InFOrmation syndicale

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10 février 2012

INTERVIEW: ANAIS FRIOU, PRESIDENTE DU SYNDICAT DES ETUDIANTS DE NANTES

Parmi les crédits passés au laminoir suite à l'adoption, le 16 décembre dernier, d'un budget de rigueur par le conseil d'administration de l'Université de Nantes : ceux de la bibliothèque universitaire, sabrés de 20% !
Remettant en cause cette atteinte aux conditions d'études, le Syndicat des Etudiants Nantais (SEN) avait appelé à une mobilisation sur le campus de la Faculté de Lettres le 26 janvier dernier. Il y avait convié les organisations syndicales, soulignant, à juste raison, que la mesure en cause "dépasse le seul cadre de l'Université, et que l'avenir de cette dernière nous concerne tous".

L'Union Départementale Force Ouvrière avait mandaté Bernard Hazo, secrétaire adjoint du Syndicat des personnels FO de l'Université de Nantes pour représenter FO à cette manifestation. A l'issue de celle-ci, la présidente du SEN, Anaïs Friou, a bien voulu accorder une interview à L'Ouest Syndicaliste.


- L'Ouest Syndicaliste : Par delà l'amputation de 20% des crédits de la bibliothèque universitaire de Nantes, c'est l'ensemble d'une politique d'austérité que vous entendez combattre. Aucun service public n'y échappe. Mais comment cette casse généralisée se traduit-elle, tant localement que nationalement, dans l'enseignement supérieur ?

Anaïs Friou : Depuis le passage à la loi d’autonomie des universités, les charges pesant sur l’enseignement supérieur sont beaucoup plus lourdes et coûteuses qu’auparavant. Alors que le gouvernement prétend avoir donné à l'enseignement supérieur des «moyens sans précédent» depuis 4 ans, la moitié des universités françaises est en difficulté budgétaire ; et l’Université de Nantes n'est pas en reste : sa dotation est amputée de 9 millions d’euros. Les conséquences immédiates se font déjà ressentir à tous les niveaux de l’université. Cibles des budgets de rigueur : l'offre de formation, les postes d’enseignants et de personnels, les contrats d'entretien des locaux, la rénovation des bâtiments, les services d'imprimerie, mais aussi, la Bibliothèque Universitaire !
Le budget de la BU, réduit de 20%, est un des exemples de la politique de rigueur de l’université de Nantes. Le service de la documentation universitaire a dû se désabonner en urgence à 10 ressources électroniques : notamment CAIRN pour les lettres et sciences humaines, le droit, et l'éco, Psycarticles pour la psychologie, Geobase pour la géographie, Modern Language Association pour la linguistique, etc.
De même, l'achat des ouvrages nécessaires au travail des étudiants et des enseignants-chercheurs va être fortement réduit.
Outre le fait que nos frais d’inscription prennent en compte l’accès à un service de documentation de qualité (à hauteur de 32 euros) nous ne pouvons tolérer que les choix politiques du gouvernement et de la présidence conduisent à la dégradation des conditions d’études et recherche.

- L'O.S. : Quelles sont, dans ce contexte, les principales revendications de votre organisation syndicale ?

A. Friou : Le SEN construit sa démarche autour des principes d'un véritable service public de l'enseignement supérieur, de la défense de l'égalité des étudiants et du refus de la mise en concurrence des universités et des filières. C'est pour cela que nous défendons le principe d'une université gratuite, démocratisée, laïque et métissée.
Aide individuelle, mobilisations sociales, présence dans la quasi-totalité des conseils : le SEN est un syndicat étudiant qui se veut offensif pour défendre les droits des étudiants et en gagner de nouveaux.
Si l'on peut aujourd'hui parler de démocratisation en cours, les études ont un coût qui, pour certains, rend impossible de se lancer ou de poursuivre dans l'enseignement supérieur. Le coût des études dépasse très largement les seuls frais de scolarité obligatoire : c'est la gestion du quotidien qui constitue la principale difficulté financière des étudiants.
Le loyer mensuel moyen (hors résidences collectives), payé ou non avec l’aide des parents, est de 515€. Ce loyer moyen est nettement plus élevé à Paris.
Le transport est également très coûteux : depuis 2008, le service de transports en commun, géré en partie par la Ville de Nantes, est devenu de plus en plus inadapté aux besoins et au budget des étudiants. L'abonnement étudiant a été remplacé par un abonnement 18-26 ans, qui ne prend pas en compte l'ensemble des étudiants : stagiaires, doctorants et étudiants en reprise d'études.
Son tarif n'a cessé d'augmenter en deux ans : aujourd'hui, 236 euros par an et 31,90 euros par mois. Les élus locaux justifient cette augmentation par la mesure gouvernementale envers les travailleurs : les employeurs doivent prendre en charge la moitié de leurs frais de transports, soit 240 euros à l'année pour une carte de transport. Mais les étudiants paient toujours la totalité de leur abonnement. L'augmentation de la fraude n'est pas un hasard. Mais, pour seule réponse, la TAN a engagé une société privée pour renforcer les contrôles, devenus plus importants et plus agressifs. Le SEN dénonce ces mesures injustes, et demande la mise en place d'un véritable abonnement étudiant, sans limite d'âge et dont la tarification serait de 10 euros par mois, ou de 100 euros annuels.
Le prix des tickets de Restauration Universitaire augmente régulièrement depuis plusieurs années et tend à s'aligner sur les tarifs du secteur privé.
Aujourd'hui, le ticket RU vaut 3 euros, et de très nombreux étudiants préfèrent se contenter d'un simple sandwich, plutôt que d'utiliser les services de Restauration Universitaire.
Fait révélateur : depuis septembre 2011, l'épicerie sociale étudiante observe une hausse de fréquentation de 35 % par rapport à l'année précédente.
Le système actuel de bourses reste très imparfait. Malgré l'augmentation du coût des études, il n'y pas eu de réévaluation cette année.
Autre dispositif, le Fond National d'Aide d'Urgence : c'est une aide soit ponctuelle, soit annuelle, accordée aux étudiants en grande difficulté financière. Malheureusement, l'enveloppe globale du FNAU ayant été revue à la baisse, les aides attribuées sont moindres qu'auparavant.
Plus de la moitié des étudiants sont contraints de se salarier à l'année pour poursuivre leurs études, et, les chiffres montent, à 73% pour la période des vacances d'été. Les étudiants souffrent de la dégradation de la situation économique et de la concurrence sur le marché du travail.
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UNIVERSITES EN CURES D'AUSTERITE