Depuis quelques semaines, les accrochages entre syndicalistes de la SNCF se multiplient. Ces tensions sont la conséquence directe des élections professionnelles du 26 mars, qui ont divisé le paysage en deux camps.
D'un côté, il y a la CGT, l'UNSA, SUD-Rail et la CFDT - alliée à la FGAAC (agents de conduite, autonomes) - qui ont recueilli au moins 10 % des voix sur le plan national et qui sont donc considérées comme représentatives, en vertu de la loi du 20 août 2008 "portant rénovation de la démocratie sociale".
De l'autre, il y a FO et la CFTC, sous la barre des 10 %. Ces deux organisations n'étant plus représentatives, elles ne peuvent désormais ni négocier ni signer d'accord - ce qui est conforme à la nouvelle législation. Ce qui l'est moins en revanche, selon elles, c'est l'application de nouvelles règles dans les régions ou dans les établissements où elles ont obtenu plus de 10 % des suffrages : même à ces échelons-là, elles sont chassées des postes-clés à cause des pratiques anti-démocratiques du "gang des quatre", selon la formule d'Eric Falempin, secrétaire général de FO-cheminots.
Face à la détermination du tandem Thibault-Chérèque à refuser d'appeler, comme le demande FO, à la grève interprofessionnelle, des militants et des structures CGT commencent à exprimer sur internet leur ras-le-bol des manifs saute-mouton.
Le 19 mars dernier, l'AG des militants CGT du Havre adoptait un "appel", rendu public, proclamant : " Les journées de grève et de manifestations dès 29 janvier et 19 mars, même si elles ont été un incontestable succès, ne suffiront pas à obliger le gouvernement et le patronat à reculer.
(...) Comme en Guadeloupe, nous exigeons une augmentation de 200 € pour tous, salariés, retraités, chômeurs et minima sociaux. (...) Il faut que la CGT annonce son intention de bloquer le pays par une grève générale reconductible si possible dans l’unité jusqu’à satisfaction de nos revendications".
On trouve aujourd'hui sur plusieurs sites web, dont celui de la CGT du conseil général de Corrèze la "lettre ouverte à Bernard Thibault", en date du 2 mai 2009, de Marcel COLLET, retraité SNCF mayennais et "militant CGT depuis 1955".
Lettre ouverte d'un cheminot CGT à B. Thibault Extraits : " Je viens d’écouter ta déclaration sur France-Inter, ainsi que celles de J.C. Mailly et F. Chérèque. (...) Déclaration correcte du secrétaire général de FO, qui propose que, après les succès du 1er Mai, il faut organiser une grève nationale inter-professionnelle. Ensuite (j’ai vraiment l’impression qu’avec Chérèque, vous vous êtes partagé le sale boulot) tu es le 2ème intervenant. Pour dire qu’il n’est pas possible de demander aux travailleurs de faire grève, vu qu’ils ont de grosses difficultés financières. (...) Il n’est pas interdit de rêver. Penser que l’on peut faire reculer avec deux manifs par trimestre, c’est s’inscrire dans le domaine du rêve et de l’illusion ! (...) En 1968 (...) parmi les grévistes, des millions étaient payés au SMIC, quelquefois moins, notamment les jeunes qui subissaient des abattements et les salariés de l’agriculture. (... et exemple récent...) : Nos camarades de Guadeloupe (44 jours de grève) et de Martinique, encore plus mal payés qu’en Métropole se sont engagés dans une lutte difficile, et ils ont imposés les résultats que l’ont connaît. (...) Les directions confédérales portent une partie importante de la responsabilité de (la) situation (actuelle) (...) Il est grand temps que la Direction Confédérale entende cette volonté d’agir Tous Ensemble. A de nombreuses occasions, nous avons imposé des acquis considérables, notamment en 1953, 1968, 1995. (..) J’ose espérer que ces aspirations qui grandissent partout à la base seront enfin entendues. Salutations syndicalistes. |