par Michel Le Roc’h, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique
Le Comité confédéral national des 23 et 24 septembre dernier a condamné les mesures liberticides prises par le gouvernement au nom de la « lutte » contre la covid-19. Non seulement il a condamné ces mesures, mais il revendique le rétablissement des libertés individuelles, notamment syndicales (droit de réunion, droit de manifester…).
A l’heure où nous bouclons ce journal, le président de la République n’est pas encore intervenu à la télévision. Nous ne savons donc pas ce qui aura été annoncé. Force est de constater cependant que le gouvernement prépare les esprits à un durcissement de sa politique. Il est notamment question de couvre-feu. J’insiste sur ce mot, si lourd de sens : couvre-feu.
Rien ne justifie cette campagne menée par l’Elysée et son gouvernement. La circulation du virus, qui est effectivement préoccupante, nécessite tout simplement des mesures de santé publique, en particulier la création de lits d’hôpitaux.
Le ministre de la Santé semble terrifié par le taux d’occupation des lits de réanimation. Quelles mesures le gouvernement a-t-il prises pour doter le pays de lits en quantité suffisante ? Aucune.
Pire, le nombre de lits hospitaliers est inférieur en 2020 qu’en 2019 ! L’hôpital est exsangue. Les hospitaliers n’en peuvent plus. Finies, les grandes déclarations, la main sur le cœur, du président de la République. Finis, les applaudissements de 20h. Le « monde d’après » est exactement le même que le « monde d’avant ». Aujourd’hui, avec le soutien de FO, les personnels de 13 services du CHU de Nantes sont en grève pour la création de cinq postes et les remplacements des congés longs. Il est urgent de répondre à leurs revendications. De la même façon, il est urgent que le gouvernement verse les 183 € nets mensuels d’augmentation aux 40 000 personnels du secteur médico-social de la Fonction publique hospitalière : il en va de l’unité de cette dernière.
Au moment même où le gouvernement décide de confiner progressivement la population, celui-ci n’entend pas confiner sa politique. Le Premier ministre a même annoncé sa volonté de mettre en œuvre la contre-réforme des retraites par points, dont l’objectif est de supprimer l’ensemble des régimes existants et de baisser le montant de nos pensions.
Le camarade Yves Veyrier a eu raison, lors du dernier CCN, de rappeler que la confédération, à tous les niveaux, a pris ses responsabilités dans l’organisation de la grève à compter du 5 décembre 2019 pour en obtenir l’abandon. Et de réaffirmer que notre détermination restait intacte.
Dans l’industrie et au-delà, le patronat profite de la situation pour restructurer et licencier, avec l’aide du gouvernement et de fonds publics. L’exemple de Manitou est particulièrement frappant : la direction a annoncé un plan de 63 suppressions de postes, alors que le chiffre d’affaires de l’entreprise a augmenté de 30 % en trois ans, que son résultat 2019 est excellent, que 250 intérimaires y sont actuellement embauchés, et que celle-ci a touché pour le 1er semestre 15 millions d’euros d’aides publiques et d’allègement de cotisations (plus que le CICE) ! Ceci est bien sûr inacceptable.
Le comité confédéral national, en demandant l’abrogation des dispositions légales permettant la mise en œuvre des APC, offre un point d’appui à nos syndicats sur le terrain.
La pression dans les entreprises est énorme et tout notre soutien doit être apporté aux délégués FO qui, bien souvent le couteau sous la gorge, doivent négocier des accords moins-disant, voire des plans dits de « sauvegarde de l’emploi ». Gageons que l’accord négocié par FO au sein d’Airbus, permettant d’empêcher les licenciements « contraints », puisse être un point d’appui dans toute l’aéronautique – en particulier chez les sous-traitants – et au-delà.
Le patronat se sent des ailes, mais il reçoit également des coups de semonce : la grève de Toyota, où FO est majoritaire, en est un exemple. La victoire des hospitaliers, qui ne doivent l’augmentation indiciaire obtenue qu’à leur mobilisation, sur le terrain, avec leurs syndicats, nous montre le chemin à suivre.
Malgré le contexte « sanitaire », près de 150 camarades se sont réunis à la commission administrative élargie de notre Union départementale le 28 septembre dernier. Aujourd’hui plus que jamais, il nous revient de réunir nos instances, de regrouper les salariés, de définir les revendications et les porter à l’employeur. Cela implique que nous ne confinions pas l'action syndicale et que nous soyions résolument à l’offensive.
C’est ainsi que nous renforcerons nos implantations et que nous jouerons pleinement notre rôle dans la préparation nécessaire du rapport de force interprofessionnel.