InFOrmation syndicale

15 AU 19 AVRIL STAGE "COMITÉ SOCIAL ET ÉCONOMIQUE" --- 1er MAI "JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE DES TRAVAILLEURS" À 10H30 PLACE DE BRETAGNE AVEC FO CGT FSU SOLIDAIRES --- 22 AU 24 MAI STAGE "JE NÉGOCIE" --- 28 AU 30 MAI STAGE "CONNAÎTRE SES DROITS" --- ...

18 mai 2012

COTE D'ALERTE


Sur le terrain direct de la lutte des classes ou sur le plan électoral, parfois dans une combinaison des deux, chaque jour la résistance contre la dictature de la Troïka franchit un pas supplémentaire.

Si ce n’est pas encore la révolution, c’est déjà la révolte qui gronde. Les grèves et les manifestations qui se sont succédé depuis plusieurs mois dans tous les pays de l’Union européenne n’ayant pas permis une modification réelle de la politique appliquée par les gouvernements aux ordres de Bruxelles, les actions violentes commencent à se multiplier, que ce soit sous forme de suicides ou même d’attentats comme en Grèce ou en Italie

Cette violence est certes à l’initiative d’individus désespérés ou de petits groupes, mais, incontestablement, elle exprime à la fois une colère et un désespoir qui inquiètent les gouvernements.



Dans un article publié le 12 mai par le Figaro, intitulé «Italie : inquiétude après les violences contre l’austérité», Guillaume Errard nous informe que : «le gouvernement italien va élever le seuil d’alerte dans toute la péninsule après les attaques contre un dirigeant d’entreprise et un bureau de l’agence de perception de l’impôt. L’armée pourrait arriver en renfort.»

La conclusion de son article résume bien la situation : «Comme en Grèce, la résistance à l’austérité semble devenir de plus en plus violente en Italie à mesure que la pression des services fiscaux s’intensifie. Il y a trois mois alors que le Parlement grec devait voter en faveur du plan d’austérité imposé par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, des heurts avaient opposé des manifestants à la police. Une violence qui a également gagné l’Espagne, où des incidents avaient éclaté à Barcelone en mars dernier.»

Sur un plan électoral, ce rejet s’exprime par la déroute à chaque élection de tous les gouvernements en place. Ainsi, après Zappatero en Espagne et bien d’autres, Mme Merkel vient de subir une cuisante défaite lors des élections en Rhénanie du Nord / Westphalie. Dans ce land, le plus peuplé d’Allemagne avec 18 millions d’habitants, la CDU (Union chrétienne-démocrate) a perdu 8 points et tombe à 26,3% de voix.

Le 6 mai, le même jour que les présidentielles en France, les législatives en Grèce débouchent sur la débandade des deux partis qui dominent la vie politique depuis des décennies, et qui formaient une coalition «gauche-droite». La «Nouvelle démocratie» chute à 18,8%, tandis que le Pasok (Parti socialiste) s’effondre littéralement à 13,2 %. Pour la première fois, les partis favorables à la poursuite de l’austérité dictée par les créanciers internationaux se retrouvent minoritaires. Les deux partis avaient obtenu 77,4 % des voix en 2009, ils chutent à 32 %.

En France, ce même 6 mai, François Hollande est élu Président de la République. La question reste posée : est-ce François Hollande qui a gagné, ou Nicolas Sarkozy qui a perdu ?

En effet, n’oublions pas qu’au premier tour, sous des formes diverses, y compris l’abstention, le vote a exprimé un large rejet de la politique d’austérité. Si l’ampleur de cette opposition n’atteint pas le même niveau qu’en Grèce, c’est certainement parce que la situation en France est pour l’instant moins catastrophique, mais elle a sur le fond la même signification.

François Hollande et le Premier ministre (quel qu’il soit) vont donc être immédiatement confrontés à un choix majeur : soit poursuivre la politique d’austérité dictée par la Troïka, qui se traduit aujourd’hui par le nouveau Traité (TSCG : Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance), soit sortir de cette logique infernale. En 1982, un an après l’élection de François Mitterrand, Jacques Delors et Pierre Mauroy avaient imposé le tournant de la rigueur. Aujourd’hui, il nous faut un tournant aussi : celui du progrès et de la croissance.

