InFOrmation syndicale

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20 mars 2017

[Interview] Nouveau syndicat départemental "Enseignement privé"

Le syndicat départemental FO de l’enseignement privé s’est constitué le 20 janvier dernier en Loire-Atlantique, lors d’une assemblée générale. A cette occasion, Anne Leclerc a été élue secrétaire du syndicat. Elle a répondu aux questions de L’Ouest Syndicaliste.
« Nous avons déjà réussi à faire reculer des décisions, à faire entendre nos droits. »


=> Peux-tu nous indiquer le champ de syndicalisation du SNFOEP ?
Notre syndicat s’adresse aux différents personnels de l’enseignement privé, qu’il soit sous contrat ou hors contrat : les enseignants, qui sont de droit public dans l’enseignement sous contrat, mais également les autres catégories de personnels, qui sont de droit privé : administratif, économique, vie scolaire, psychologue...

=> Par quels moyens allez-vous développer le syndicat ?
Notre principale force se concentre autour des mouvements des maîtres, dont j’ai intégré les commissions il y a deux ans. Il faut y faire respecter les règles, qui sont parfois dévoyées, et faire face aux zones d’ombre qui subsistent. Nous avons déjà obtenu quelques victoires et sommes reconnus en tant qu’interlocuteurs. Nous ne sommes malheureusement pas encore aux CCMA (commission du rectorat qui avalise les propositions de ces commissions). Il nous faut plus de représentativité, donc nous faire connaître.

=> Tu es toi-même enseignante de Lettres modernes. Quelle est la situation des enseignants dans l’enseignement privé ?
Nous sommes dans une situation tout aussi critique que chez nos collègues du public. Depuis longtemps, malgré la note pédagogique, le directeur a un pouvoir très fort. Beaucoup craignent davantage son regard que celui de l’inspecteur. Hors réforme, nous souffrons de réunionite aiguë, quand parallèlement on nous divise en réunions pédagogiques. Certains collègues ont à affronter des «recadrages» du directeur qui, bien trop souvent, s’appuie sur les familles... voire parfois sur d’autres collègues. La pression peut être très forte, a fortiori sur les anciens et les jeunes. Les directeurs sont des gestionnaires. Nous sommes parfois des vendeurs qui devons faire  face aux critiques des acheteurs : les parents qui paient pour que les enfants aient des résultats. C’est l’une des raisons pour lesquelles le retrait du projet d’évaluation est une revendication essentielle.

=> Les mesures gouvernementales depuis 2012 favorisent-elles l’enseignement privé ?
Les dérogations à l’application des «réformes» gouvernementales sont insupportables, notamment dans le premier degré. L’école fonctionne à plusieurs vitesses. On le sait, beaucoup de parents se replient vers l’enseignement privé. C’est le manque de moyens dans le public qui est le plus souvent mis en cause. Mais ces manques de moyen existent pourtant bien dans le privé. Nous sommes très nombreux à être au bord de la rupture, très nombreux à remarquer que malgré l’expérience qui s’engrange, on travaille bien plus qu’avant... Certains établissements ont déjà mis en place des stages de rattrapage pendant les petites vacances scolaires. La présence des enseignants est sur la base du volontariat ! C’est à relier au projet d’évaluation...
Dans beaucoup de petites structures, on demande aux enseignants de faire cours à temps plein, puis de s’inscrire sur les différents plannings pour nettoyer et surveiller la cour, surveiller le self, surveiller la permanence, nettoyer les salles de classe... Bientôt peut-être on demandera aux élèves en cuisine de fournir les selfs...!
J’ai connu un établissement où il n’y avait aucun adulte le vendredi, hormis les enseignants dans leur salle de classe. C’est inadmissible. On a beau dos après de déplorer la violence à l’école ! Lors des assemblées générales convoquées par la direction, on entend un vocabulaire d’entreprise : nous devrions tous faire un «effort»; nous serions une grande famille ! Dans mon établissement actuel, à titre d’exemple, le directeur a demandé aux enseignants de BTS de renoncer à leur pondération (qui relève bien sûr du droit). Ceux qui ont refusé ont été montrés du doigt comme une bête honteuse, le vilain canard de la famille. On devient même client dans notre établissement tant nous sommes inondés de projets : vente, propagande associative parfois...
De plus, très souvent, les intérêts financiers priment : les sites de certains établissements valent une fortune dans le domaine de l’immobilier. J’ai vu des collègues se battre (aller faire du boîte-au-lettrage pour attirer les élèves !) alors que leur établissement était vendu. J’ai récemment vu un ancien établissement, quasi-monument historique dans une ville où j’habitais auparavant : c’est devenu un centre commercial splendide !

=> Dans ce contexte, que peut faire le syndicat ?
La plus grande difficulté va être de convaincre de ne pas avoir peur... Que l’unité est notre force pour défendre notre métier. Nous avons déjà réussi à faire reculer des décisions, à faire entendre nos droits.
Face aux recadrages qui nous attendent si le projet d’évaluation est mis en oeuvre, nous devons faire savoir qu’une présence syndicale est indispensable... Aujourd’hui, ce qui est à l’ordre du jour, c’est de défendre et nous appuyer sur les garanties collectives des salariés, qui existent toujours.
A nous d’amplifier ce mouvement et de convaincre autour de nous.