InFOrmation syndicale

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06 décembre 2011

LES SOMMETS SOCIAUX, CE SONT EN GENERAL DES OPERATIONS DE COMMUNICATION

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, explicite ses craintes pour l’emploi - Interview de Jean-Claude Mailly du 2 décembre 2011 sur BFM


Hedwige Chevrillon : Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi soir qu’il convoquerait en janvier un sommet social sur l’emploi. Est-ce que cela vous satisfait ?
Jean-Claude Mailly: Pourquoi faire un sommet social ? On n’a jamais boudé les réunions, même si ce n’est pas le mode de réunion qu’on préfère. Moi j’appelle ça les grands messes. Les sommets ce sont en général des opérations de communication.

Nicolas Prissette : Mais vous allez accepter d’y aller ?
Jean-Claude Mailly : Vraisemblablement, mais ce n’est pas là que se règlent les problèmes. Soit on en discute avant et des annonces sont faites ce jour-là. Soit, comme ça se faisait auparavant, le sommet terminé, le conseiller social prend les journalistes, explique comment ça se passe…
Mais je n’ai pas avalé la façon dont le président de la République a présenté les choses jeudi. Quand il dit "on va faire un sommet social sur l’emploi", comme si l’emploi était déconnecté du reste, de la politique économique. Il nous annonce une politique économique qui va vers la rigueur, qui tend vers une récession : l’emploi n’est pas déconnecté de cela.
Deuxième problème : de quoi va-t-on discuter lors de ce sommet ? Du chômage partiel ? On a déjà fait des demandes en la matière, le ministre du Travail a commencé à y répondre. Mais que va-t-il y avoir sur la table ? Est-ce que c’est une tentative d’instrumentalisation en pleine campagne ? Je le dis tout de suite, on ne va pas tomber dans le panneau.
Quand j’entends le président de la République dire qu’il faudra "avoir le courage de lever les tabous", qu’est-ce que cela veut dire ?

Les 35 heures…
Jean-Claude Mailly : Ba alors c’est bien barré !! Il faut lever le tabou des 35 heures, il faut reparler de la retraite, il faut accepter la logique du Medef de mettre en place une TVA dite anti-délocalisation… Si c’est ça les tabous, ça va tourner court le sommet social, ça va être un combat de boxe, ça ne va pas être une discussion. Donc on ira, mais je ne sais pas pour quoi y faire.
(…)
Hedwige Chevrillon : Les 35 heures seront un sujet important de la présidentielle. Selon le baromètre BVA, 82% des partisans de la droite sont pour leur suppression, 81 % des partisans de gauche pour leur maintien. Ça vous étonne ?
Jean-Claude Mailly : Non ça ne m’étonne pas. Le débat à ce sujet devient surréaliste. Les histoires de clivage politique ne me concernent pas. Quand les 35 heures avaient été mises en place, nous avions été critiques sur la méthode. Aujourd’hui, remettre en cause la durée légale du travail, celle à partir de laquelle on calcule les heures supp’, ça veut dire aussi remettre en cause tous les changements d’organisation du travail qui ont eu lieu dans les entreprises depuis.
Les 35 heures, les salariés les ont payées ! Il y a eu la modération salariale, plus de flexibilité, plus d’annualisation. Est-ce que ce serait intelligent de reposer ce débat aujourd’hui ? Il faut en plus ajouter l’histoire des heures fiscales défiscalisées, qui ont contribué à détricoter le dispositif. Je trouve que c’est vraiment un débat politicien qui n’a aucun sens.

Nicolas Prissette : L’UMP a proposé la semaine dernière de renégocier le temps de travail branche par branche. Est-ce que la mise en place éventuelle de ces négociations vous fait peur ?
Jean-Claude Mailly : Négocier branche par branche le temps de travail, ça veut dire qu’il n’y a plus de durée légale. A la différence de ceux qui prônent ça à l’UMP, je suis républicain. Avoir un SMIC en France, avoir une durée légale du travail, ça implique un minimum d’égalité de droit entre tous. Si on négocie branche par branche, voire entreprise par entreprise, on ne parlera plus des heures supp'.
A chaque fois qu’on casse une norme sociale nationale de ce type, on glisse vers une logique à l’anglo-saxonne. Je crains qu’on en vienne à casser les statuts nationaux dans le public et les conventions collectives dans le privé. Comme ce que la Troïka demande à la Grèce de faire. C’est la logique libérale accentuée.