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16 novembre 2019

C’est le moment !

par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique

Tous les regards sont maintenant tournés vers le 5 décembre. De nombreux éditorialistes craignent un embrasement généralisé. Le quotidien « l’Opinion » qui se définit lui-même comme « libéral, européen et pro-business » souligne le risque « d’un remake des grandes grèves de 1995 ». Le pays est clairement assis sur une poudrière. La situation se tend, les actions revendicatives se multiplient partout et un sentiment de ras-le-bol traverse maintenant tout le pays.

Un vent de panique gagne les sommets de l’Etat. Le contexte international et les mobilisations d’ampleur au Chili, en Equateur, en Irak, au Liban, en Algérie, en Espagne ou à Hong-Kong sonnent comme un avertissement. 
Les dernières mesures prises par le gouvernement contre les chômeurs suscitent en particulier un émoi considérable. Près d’un chômeur sur deux va être impacté, 16% verront le montant de leur allocation baisser de 20% en moyenne et 9% seront totalement exclus du système d’indemnisation.

Dans le même temps, le Parisien du 6 novembre publie le niveau des salaires des patrons du CAC 40. La rémunération moyenne des présidents exécutifs des groupes cotés au CAC 40, en augmentation de 12% en 2018 (14% en 2017), atteint maintenant 5,8 millions d’euros par an, soit 277 smic. La palme revient à Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, qui a perçu une rémunération de 33,1 millions d’euros en 2018, en hausse de 307% depuis 2008 ! Notons qu’au niveau international, les 26 plus grosses fortunes possèdent désormais autant d’argent que la moitié de la population mondiale.

Les mesures gouvernementales enrichissent une minorité de privilégiés au détriment de la majorité. Pour le plus grand nombre, les conditions de vie, de travail et de revenus ne cessent de se dégrader et conduisent à la détresse.

Ainsi ce vendredi 8 novembre, un étudiant s’est immolé devant le CROUS de Lyon. Avant de commettre cet acte désespéré il a laissé un message accusant  « Macron, Hollande, Sarkozy et l’Union Européenne »  de l’avoir tué. Il est maintenant entre la vie et la mort, brulé à 90%. Cet acte d’accusation, c’est le nôtre : 60% des étudiants sont contraints de travailler pour subvenir à leurs besoins dont un sur deux plus de 12 heures par semaine selon le Baromètre Santé Etudiants réalisé en Juin 2019. 41% des étudiants déclarent ne pas toujours manger à leur faim, 16% ont déjà fait appel à des distributions de repas gratuits, 43% ont dû renoncer à des soins ou à consulter dans les 12 derniers mois.

Cela n’est plus supportable.

Mais comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement confirme, avec le « système universel par points », la fin des régimes de retraite, avec des réductions très importantes du niveau des pensions et un recul mécanique de l’âge réel de départ à la retraite pour tous les salariés du privé comme du public.

N’est-il donc pas temps de frapper un grand coup, de tourner le dos aux journées d’action et de protestation à répétition et d’en finir avec toutes ces attaques ?

La détermination des agents de la RATP, en grève à 95 % le 13 septembre dernier, s’est répandue depuis comme « une trainée de poudre ». Les appels à se lancer dans la grève à compter du 5 décembre se multiplient à tous les niveaux. En Loire-Atlantique, les réunions se multiplient dans tous les secteurs pour préparer la grève, et des assemblées s’organisent le matin du 6 décembre pour reconduire celle-ci.

Cette marche à la grève inquiète l’exécutif. Ce n’est pas tant le 5 décembre qui préoccupe Macron, mais sa reconduction. C’est dans ce contexte qu’il cherche à rassurer et propose un période transitoire dite «clause du grand-père». Cette clause consisterait à n’appliquer la réforme qu’aux jeunes qui entreront sur le marché du travail après le vote de la loi, prévu en juillet 2020. Sympa pour les jeunes tout cela !

Cette clause a suscité la semaine dernière un cafouillage au sein de l’exécutif, obligeant le président de la République et le 1er ministre à recadrer Jean-Paul Delevoye, qui depuis a fait vœu d’obéissance.

Marie Cécile Renault cite dans le Figaro du 8 novembre un proche du dossier des retraites qui précise que l’objectif de Macron n’est pas tant de mettre fin à la «contre-réforme» des retraites, mais de la différer de quelques années dans l’attente d’une situation plus favorable : «ça ne prendra pas 43 ans. La bascule peut se faire au bout de 10 ou 15 ans. On accélère au bout d’un moment mais on ne peut pas le dire au départ car ça enlève l’effet d’apaisement. Un scénario peu glorieux pour Delevoye mais qui paraît jouable. Politiquement Emmanuel Macron pourrait afficher qu’il a mis en place un nouveau système dans lequel tout le monde a vocation à entrer. La promesse serait tenue. Au final, la décision, purement politique, dépendra du contexte social et du rapport de force. Rendez-vous le 6 décembre au matin ».
Ce que nous voulons, ce n’est pas le report de cette mesure scélérate, mais bien son retrait et l’abandon de toutes les contre-réformes du gouvernement. Alors tous en grève à compter du 5 décembre !


(1)Le Monde du 29 octobre 2019