Les ménages n’ont plus d’argent, salaires en berne et frais fixes en hausse? Qu’à cela ne tienne, il suffit de donner un coup de lifting au crédit à la consommation, comme vient de le faire la loi Lagarde. Elle donne une fausse impression de sécurité aux emprunteurs potentiels, rendus prudents par le contexte socio-économique, entraînant une chute historique de 13,3% des prêts à la consommation en 2009. À part quelques mesures cosmétiques, comme l’interdiction des publicités trop agressives, ou correctrices d’excès mettant en danger le système, la loi Lagarde, pleinement entrée en application le dimanche 1er mai, tend à conforter le crédit et les établissements de crédit, tout en réduisant les risques d’insolvabilité, histoire de ne pas multiplier les créances douteuses.
Les taux d’intérêt des crédits renouvelables (anciennement appelés crédit revolving, crédit permanent ou réserve d’argent), concernant un ménage français sur trois, vont continuer, jusqu’en 2013, à flirter avec la limite de l’usure, fixée par la loi à 20,7%. On comprend l’intérêt que leur portent les banques, les taux des prêts personnels étant quant à eux plutôt en baisse. Si les établissements de crédit ont désormais l’obligation de proposer en alternative un prêt personnel, il reste que nombre de ménages n’ont pas d’autre choix que de prendre un renouvelable.
On comprend que Mme Lagarde, ministre de l’Économie d’un gouvernement horrifié à l’idée de toute hausse de salaire, déclare, dès 2009: «Je ne veux pas supprimer le crédit renouvelable. Je veux que le crédit renouvelable soit un crédit responsable.» Mais surtout coupable car impliqué dans 82% des dossiers de surendettement, selon les chiffres récents fournis par la Banque de France.
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Article paru dans FO Hebdo n°2988