InFOrmation syndicale

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30 janvier 2010

L'HOMME QUI DIT NON


C’est maintenant un fait acquis, 2010 sera l’année de la rigueur. Le Premier ministre l’a annoncé discrètement, et Sarkozy lui-même l'a confirméc à l'occasion de son show télévisuel du 25 janvier.

Bien sûr, ce n’est qu’après les élections régionales que le gouvernement rendra public ses décisions. Pourtant, on peut sans risques parier que ce plan de rigueur sera particulièrement sévère.

Il faut en effet satisfaire aux exigences de l’Union européenne. Pour rentrer dans les clous de critères de convergences économiques du Traité de Maastricht, le gouvernement doit trouver selon Eric Woerth 100 milliards d’euros dont 50 seront obtenus grâce au retour de la croissance.

Pendant que certains s’agitent pour décrocher un strapontin dans une quelconque assemblée régionale, les ordinateurs du Ministère tournent à plein régime : où donc trouver tous ces milliards ?

Pas question bien sûr de taxer les banques ou les patrons car cela ferait "fuir les capitaux". Au contraire, pour eux, on multiplie les mesures fiscales et les exonérations (environ 30 milliards en 2009). L’argument avancé pour justifier ces mesures est totalement ridicule; il s’agit, nous dit-on de sauver les emplois en protégeant les investisseurs.

En réalité, grâce à la libre circulation des biens et des personnes, toutes ces "aides" sont utilisées pour multiplier les investissements dans les pays à faible coût de main d'oeuvre. L’exemple récent de Renault est particulièrement révélateur. Les 3 milliards d'euros d’aide versés en 2009 à l’industrie automobile n'ont pas empêché le constructeur d'envisager de délocaliser la production de la Clio en Turquie. Certes le Président Sarkozy a été obligé de convoquer le patron de Renault pour lui taper sur les doigts, mais cette entreprise ayant été privatisée, il est probable que ses projets seront mis en œuvre dès que la tempête médiatique sera apaisée.

Le gouvernement ira donc chercher tous ces milliards auprès de la grande masse des français, en particulier des salariés. Ceux-là, ils sont nombreux, ne peuvent pas exercer un quelconque chantage et ne peuvent pas s’expatrier.

Déjà, nous savons que la suppression de la taxe professionnelle va se traduire par une augmentation substantielle des impôts. Et puis, il y a la fameuse taxe carbone. Depuis quelques années, les responsables politiques de droite et de gauche ont bien compris tout le profit qu’ils pourraient tirer des thèses réactionnaires qui gravitent autour du prétendu "développement durable".

Il faut appeler un chat un chat. Ces gens là sont dangereux.

Nombre d’entre eux sont probablement des naïfs, victimes de la propagande assénée à longueur de journée, mais l’ignorance n’est ni une vertu, ni une excuse. Que le système capitaliste, fondé sur le profit, ne tienne pas compte de notre environnement, en voilà une belle découverte.

Les plus grandes victimes de ce système sont d’ailleurs les salariés, qui subissent le chômage, les maladies professionnelles, les accidents du travail et sont souvent réduits à la misère. Opposer l’homme à la nature est totalement absurde.

En tout cas, les gouvernements, qui eux ne sont pas naïfs, ont bien compris l’intérêt de ces thèses à la mode, qui permettent de justifier de nouveaux impôts en apparaissant en plus comme des "protecteurs" d'une nature déifiée.

Parmi toutes les mesures en préparation pour le plan de rigueur, nous savons qu’il y a surtout la "réforme des retraites". Nous commençons à voir comment les forces se mettent en place.

Évidemment, il faut des ressources supplémentaires pour financer nos retraites. Nous avons, avec la Confédération, démontré qu’en augmentant les salaires, en diminuant le chômage, en augmentant raisonnablement les cotisations et en supprimant les exonérations patronales, il serait non seulement possible de préserver nos retraites dans le public comme dans le privé, mais aussi de revenir aux règles qui prévalaient jusqu’en 1993, en particulier 37,5 années de cotisations, le calcul de la retraite sur les 10 meilleures années et l’indexation sur les salaires et non sur les prix. Mais nous savons bien que le but de la manoeuvre n’est pas celui-là.

Il s’agit une nouvelle fois d’affaiblir notre protection sociale pour "diminuer le coût du travail" en baissant nos cotisations donc notre salaire (à Force Ouvrière, nous considérons que les cotisations sont partie intégrante du salaire, ce que nous appelons plus couramment le salaire différé).

Dans cette bataille qui s’annonce, chacun prend ses marques. Ainsi Mme Aubry a déclaré qu’il faudrait probablement repousser l’âge de départ en retraite. Cette déclaration est peut-être maladroite, mais elle est surtout inutile car dans les faits, l’âge de la retraite est déjà passé au-delà de 60 ans. Certes légalement, nous pouvons toujours faire valoir notre droit à 60 ans, mais ce droit est devenu largement théorique dès lors qu’il faut en 2010 additionner 40,5 années de cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein.

A contrario, ceux qui prétendent que la durée de cotisations n’est pas un problème ou qui considèrent que l’allongement de la durée de cotisations est un "fait incontournable" et qui pourtant continuent à exiger le maintien de la retraite à 60 ans, sont des Tartuffes.

Pour noyer le poisson et semer la confusion, les responsables de la CGT et de la CFDT multiplient les "propositions constructives". Ce tintamarre soigneusement orchestré a pour objectif d’accompagner les projets du gouvernement.

La CFDT a déjà en 1995 et 2003 choisi son camp. La Direction de la CGT lui emboîte le pas, mais se heurte à une résistance interne qui s’est partiellement réfractée au cours de son dernier Congrès Confédéral.

Dans ce contexte, il est certain qu’une fois encore la mobilisation contre le futur plan de rigueur et contre la "réforme" des retraites reposera sur notre organisation.

C’est pourquoi notre Union départementale, quand le moment sera venu, s’adressera à toutes les organisations. Sur la base de nos revendications, celles adoptées à notre dernier Congrès Confédéral, nous proposerons de mobiliser la classe ouvrière.

Alors nous verrons bien les positions réelles des uns et des autres. En tous cas, même seul, s’il le faut, notre Union départementale n’hésitera pas à appeler à manifester devant la Préfecture pour dire NON.

Sur le terrain de la lutte des classes c’est aussi l’hommage que l’on peut rendre à Alexandre Hébert qui aimait à citer Albert Camus : "Qu’est-ce qu’un homme révolté ? Un homme qui dit non !"

Il ne manque décidément pas de raisons de se révolter, donc de dire NON !


Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique