InFOrmation syndicale

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01 novembre 2012

CONTRAT DE GÉNÉRATION: SYNDICATS ET PATRONAT FIXENT LE CADRE

Les interlocuteurs sociaux viennent de s’entendre sur les modalités d’un dispositif demandé par le gouvernement. Chaque année, 600.000 jeunes arrivent sur le marché du travail et pour beaucoup, c’est le chômage ou la précarité.

Promesse de François Hollande pendant la campagne présidentielle, le contrat de génération n’aura pas demandé plus d’un mois aux interlocuteurs sociaux pour s’entendre sur les modalités du dispositif. Le 19 octobre, FO, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, côté syndical; MEDEF, CGPME et UPA, côté patronal, sont parvenus à un accord national interprofessionnel. S’il doit être paraphé par les organisations syndicales, le ministère du Travail a immédiatement fait savoir que le gouvernement allait, à partir de ce texte, soumettre un projet de loi au Conseil des ministres du 12 décembre.

Pour Stéphane Lardy, Secrétaire confédéral et négociateur pour FO, le mérite du contrat de génération est de «faire entrer un jeune en CDI et de permettre à un senior de lui transmettre son savoir-faire, en abaissant son temps de travail, ceci étant compensé par une allocation d’État». Comme il le souhaitait et contrairement aux orientations du ministère du Travail, les limites d’âge ont été repoussées de 25 à 30 ans si le jeune est handicapé, doctorant ou s’il était déjà en CDD ou en apprentissage.

MOINS DE PRÉCARITÉ POUR LES JEUNES?

L’essentiel dans cette négociation était d’encadrer au maximum le contrat de génération, afin d’éviter les effets d’aubaine. Ainsi, pour obtenir l’aide financière de l’État, l’accord prévoit trois modalités, selon la taille des entreprises. Celles ayant plus de 300 salariés devront conclure un accord d’entreprise, sous peine de sanction (diminution des abattements de cotisations sociales, amende). Seules les entreprises de moins de 300 salariés auront droit à l’aide financière de l’État et le dispositif sera facultatif. «On fait le pari de la négociation collective. On verra ce que décidera le Parlement pour les entreprises qui ne feraient rien», a souligné Stéphane Lardy. Toujours pour éviter les effets d’aubaine et sur proposition de FO encore, l’Administration vérifiera que «l’entreprise n’a pas procédé à des licenciements afin de recruter un jeune».

En dessous de 50 salariés, une convention individuelle devra être conclue entre le jeune et le chef d’entreprise. Entre 50 et 299 salariés, les entreprises devront avoir conclu un accord collectif «intergénérationnel» ou se raccrocher à un accord de branche. À défaut, elles devront élaborer un plan d’actions validé par l’inspection du travail. FO tenait à cette validation, point qui a provoqué deux heures de suspension de séance, la CGPME et les fédérations patronales ne voulant pas en entendre parler.

Si le but recherché est de rompre avec la précarité en permettant à des jeunes d’entrer dans la vie active avec un CDI, le contrat de génération n’est pas non plus la solution miracle pour que le chômage baisse en France, il faut 1,5% de croissance économique, or celle-ci est nulle depuis plusieurs trimestres.
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Trois questions à... Stéphane Lardy, Secrétaire confédéral chargé de l’emploi
«C’EST BIEN LA CROISSANCE QUI CRÉE L’EMPLOI ET NON L’INVERSE»


FO Hebdo: FO va signer l’accord sur le contrat de génération et cela semble couler de source; pourquoi?
Stéphane Lardy: Aucune signature ne coule de source par nature. Je rappelle que nous sommes dans une négociation qui vise à fixer un cadre à l’utilisation du contrat de génération, proposition du candidat Hollande devenu président. À partir de là, nous savons très bien que ce dispositif ne va pas régler comme par miracle la question du chômage des jeunes dans notre pays et nous avons dû batailler, comme d’habitude, face à une partie du patronat qui ne voulait pas en entendre parler. Pour autant, nous connaissons la situation de la jeunesse dans notre pays avec un chômage qui dépasse les 20%. Nous savons aussi que beaucoup de jeunes entrent dans l’emploi par le biais de CDD, de l’intérim ou des stages, et que s’ils n’accèdent pas à un CDI c’est parce qu’ils sont jeunes et non par manque de qualification. 

FO Hebdo: Dans ce contrat intergénérationnel et par rapport à la revendication de FO, tout est-il bon à prendre?
Stéphane Lardy: Le contrat de génération reprend, en partie, la revendication de notre organisation d’allocation de solidarité intergénérationnelle (ASI), proposition que nous défendons depuis 2009: faire entrer des jeunes en CDI, maintenir dans l’emploi des seniors pour transmettre des savoirs, les trois aspects étant indissociables les uns des autres. L’objectif de cette négociation était aussi de fixer un cadre, en terme de contenu, pour nos représentants qui vont devoir négocier la mise en place du dispositif. Par exemple, si un senior consacre une partie de son temps de travail à l’accompagnement d’un jeune, il est nécessaire de renégocier l’organisation du travail dans l’entreprise afin de ne pas transférer une partie de la charge de travail sur d’autres salariés. 

FO Hebdo: Dans le contexte économique actuel, les chefs d’entreprise vont-ils jouer le jeu?
Stéphane Lardy: C’est la grande question. C’est pourquoi nous avons exigé que les accords ou plans d’action soient validés par l’Administration. C’est pourquoi aussi nous avons mis en place un comité de pilotage national afin de vérifier la bonne utilisation du dispositif et nous serons exigeants quant au remboursement des aides si des entreprises ne jouent pas le jeu. Après, vu le contexte économique, c’est bien la croissance qui crée l’emploi et non l’inverse. Pour autant, si grâce à cet accord plus de jeunes entrent dans l’emploi avec un CDI, nous aurons fait notre travail de syndicalistes. 
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Articles parus dans FO Hebdo n°3048
Stéphane Lardy, Secrétaire confédéral - http://www.force-ouvriere.fr/mail.asp?mail=10