InFOrmation syndicale

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12 décembre 2008

FO POUR UNE JOURNÉE DE GRÈVE INTERPRO

Le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly s'est prononcé lundi 3 novembre pour une journée de grève des salariés du privé et du public, estimant que "ça aurait de la gueule si Thibault (CGT), Mailly, Chérèque (CFDT)" appelaient à cesser le travail.

"Qu'il faille réagir, on en est tous convaincu. Tout simplement parce que si les salariés ne bougent pas, ça va être eux les dindons de la crise", a déclaré M. Mailly sur Canal+.

"Mais nous ne pensons pas tellement qu'une manif de plus changera les choses. Par contre je pense que ça aurait de la gueule si Thibault, Mailly, Chérèque, au nom de leurs syndicats, appelaient les salariés à une journée de grève", à "cesser le travail, le public et le privé, pendant une journée", a-t-il dit.

"Cela montrerait au président de la République qu'une grève ça se voit, et je pense que ça serait plus efficace qu'une journée de manifestation", a-t-il ajouté.

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault s'est prononcé dimanche soir pour "des manifestations de rues, très rapidement et de manière coordonnée".

M. Mailly n'a pas repris l'idée de M. Thibault d'un "droit de veto" pour les salariés dans les entreprises qui profiteraient de la crise pour licencier. "Un droit de veto, non, parce que ça veut dire qu'on est en situation de gérer l'investissement", a-t-il dit, mais il souhaite "avant, sur toutes les procédures préalables, qu'il y ait des garanties beaucoup plus fortes pour les salariés".

Sur la possibilité pour un salarié de repousser jusqu'à 70 ans son départ à la retraite, votée par les députés, le leader de FO a estimé que c'était "de la déréglementation", "pas une liberté".

"Cela veut dire qu'on est en train de mettre dans la tête des gens, +vos retraites vont être de moins en moins fortes, vous pourrez cumuler un emploi et une retraite+", a-t-il déploré, affirmant que le volontariat dans ce dispositif, "c'est du pipeau, c'est comme le travail du dimanche".

Enfin, interrogé sur La Poste, il a jugé que "ce serait vraiment une provocation si, au moment ou l'Etat doit aider les banques, on allait vers un mouvement de privatisation de La Poste".

Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy Henri Guaino a déclaré dimanche qu'il n'était "plus question pour l'instant, dans la situation où nous nous trouvons, d'ouvrir le capital de La Poste" avant de préciser quelques heures plus tard que le calendrier de cette réforme demeurait "valable".

Selon M. Mailly, lors de sa première déclaration, M. Guaino "était sincère (...), puis il a dû se faire taper sur les doigts derrière".


Éditorial de Jean-Claude MAILLY
Les annonces sur l'emploi du président de la République la semaine dernière ne sont pas de nature à enrayer la crise. Elles sont de deux ordres: celui du curatif et celui de la déréglementation.

Dans l'ordre du curatif, il s'agit d'étendre le CTP (Contrat de transition professionnelle) et de redévelopper les contrats aidés (+100 000 en 2009) après les avoir fortement réduits.

Ces mesures ne seront pas suffisantes. Il convient également de remettre sur pied un dispositif de préretraite et de relever le niveau d'indemnisation du chômage partiel, surtout au moment où les premiers plans de licenciements se multiplient (Renault, Camif, etc.).

Les autres mesures dites pour l'emploi relèvent des schémas anciens et dangereux de la déréglementation: extension du travail le dimanche, déréglementation de la durée du travail, décalage à 70 ans pour la retraite, assouplissement annoncé du CDD sous l'angle «il vaut mieux avoir un CDD qu'être chômeur», ce qu'on nous disait en 2006 pour le CPE et le CNE. Comme si l'augmentation du chômage était liée à la rigidité des contrats de travail et non à la crise du système!

Il y a enfin la pression inacceptable sur les négociations interprofessionnelles, pression telle qu'elle tend maintenant à compromettre la liberté de négociation. En quelque sorte, on veut des syndicats forts à condition qu'ils fassent ce qu'on leur demande.

Et toujours rien sur la nécessité d'une politique économique dynamique, axée sur la relance de la demande, sur des travaux d'infrastructure, sur une stratégie industrielle, autant d'éléments indispensables qui nécessitent un engagement clair et déterminé des pouvoirs publics, plus prompts à essayer de contrer les aspects financiers de la crise que ses impacts sociaux.

Pour toutes ces raisons, il convient de resouligner la nécessité d'agir sur le plan interprofessionnel par une action commune, claire et déterminée,
sous la forme d'une journée de grève interprofessionnelle, comme l'a rappelé notre récent Comité confédéral national.

Le lundi 3 novembre, le président de la République aura consulté les cinq confédérations françaises sur la situation internationale, notamment avant le G20 qui se tiendra à Washington le 15 novembre.

En ce qui concerne Force Ouvrière, nous lui aurons rappelé que la crise est une crise du système capitaliste, que le mouvement syndical international l'avait quasiment annoncée et qu'il avait suggéré, sans être entendu, des politiques coordonnées de relance budgétaire et d'assouplissement monétaire.

Comme revendication, nous aurons notamment mis l'accent sur: ­
  • des mesures d'urgence pour lutter contre la faim et la pauvreté (le BIT prévoit 20 millions de chômeurs supplémentaires et 40 millions de travailleurs pauvres en plus); ­
  • renforcer le rôle des organismes internationaux (FMI ­ Banque mondiale ­ OMC) pour imposer comme critères le respect des droits de l'homme, des principes démocratiques et des normes internationales du travail. Il faut, en quelque sorte, renverser la vapeur; ­
  • la suppression des paradis fiscaux et du secret bancaire, avec dans une première étape des taxes dissuasives; ­
  • une taxation plus forte des profits allant aux dividendes qui ne cessent d'augmenter depuis vingt ans; ­
  • une politique concentrée de relance des salaires et de plafonnement des salaires des dirigeants; ­ une série de règles concernant les établissements financiers, ainsi qu'un contrôle de ces règles par les pouvoirs publics.

À l'origine de la crise figure comme élément essentiel la répartition de plus en plus inégalitaire des richesses produites. La part croissante qui est allée aux actionnaires (les dividendes ont triplé de voulume en France en vingt-cinq ans) est venue supplanter celle allant aux salaires et aux investissements. Cela a conduit à accroître l'endettement et à restreindre partout les dépenses publiques et sociales, et à accélérer la déréglementation pour accroître la compétitivité afin de répondre à l'appétit des actionnaires.

Il faut mettre fin au «toujours plus pour les actionnaires».

La revendication n'est pas nouvelle (les salaires avant la Bourse), mais elle est aujourd'hui d'une nécessité et d'une acuité criante.