InFOrmation syndicale

29 AU 31 OCTOBRE STAGE "CONNAÎTRE SES DROITS" --- 4 AU 8 NOVEMBRE STAGE "FONCTIONNEMENT ET COMMUNICATION DU SYNDICAT" --- 16 AU 20 DÉCEMBRE STAGE "DÉCOUVERTE FO ET MOYENS D'ACTION DU SYNDICAT" --- ...

12 septembre 2009

LES ''G.O.'' DES ÉTATS-GÉNÉRAUX *


* "G.O." : à l'instar des "Gentils Organisateurs" du Club Méditerranée et/ou du célèbre film "Les bronzés"


Saura-t-on jamais si ces deux là ont passé ensemble leurs vacances?

En tout cas, ils se sont retrouvés dès le 27 août dans le cadre de l’université d’été de la CFDT. Bernard Thibault, invité d’honneur de son complice, François Chérèque, participait à une table ronde sur le thème : « demain le syndicalisme ».

Faut dire qu’ils s’y connaissent, puisqu’ils ont signé ensemble la «Position commune», devenue quelques semaines plus tard, par la grâce de Sarkozy, la «loi sur la représentativité syndicale».

Il manquait l’autre signataire, Laurence Parisot, pour compléter le tableau. Tous ces gens là s’entendent comme «larrons en foire».

Certes, chacun «reste dans son rôle», mais c’est bien ensemble qu’ils agissent.

Ainsi a-t-on vu, depuis le début de l’année, les responsables de la CGT et de la CFDT organiser scientifiquement la démobilisation de la classe ouvrière.


Alors que la crise économique provoque des centaines de fermetures d’entreprises et des milliers de licenciements, le gouvernement vient massivement au secours des banques en sortant de son chapeau des milliards d’euros. Ecoeurée, la classe ouvrière descend massivement dans la rue en janvier et mars. Le gouvernement ne répond à aucune des revendications. Rien pour les salariés, mais il accorde à la CFDT la création du FISO (Fonds d'investissement social, ayant vocation à l'accompagnement social des licenciements par la formation des chômeurs), qui, au mieux, est une nouvelle "usine à gaz", au pire une machine à broyer l’indépendance syndicale en associant les organisations syndicales à la «gestion de la crise», en particulier en les faisant cautionner les licenciements.

Notons que cette «revendication» est bien dans la logique de la CFDT.

Seuls les naïfs, ou ceux qui ne veulent pas voir, ont pu croire que cette organisation avait rompu avec ses origines: François Chérèque, à deux reprises, a rappelé cet été qu’il n’en est rien.

- Il a d’abord participé, le 15 juillet dernier, à la Grand'messe organisée par l'Archevêque de Paris au Collège des Bernardins, aux fins d'assurer la promotion de l'encyclique sociale Caritas in veritate, dont venait de se fendre le Saint-Père Benoît XVI.

L'autre invité-vedette du Cardinal de Paris était M. Michel Camdessus, Président «Semaines Sociales» de notre Sainte mère l'Eglise et ancien directeur du FMI (1).

François Chérèque, devant une assistance bien pensante et conquise, a «planché» sur l'encyclique. Il a déclaré partager les "constats lourds" de Benoît XVI, dont l'encyclique répondrait à la "crise morale" et à la "crise de sens" accompagnant et révélées par "la crise économique, sociétale et environnementale" (cf. La Croix du 16/07/2009).

Il faut dire que l'Encyclique de Benoît XVI vise, dans le sillage de celles du Pape Paul VI il y a 40 ans, rien moins qu'au label de "Rerum Novarum de l'époque contemporaine".

Laquelle Rerum Novarum (1891, première des encycliques sociales) fut et reste la référence historique du syndicalisme chrétien, et constitue le principal fondement idéologique du corporatisme.

Elle a entre autres à ce titre, rappelons-le aux amnésiques, largement inspiré tous les régimes fascistes.

- Un mois et demi après cette docte péroraison juillettiste sur l'Encyclique, Jacques Chérèque, à l'occasion de la toute récente Université d'été de la CFDT dont Thibault était l'invité d'honneur, a lancé à la CFTC un vibrant appel à la réunification.

