Dans "Les Echos" (chronique de Favilla publiée le 18 décembre 2008 *), le "chroniqueur" expose que l'onde de choc provoquée par le "mélange" social et politique ayant embrasé la Grèce à la fin 2008 pourrait bien se propager à toute l'Europe, et à la France en particulier.
Et "Les Echos" d'en conclure que si le ministre Darcos avait reporté sa réforme des lycées, c'était justement par épouvante d'une version française du "Mélange à la grecque".Un mois plus tard ce diagnostic est toujours d'actualité... ... Et même plus actuel en janvier 2009 qu'à la mi-décembre 2009 : par crainte du "Mélange", M. Darcos a aussi reculé sur le dossier des EPEP dans l'enseignement primaire, et le gouvernement a capitulé sur le travail du dimanche.
Ce qui n'a nullement empêché le "Mélange à la française" de s'enrichir en quelques semaines de nouveaux barils de poudre : une situation explosive dans les IUT, voire toute l'université, la révolte qui gronde des hospitaliers, et dans le privé le refus des travailleurs de payer la crise.
Bref, dans le "Mélange à la française", tout converge fort vers la grève interpro du 29 janvier.
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18 décembre 2008 à Nantes : manifestation monstre des lycéens, soutenus par les enseignants. Le ministre Darcos vient de reporter sa "réforme" des lycées par crainte d'un raz-de-marée comparable au mouvement anti-CPE de 2005. Mais la jeunesse reste mobilisée pour le retrait pur et simple du projet Darcos.
Au cours des semaines précédentes, FO avait été la seule organisation syndicale à exiger le "RETRAIT" de la "réforme des lycées", le terme "RETRAIT" étant soigneusement esquivé par les autres "acteurs" du paysage syndical enseignant.
Faire aussi reculer Darcos sur les lycées professionnels Le SN FO LC enregistre comme un important succès le recul du ministre et sa décision de reporter d’un an la réforme des lycées et de rouvrir les négociations avec les organisations syndicales. Pour les personnels, c’est un encouragement à faire valoir leurs revendications en défense des missions de l’école publique et du lycée, en défense du baccalauréat comme diplôme national, en défense de leurs garanties statutaires. Mais le ministre ne doit pas se tromper : ce n’est pas un simple report qui peut mettre fin au conflit. Dans de nombreux établissements des assemblées générales exigent : « Monsieur le ministre nous voulons l’abandon total et définitif de la réforme du lycée, rétablissez les postes supprimés ! » Ce premier recul est aussi un encouragement pour obtenir l’abandon de la réforme des bacs pro. En effet, pour l’instant «en expérimentation», cette réforme représente une véritable casse de l’enseignement professionnel :
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Après les IUT, toute l'Université en résistance ?
Les instituts universitaires de technologie (IUT) ont connu une mobilisation sans précédent en décembre 2008. Les enseignants et les étudiants :
- refusent l'intégration des IUT dans les universités "autonomes" de la loi Pécresse (dite loi LRU),
- exigent le maintien de la définition nationale des programmes,
- exigent de même le maintien d'un "fléchage" national des moyens financiers et humains, contre la dilution des moyens dans ceux de chaque université.
Les directeurs d'IUT, voyant leurs prérogatives personnelles remises en cause par la LRU, ont dans un premier temps "conduit" le mouvement pour s'imposer comme seuls interlocuteurs face au ministre. Mais au fil des journées de grève, à l'initiative notamment de nos camarades SNPREES-FO du Mans et de la Roche-sur-Yon, une organisation des personnels s'est structurée indépendamment des directeurs. Cela a abouti, le 17 décembre à Paris, à une assemblée centralisée des délégués des AG locales des personnels. Un mot d'ordre de grève pour le 22 janvier y a été lancé
Mais désormais, c'est toute l'université qui pourrait s'embraser contre les projets ministériels découlant de la LRU, en particulier le projet de décret détruisant le statut de 1984 des enseignants.
De nombreux conseils d'administration universitaires votent pour le retrait des réformes, et la revendication d'"abrogation" de la LRU se fait jour dans certaines assemblées générales.
C'est une véritable crise institutionnelle qui point à l'horizon.
SARKULE ENCORE (le syndrome grec a encore frappé)
Après la suspension de la réforme des Lycées (FO en demande l'abandon), l'examen par l'Assemblée Nationale du texte sur le travail du dimanche est reporté "sine die" (FO demande également l'abandon de cette contre-réforme).
Le gouvernement recule encore : ce 9 janvier le ministre Darcos en rajoute dans la valse-hésitation: il divise par deux les suppressions de postes Rased (spécialisés dans l'aide aux élèves en difficultés), soit 1500 au lieu de 3000. Certes ça ne fait pas le compte, mais la brèche est ouverte pour obtenir l'annulation de toutes les suppressions de postes.
" C'est la fin du début..." commente le journal La Tribune.
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Chacun le sent bien : le moment est venu de dresser le rapport de forces susceptible d'arracher les revendications.
Jeudi 29 janvier, tous en grève, tous ensemble, salariés du public et du privé !