’agit de ramener le « coût » des retraites (près de 14 % de la richesse nationale) à la moyenne européenne soit 3 points de moins.
Même si ce n’est pas ce que le Haut-Commissaire à la réforme des retraites se donne comme objectif, il a expliqué régulièrement qu’il fallait que le nouveau système reste dans « l’enveloppe » actuelle. Or, les retraites ne relèvent pas d’une logique budgétaire mais d’une logique de droits. Et, de nouvelles générations de retraités arrivent : comment leurs pensions tiendront-elles si on considère la part actuelle de 14 % comme indépassable ?
Il n’y a qu’une solution : faire baisser le rendement du système de retraite et pour cela le système par points est la solution : les gouvernements pourront jouer avec la valeur d’achat et avec la valeur de service, au moment de la liquidation de la pension.

Le président de la République s'était engagé à ce que les actuels retraités en soient exclus. Cela te paraît-il possible et crédible ?
Non, pour les raisons ci-dessus. Si, en cas de crise économique, un gouvernement décide de geler ou même de baisser la valeur de service du point, on ne voit pas pourquoi les retraités dont la pension a été liquidée dans le système « ancien » (c’est-à-dire actuel) seraient épargnés par rapport aux retraités du système Macron : là, on nous parlerait évidemment du respect de l’égalité entre les citoyens !

Concernant la perte d'autonomie, le rapport Libault vient de sortir ainsi que le rapport du Sénat. Si le constat est dans la lignée des rapports précédents quant à la situation catastrophique des établissements, que penses-tu des pistes envisagées pour le financement des mesures à prendre : jour de congé supplémentaire, cotisation dépendance qui pourrait être la continuité de la RDS, etc. Quelle est ta réaction ?  
Le rapport Libault s’est fixé comme règle de base de ne pas créer de prélèvement supplémentaire. à partir de là, le rapporteur se liait les mains en se fixant comme seul objectif de « flécher » les financements qui existent déjà vers l’autonomie. Mais ce n’est pas ce que FO lui a demandé, à savoir la prise en charge de la dépendance/autonomie par la Sécurité sociale, sur la base d’une prestation opposable (calculée selon des règles uniformes sur tout le territoire). Le financement pouvant se faire par le biais d’une cotisation employeur : si des salariés arrivent au terme de leur vie en de mauvaises conditions de santé, c’est souvent au travail qu’ils le doivent !
Pour sa part, l’UCR-FO a participé à la rencontre entre les retraités du groupe des 9 et les fédérations syndicales de salariés du secteur de l’aide aux personnes âgées (Aide à domicile et EHPAD). Cette réunion a concrétisé un engagement à se mobiliser ensemble pour arracher les revendications du secteur, au premier rang la création de 40 000 postes de professionnels avant la fin de l’année, sachant que ce ne serait qu’un premier pas vers ce qui est nécessaire pour arriver au ratio de un soignant  pour un résident ! En tout état de cause, les retraités seront aux côtés des salariés du secteur dans les futures mobilisations.

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