Il s’est étonné qu’il soit difficile de réunir deux organisations ayant la même origine et la même doctrine, alors qu’à l’échelle internationale la CSI rassemble des organisations qui ont un passé différent et des doctrines parfois opposées. (2)

Ces manœuvres estivales étant terminées, il faut maintenant passer aux choses sérieuses. Certes la CFDT et la CGT sont parvenues avant l’été à «fatiguer» la classe ouvrière en multipliant les journées d’actions. Mais tout cela laisse des traces. En 2003 Chérèque avait subi des départs massifs de la CFDT. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, c’est Thibault qui est aujourd’hui bousculé.

Compte tenu des traditions staliniennes de la direction de la CGT, il ne faut certainement pas compter sur des bouleversements majeurs à l’occasion du Congrès confédéral de la CGT, qui se tiendra à Nantes début décembre.

Pour autant, il est incontestable que le mécontentement est considérable dans les syndicats CGT. Chérèque et Thibault se sont mis d’accord sur une chose : dire NON à Mailly. En effet ils viennent à nouveau de refuser la proposition de notre organisation d’une journée de grève. Ils vont donc continuer les opérations de diversion. Ainsi, Bernard Thibault vient de concocter avec Monsieur Sarkozy des «Etats généraux de l’industrie», qui devraient se tenir avant la fin de l’année.

On risque ainsi d’être confrontés à une opération de type «nouvelle gouvernance», dont l’objectif sera d’associer, voire d’intégrer les organisations syndicales.

Mais il n'est pas certain que les militants CGT suivent.

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Nous concernant, il nous faudra naturellement tout mettre en œuvre pour préserver notre indépendance.

... D'autant que pendant ce temps là, les licenciements continuent ; et, quoi qu’en disent les experts (ceux qui n’avaient rien vu venir, et qui aujourd’hui voient la fin de la crise), risquent malheureusement de s’amplifier.

Le gouvernement envisage une nouvelle augmentation du forfait hospitalier et de nouveaux déremboursements de médicaments.

Il invente un nouvel impôt : «la taxe carbone». A ce propos, ne nous faisons aucune illusion. Peut-être y aura-t-il quelques mesures symboliques pour «taxer les riches» ; mais, comme d’habitude, le vieil adage des fiscalistes sera appliqué : « Il vaut mieux faire payer les pauvres, ils sont plus nombreux ».

Pour ce genre de choses, le gouvernement peut compter sur Michel Rocard, qui déjà a créé la CSG. Cette fois il bénéficie de l’appui de la CGT et de la CFDT, qui siègent dans sa commission (3).

On pourrait bien sûr ajouter les multiples augmentations, par exemple de l’électricité, qui frappent les salariés, les suppressions de postes dans la fonction publique (en particulier l’enseignement), la poursuite du démantèlement de la République via la RGPP et la réforme Balladur, la privatisation de la Poste, la réforme hospitalière et celle des retraites prévue en 2010, etc.

Le gouvernement compte sur l’aide de la direction de la CGT et de la CFDT pour faire passer toutes ces mesures. Il spécule aussi sur la démoralisation de la classe ouvrière.

Sur ce point, parions qu’il se trompe.

Bien sûr, pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de perspectives.

Mais le refus de notre Confédération de cautionner les journées d’action stériles a l’immense avantage d’empêcher une situation à l’italienne, comme celle qui se profile pour les partis politiques avec ce projet de «primaires à gauche».

Cette décision va aussi provoquer la discussion ; et n’oublions pas qu'en dernière analyse «l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes».



(1) - M. Sarkozy, qui ne manque pas d’humour, vient de faire appel aux compétences de ce même M. Camdessus pour participer à la lutte contre les «bonus excessifs» !

(2) - J. Chérèque a déclaré qu'il était anormal qu'il existe "deux syndicats de même culture, aussi proches l'un de l'autre que la CFDT et la CFTC (...) Je regrette que ce soit impossible (...) que les deux syndicats travaillent ensemble pour construire une organisation".

Rappel historique : la CFTC s'est constituée en 1919. Elle a connu une scission lors de son congrès de 1964, d'où est issue la proclamation de la CFDT.

(3) - Vu dans la "météo sociale" en page 4, l'interview par le "Nouvel Obs" de Pierre Bompard, délégué CFDT à l'Energie.



Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique