InFOrmation syndicale

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16 janvier 2013

"COMPROMIS HISTORIQUE" : L'ÉCHEC

Édirorial de Patrick Hébert

Que le gouvernement applique la politique d’austérité décidée par la Troïka n’est pas pour nous surprendre. Quelques mois après son installation, en juillet 2012, il avait déjà donné le la, en refusant le «coup de pouce» que notre confédération revendiquait à l’occasion de l’augmentation du SMIC.

Depuis, ça «tombe comme à Gravelotte». Les salaires dans la fonction publique sont toujours bloqués. Dans le secteur privé, il y a bien des négociations, mais qui donnent des résultats inégaux selon la situation de chaque entreprise. Dans l’ensemble, ce n’est guère brillant.

Par contre la plupart des tarifs des services publics augmentent au 1er janvier entre 2,5% et 3%.

Mais pour la Troïka, ceci reste largement insuffisant. Elle exige de tous les gouvernements de nouveaux plans de rigueur.

En France, le gouvernement a fait un enjeu majeur de la négociation sur la «sécurisation de l’emploi». Avec un cynisme certain, le gouvernement avait en réalité, à la demande de l’Union européenne et du patronat, fixé comme objectif encore plus de "flexibilité", c'est-à-dire la facilitation des licenciements et des modulations salariales. Cela quand bien même le sujet est explosif, puisqu' il s’agit de remettre en cause des pans entiers du Code du Travail.

Le Président de la République n’avait caché son objectif : il voulait obtenir un consensus entre tous les syndicats et le patronat, un «compromis historique» selon ses propres termes !

Le coup est raté… Certes la CFDT a signé cet accord scélérat. Mais qui peut en être surpris ?

Avec le MEDEF et ses acolytes, la CFDT a amusé la galerie pendant plusieurs journées sur la question de la taxation des CDD. Cette opération était cousue de fil blanc.

Forts de la complicité des journalistes, MEDEF et CFDT ont dramatisé la situation pour trouver un accord «in extremis».

L’objectif de cette comédie n'était autre que de cacher le contenu réel de l’accord.

En vérité, si le texte surtaxe légèrement les CDD (d’ailleurs même sur ce point les patrons sont gagnants, puisqu’ils ont calculé que cette mesure leur coûtera 110 millions d’euros, ... quand les mesures d’exonération contenues dans l'accord leur en rapporteront 150 !), MEDEF et CFDT ont tout intérêt à se faire discrets sur la quasi-totalité des autres dispositions essentielles : notamment la modulation des salaires et des horaires rendue possible par accord dérogatoire au Code du Travail, ou encore, pour reprendre l'élégante formule des rédacteurs du texte, la «déjudiciarisation» des procédures de licenciement.

Bien d’autres mesures conjuguent leurs effets dans le sens de plus de flexibilité, donc de plus de précarité. Ainsi, au prétexte de lutte contre la précarité, les signataires adoptent des mesures ne pouvant qu'accroître celle-ci.

On retrouve là la philosophie et la continuité des contrats d’avenir, qui permettent d’embaucher des jeunes en contrats précaires en lieu et place d'emplois statutaires. Certaines collectivités locales ont d’ailleurs déjà prévu de cesser tous les remplacements, notamment à l'occasion des départs en retraites, au profit de recrutements précaires via ces malnommés "contrats d’avenir."

Mais le gouvernement sait pertinemment que cette politique est rejetée par l’immense majorité des salariés. Même si les chiffres officiels sont tronqués, il ne lui est pas possible de camoufler l’augmentation du chômage, de la précarité et de la misère.

C’est bien pourquoi le Président Hollande avait lancé son appel solennel au «compromis historique».

A l’arrivée, seules la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont signé l’accord. C’est incontestablement un échec du gouvernement, même si la presse, souvent trompeuse, tente de métamorphoser l'échec en succès.

La non-signature du texte par la CGT et notre confédération va obliger le gouvernement à présenter un projet de loi s’appuyant sur un accord, certes juridiquement «majoritaire», mais politiquement et socialement fragile à l'extrême.

Dans un autre domaine, le Ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, se heurte aux plus grandes difficultés. Ses projets de réforme ont été rejetés par les instances consultatives nationales. Aucune organisation syndicale ne lui a apporté son soutien, ce qui constitue un énorme camouflet.

En ce début d’année 2013, le gouvernement se trouve ainsi confronté à la très vive résistance de la classe ouvrière et de ses organisations.

Le scénario monté pour tenter d’associer les syndicats à la mise en œuvre de toutes les contre-réformes programmées a donc d’ores et déjà échoué. Dès lors, la non-signature par la CGT de l'accord «flexi-sécurité», et, dans l’enseignement, la non signature de la FSU, auront des prolongements peut-être inattendus. L’axe du «syndicalisme rassemblé», fondé sur la complicité de la CGT et de la CFDT, et prétendant imposer ses décisions à «l’Intersyndicale» se retrouve désormais avec bien du plomb dans l’aile…

La CGT tient son congrès dans quelques mois. Il est inévitable que des voix s’y lèveront pour rejeter la politique imposée par Bernard Thibault. Il faut donc s’attendre dans les prochains mois à bien des rebondissements.

Pour notre part, nous n’avons aucun état d’âme. L'accord MEDEF-CFDT est nocif pour les salaires. Nous ne le signons pas et préparons la mobilisation pour que la loi devant le transposer n’aboutisse pas.

Dans les prochaines semaines, nous allons informer largement les salariés afin qu’ils connaissent le contenu réel de cet «accord de la honte».

Le 24 janvier nous serons nombreux au meeting national FO pour soutenir la résistance de notre Confédération, mais aussi, au-delà, pour préparer les conditions de la mobilisation.
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