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20 mai 2019

Non à la retraite par points ! « Il n’y a pas une minute à perdre »

Extraits de l’intervention de Claire Compain, Présidente de l’Union départementale des retraités FO de Loire-Atlantique

Objectif du gouvernement : Baisser le montant des pensions
Malgré les coups extrêmement violents portés contre nos systèmes de retraites, en particulier la contre-réforme Balladur de 1993 avec les passages à 40 ans de cotisations et le calcul sur les 25 meilleures années, malgré tous les coups portés en 2003, 2007, 2010 […], les retraites en France sont les meilleures d’Europe. Elles représentent aujourd’hui une enveloppe globale de 316 milliards d’euros, soit à peu près 14 % du PIB au bénéfice de 16,1 millions de retraités. 
L’objectif du gouvernement est de descendre dans un premier temps à 12 % du PIB : c’est le but assigné au régime universel à points qu’il veut mettre en place. (…) Un système qui permet de baisser drastiquement les pensions, c’est évidemment la porte ouverte, pour ceux qui en auront les moyens, à la capitalisation qu’attendent tous les assureurs... »


Unité public-privé 
« Le gouvernement explique aujourd’hui que les différences entre les régimes sont injustes et que, pour cette raison, il faudrait tout détruire. En tant que syndicalistes, ne tombons pas dans le piège.
Prenons l’exemple des retraites du secteur public : non, mes camarades, celles-ci ne sont pas supérieures à celles du privé. Une étude de la DREES(1) de juillet 2015 indique que le taux de remplacement médian des salariés du privé (retraites du régime général + complémentaire) est de 73,80 % par rapport à leur dernier salaire. Celui des salariés du public est de 72,10 % ! Montrer du doigt les soi-disant avantages de tel ou tel n’a qu’un but : remettre en cause les droits de tous ! »

La méthode 
« Plus de vingt réunions, dont de nombreuses bilatérales entre le Haut-Commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, et les organisations syndicales salariées et patronales, se sont tenues depuis le 10 octobre 2018. La méthode consiste en un flou artistique. Tout est esquissé, rien n’est affirmé. Cela fait un an que le gouvernement ne dévoile rien de précis, rien de concret. M. Delevoye interroge, pose des questions «Qui doit financer les points quand on ne travaille pas ?» ; il interroge sur le devenir de tous les mécanismes de solidarité existants, mais il ne dit rien lui-même. «Moins on en dit, mieux c’est», serait sa devise.
Pour autant, on sait que tout est d’ores et déjà ficelé. Comme il le dit lui-même à l’issue d’un colloque organisé par le Sénat : il ne s’agit pas de revenir sur l’engagement d’un régime universel par points intégral à un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous ».

Le calendrier
« Le projet de loi devrait être présenté, heureux hasard, cet été – comme les décrets Balladur du 14 août 1993 – pour que la loi puisse être votée avant fin 2019, pour une mise en route en 2025 concernant les assurés nés en 1963. M. Delevoye a indiqué qu’à l’entrée en vigueur de la loi, les droits acquis seraient traduits en pension, puis la somme obtenue transformée en points. Les règles de ce nouveau système auraient donc vocation à s’appliquer intégralement tout de suite, il n’y a donc pas une minute à perdre ! »

La question de l’âge de départ à la retraite
« Dans un système à points, l’âge n’intervient pas directement. Cela étant, MM. Macron et Delevoye ont affirmé que l’âge légal de départ à la retraite serait fixé à 62 ans. (...) Mais qu’en serait-il des départs anticipés pour longue carrière, qui permet aux salariés réunissant le nombre de trimestres requis de partir dès 60 ans ? Demain, il n’y aurait plus de trimestres, alors... aucune garantie, voire leur disparition ! Et que dire pour les travailleurs handicapés, qui peuvent aujourd’hui partir dès 56 ans ? Ou pour les services actifs dans la Fonction publique ?

La retraite à 62 ans ?
« La dernière circulaire confédérale signée par Yves Veyrier et Philippe Pihet décrit les dernières trouvailles  du gouvernement. Ce dernier émet l’idée d’un âge de référence commun à tous les assurés d’une même génération.
Autrement dit, l’âge de liquidation des droits ne serait pas le même pour tenir compte de l’espérance de vie de chaque génération. »

Vers des coefficients de majoration ?
« Le gouvernement souhaite mettre en place des coefficients majorant de 3 à 5 % chaque année supplémentaire d’activité à partir de l’âge de référence. Selon Delevoye, « si tout le monde part à l’âge de référence commun, le système est déséquilibré financièrement »...
Puisque le système conduit à une chute drastique du montant des pensions, le salarié serait contraint de partir à la retraite le plus tard possible.
Cependant, si l’on vous vire après 50 ans - par plan social ou par rupture conventionnelle - ou si vous faites partie de ces 40 % des assurés qui ne sont plus en activité à la veille de partir à la retraite (maladie, invalidité, chômage, etc.), vous ne pouvez pas reculer votre âge de départ. Et à l’âge de référence, la CPAM cessera de payer la pension d’invalidité, la CAF le paiement de l’AAH, ou Pôle Emploi les indemnités chômage... Les plus fragiles sont une nouvelle fois pénalisés... »

La revalorisation des pensions
« M.Delevoye considère que l’indexation sur l’inflation est trop dépendante de la croissance et avance l’idée d’une indexation sur les salaires... mais il s’empresse d’ajouter que «dans ce cas, le coefficient à liquidation (c’est-à-dire la valeur de service du point à la liquidation) servi par le système devra être réduit en conséquence...»

Que deviennent les réserves existantes ? 
« Aujourd’hui, les réserves de retraite s’élèvent à 126 milliards d’euros, dont 70 milliards pour les seules caisses complémentaires ARRCO/AGIRC. Ces 70 milliards, ce sont nos cotisations, notre argent. Que deviendraient-ils, si c’est l’État qui devient gestionnaire des retraites ? Ne seraient-ils pas utilisés – et donc détournés – pour compenser les déficits publics ? »


(1) DREES : Direction de la Recherche, des études, de l’évaluation et des Statistiques.

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DOSSIER SPÉCIAL RETRAITES - Périodes assimilées à des périodes d’assurance, Majorations de trimestres par enfants et droits familiaux, Pensions de réversion, Minimum contributif... Retrouvez toutes les questions relatives à la remise en cause des mécanismes de solidarité existants : https://www.fo44.org/2018/10/dossier-special-retraites-toute-la.html