InFOrmation syndicale

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03 février 2012

DE QUOI LE TRAVAIL EST-IL LE NOM?

C’est ce mercredi 25 janvier que sort le nouveau numéro de Forum, la revue théorique éditée par la Confédération, intitulé Travail: mode(s) d’emploi. À l’instar du premier numéro, consacré au service public, Forum a sollicité des contributeurs bénévoles, issus de divers horizons, pour essayer de savoir en quoi le travail est facteur d’émancipation comme d’aliénation.

Parce qu’il implique une transformation réfléchie de la nature, le travail constitue le propre de l’être humain, ce qui lui a notamment permis de prendre l’ascendant sur les espèces animales et de s’émanciper de son environnement.

Mais, comme le montre le jeune économiste Benoît Tinel, l’apparition du travail salarié a durablement figé une séparation entre ceux qui détiennent les moyens de production et ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail. Pour ces derniers, travailler est une obligation, même lorsque le seul emploi disponible est précaire (voir l’entretien avec Elsa Fayner) et peut fragiliser la trajectoire sociale, comme le soutient le président de l’UNEF, Emmanuel Zemmour, dans un article consacré au salariat étudiant.

Pourtant, le salariat n’est pas la simple antichambre de l’exploitation. Dans un long entretien, le sociologue Robert Castel rappelle que «dans l’histoire sociale, les protections sociales les plus fortes ont été rattachées au travail». Car l’extension du travail salarié et les conquêtes sociales qui l’ont suivie ont sorti de la misère des millions d’individus. Une vérité que l’on retrouve aujourd’hui à l’échelle mondiale: ancien directeur des normes internationales du travail à l’OIT, Jean-Claude Javillier explique en quoi celles-ci permettent l’élévation économique et sociale de ceux qui y accèdent.

Comme le précise malicieusement Hélène Périvier, les femmes ont toujours travaillé ; mais leur entrée massive sur le marché du travail leur a permis de s’émanciper du rôle dans lequel le poids de la tradition les confinait. Reste que cette autonomisation demeure inachevée et que beaucoup reste à faire pour parvenir à l’égalité réelle.

Car travailler, c’est aussi, trop souvent, souffrir, et les contributions de Jean-Claude Delgenes, Michel Debout, Nicole Aubert et Jacques Boulet dénoncent les organisations du travail pathogènes qui ont, hélas, le vent en poupe auprès des spécialistes en ressources humaines («un oxymore» pour la philosophe Michela Marzano). Ces derniers glorifient le travail comme une fin en soi, mettent en place les habits neufs de la subordination et, pour se camoufler, déconstruisent le vocabulaire (le travailleur devient salarié puis collaborateur..., l’usage des mots étant rarement neutre, ainsi que le démontre le linguiste Alain Rey.

Au final, le travail est partout: les Français lui accordent une importance spécifique, mise en lumière par Jacques Freyssinet, et le domaine artistique n’hésite pas à s’en emparer: Francine Guillou recense ainsi dix films emblématiques dans lesquels «le travail fait son cinéma et le cinéma son travail», et les photographies de Sebastião Salgado condensent et subliment la nature duale du travail.

Enfin, les extraits choisis du Droit à la paresse donnent une seconde jeunesse, en ces temps du «travailler plus pour gagner plus», au célèbre pamphlet de Paul Lafargue écrit en 1880. Enfin, plusieurs artistes (Bruno Solo, Jean d’Ormesson, Jul, Christophe Alévêque, Alexis Jenni...) évoquent leur rapport personnel au travail.
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Forum : la revue théorique de Force Ouvrière - http://www.revueforum.fr/