InFOrmation syndicale

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10 octobre 2009

LES SAUTENT MOUTONS


Rarement dans l'Histoire des dernières décennies, la poussée convergente des exaspérations et des revendications n'avait été aussi forte que dans les 3 ou 4 premiers mois de 2009.


A tel point, nous avions rapporté leurs propos dans ces colonnes, que de M. Georges Pébereau (ex-patron de la CGE), à M. Dominique de Villepin, les plus lucides parmi les représentants du monde des affaires et de la politique jouaient les Cassandre, quasi unanimes sur le diagnostic. "Nous sommes à n’en pas douter", pronostiquaient-ils, dans le sillage de M. Pébereau, "dans une période prérévolutionnaire, au sens de 1789."


" Nous sommes tous des guadeloupéens ! "

Il faut dire que ça poussait de partout, et sans cesse plus fort, pour en terminer avec l'austérité salariale perdurant depuis 1982 (voir dossier en page 7) et avec les contre-réformes dictées par l'Union européenne.

La revendication des "200 euros pour tous" se répandit comme une traînée de poudre dans les territoires et départements d'Outre-Mer, relayée en métropole par le "Nous sommes tous des Guadeloupéens" qui cristallisait les revendications salariales du privé comme du public.

Dans le même temps, situation sans précédent (même en 1968), on vit des mois durant les universitaires en grève, contre les "réformes" Pécresse.

Bref, un rapport de forces exceptionnel, comme il s'en présente guère souvent, pour emporter satisfaction des revendications.

Mais il aurait fallu que l'action unie sur les revendications fût à la hauteur : en l'occurrence la grève interprofessionnelle pour "bloquer le pays", que proposait notre confédération, mais dont MM. Chérèque et Thibault ne voulaient surtout pas entendre parler. Quitte, pour le second, à prendre à rebrousse-poils les propres militants de la CGT.

Dans ce contexte, et malgré les divergences entre confédérations, la journée d'action intersyndicale du 29 janvier fut un énorme succès : pas moins de 2 500 000 manifestants.

Le gouvernement refusant de céder aux revendications, la question des suites à donner au 29 janvier se posa d'emblée. FO proposa donc de passer cette fois au palier supérieur, le seul possible désormais étant la grève interprofessionnelle.

Nouveau niet de la CGT et de la CFDT, et nouvelle "journée d'action" le 19 mars. Ce jour-là, les manifestants (3 millions) étaient encore plus nombreux que le 29 janvier. Mais le gouvernement persévérant dans son intransigeance, la nécessité de donner une suite par la grève interpro au 19 mars s'imposait avec encore plus d'acuité qu'au lendemain du 29 janvier.


Les "familles" et la "dimension festive" substituées à la grève

On connaît la trouvaille de Thibault et Chérèque pour évacuer la grève et éviter tout "blocage du pays" : des promenades saute-mouton désormais en week-end ou jour férié. Avec les "familles" pour qu'il y ait encore plus de monde justifiait Chérèque, tandis qu'à la réunion nationale des organismes CGT du Premier avril, Maryse Dumas fustigeait "certains", qui, dans la CGT, jugent "plan-plan" les journées "qualifiées de sauts de puce, saute-mouton et j'en passe". Et Maryse Dumas, se projetant dans "l'après Premier mai" de dévoiler comment, sans grève interprofessionnelle, parvenir à "un déploiement exceptionnel" : à l'avenir "les dimensions festives et revendicatives doivent se côtoyer".

La suite était prévisible : la classe ouvrière, pas dupe du coup de Jarnac, a tiré sa révérence ; et ni les "familles", ni la "dimension festive" ne sont venues donner l'éclat (faussement) escompté aux "rassemblements unitaires" du 1er mai, et moins encore aux journées saute-mouton qui ont suivi. De decrescendo en decrescendo, celle du samedi 13 juin tourna au fiasco : 20 fois moins de manifestants que le 19 mars.


Thibault et Chérèque persistent et signent

Thibault et Chérèque sont bien sûr parfaitement conscients du fait que le ras-le-bol des promenades saute-mouton n'est pas, ou n'est plus, un apanage Force Ouvrière, mais la dominante de la conscience ouvrière, et la dominante aussi dans la CGT, voire la CFDT.

Ceci dit, pas question pour eux de changer le cap : à la CFDT le soin de continuer à apposer son label sur les contre-réformes inscrites sur l'agenda du gouvernement et du Medef. Au "grand méchant mou" CGT la tâche d'organiser juste ce qu'il faut de contestation raisonnable, tout en couvrant la CFDT.

Trépignant d'impatience, la CFDT exige au plus vite une taxe carbone ponctionnant les porte-monnaie au nom de l'écologie, "une réforme du dialogue social" impliquant les salariés dans les "décisions stratégiques des entreprises", et un "Grenelle des Retraites", avec "remise à plat de tous les paramètres des systèmes de retraite". Madame Parisot a dit explicitement son enthousiasme.

... Et Bernard Thibault implicitement : c'est tout le sens "historique" de sa participation à université d'été de la CFDT. Une manière de signifier aux militants et responsables "contestataires" CGT, que tout est bouclé, et que le prochain congrès confédéral ne fera qu'entériner le jeu de rôles, désormais bien rôdé, entre la CGT et la CFDT.


Les processions supplantées par des symboliques fortes ?

Mais il y a désormais plus qu'une faille dans le dispositif Thibault-Chérèque. Comment poursuivre le jeu de rôles, baliser la "contestation raisonnable", quand les militants, et même bien des responsables, CFDT et à fortiori CGT, en ont leur "overdose" de jouer à saute-mouton ?

C'est là toute la difficulté de l'exercice de la nouvelle journée interprofessionnelle (sans grève bien sûr) concoctée le 7 octobre prochain par la CGT et la CFDT: à quoi diantre pouvoir jouer, quand il ne reste plus de volontaires sur le terrain pour jouer à saute-mouton ?

Invitée par l'UD CGT 44 le 14 septembre dernier à une intersyndicale départementale pour faire le point de la situation sociale et discuter du "7 octobre", l'UD-FO a participé à la rencontre, tout en prévenant de sa non participation aux initiatives "unitaires" de cette journée.

Cette rencontre intersyndicale a été l'occasion de prendre la mesure de la nasse dans laquelle les programmeurs nationaux de journées saute-mouton ont plongé leurs instances locales. Par delà les divergences d'appréciation sur la situation, un constat commun de ceux qui, par obligation, vont devoir être de corvée de 7 octobre : ce 7 octobre s'annonce comme un 13 juin-bis, peut-être en un peu moins mal, mais peut-être pire.

Dans ces conditions, délicat d'appeler à une manif ou un rassemblement. Comme ersatz alors, trouver une action originale, porteuse d'une symbolique forte, si possible dans un lieu lui-même à forte charge symbolique... La réunion s'est achevée sans que nul n'ait déniché le symbole fort salvateur...


A quand le retour à une vraie action syndicale ?

Face à semblable situation dégradée, le rôle de FO, une fois de plus, peut être déterminant.

Comme à plusieurs reprises ces dernières décennies, notamment en novembre 1995, où notre indépendance syndicale, qui parfois nous isole, a été à l'origine des grèves et manifestations que l'on sait, contraignant la CGT réunie en congrès à nous emboîter le pas.

Alors en 2009 (... ou 2010) ?