Bien sûr, ce serait une rupture supposant un certain courage.

François Hollande dit qu’il veut renégocier le Traité pour lui adjoindre une clause de croissance, mais tout le Traité est fondé sur l’austérité. Si le gouvernement se contente, comme l’avait fait Lionel Jospin avec le Traité de Lisbonne, d’apporter une petite touche rose au TSCG, les mêmes causes produisant les mêmes effets, très rapidement, comme en Grèce, il sera rejeté par la classe ouvrière. La capitulation de Jospin s’était traduite par son échec aux élections présidentielles de 2002. Avec 16% des voix il n’avait pas franchi le premier tour, laissant Chirac seul face à Le Pen.

Aujourd'hui il est probable qu'une nouvelle abdication face aux exigences insupportables de la Troïka ne se traduirait pas seulement dans les urnes, mais plus certainement dans la rue.

Notre Confédération a condamné clairement le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) comme le TSCG, et précisé que nous nous opposerons à sa ratification, y compris en appelant à voter NON dans l’hypothèse d’un recours au référendum.

Il ne s’agit pas pour nous d’un sujet idéologique , et encore moins politicien, mais bien d’une question pratique.

En effet, si le gouvernement veut éviter le rejet que subissent ceux, de droite comme de gauche, qui obtempèrent aux oukases de la Troïka, il faut satisfaire les revendications des salariés. Et celles-ci sont totalement incompatibles avec la poursuite de l’austérité, mais aussi avec la funeste règle de «la concurrence libre et non faussée » du Traité de Maastricht.

Par exemple, nous sommes de nouveau confrontés à la question de la survie du Chantier naval de Saint-Nazaire.

En 2010, à l’appel de toutes les Unions départementales de Loire-Atlantique, une grande manifestation, soutenue par certains partis politiques dont le Parti socialiste, avait demandé que l’Etat assume ses responsabilités en prenant une «participation majoritaire» dans les chantiers.

En 2012 nous sommes confrontés au même problème. A l’occasion d’une rencontre le 19 décembre dernier avec François Hollande à Saint-Nazaire, nous avons rappelé notre position. A l’évidence il faut une politique de ré-industrialisation. La nationalisation des chantiers de Saint-Nazaire serait un geste fort qui, sans aucun doute, marquerait une rupture avec les politiques réactionnaires que nous subissons depuis plusieurs décennies.

Bien d’autres sujets sont à l’ordre du jour. A commencer bien sûr par la question des salaires. Notre Confédération revendique une hausse immédiate du SMIC, mais aussi la revalorisation du point d’indice dans la fonction publique et l’ouverture de négociations dans le secteur privé.

Notre camarade Jean-Claude Mailly a pointé les ambiguïtés à propos de la retraite à 60 ans. Nous avons combattu les contre-réformes successives. Nous savons bien que tout n’est pas possible tout de suite. Pour autant nous n’avons pas renoncé à reconquérir le terrain perdu. Oui, le retour aux 37,5 années de cotisations demeure notre revendication, et le gouvernement peut engager le processus en revenant dans un premier temps à 40 années de cotisations.

En tout état de cause, s’il veut, avec la CFDT, nous «vendre» la retraite par points, qu’il sache que nous nous y opposerons.

Bien d’autres revendications sont sur la table : la Sécurité sociale, les hôpitaux, les écoles, etc…

Sur tous ces sujets, notre Confédération a une position constante.

Pendant la campagne électorale, nous sommes restés fidèles à notre principe d’indépendance. Cela nous donne plus de force pour défendre librement les intérêts de la classe ouvrière.

Nous ne demandons rien d’autre que de revenir à une situation normale. Notre rôle, c’est de revendiquer, de négocier.

Pour conclure, pour signer des accords, il faut être deux, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que les deux parties autour de la table soient également libres. Il faut donc que le gouvernement se libère du carcan étouffant de Bruxelles et de la dictature de la Troïka.

Le veut-il ? Le pourra-t-il ? L’osera-t-il ? L’avenir nous le dira !

Le seuil d'alerte est atteint. La situation en Grèce nous montre qu’il n’y a plus beaucoup de place pour les tergiversations.