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08 juin 2018

SNCF: Les cheminots en grève toujours déterminés

Interview de Éric Théotec, Secrétaire du syndicat FO cheminots de Nantes
Entretien paru dans L'Ouest-Syndicaliste n°691

Les cheminots ont entamé, avec leurs organisations syndicales, leurs 21ème et 22ème jours de grève, dans le cadre du calendrier entamé le 3 avril. Quelle est ton analyse de la situation  ?
La motivation des grévistes est très forte et les collègues ne lâchent pas, deux mois après le début du mouvement. Dans certaines régions, notamment dans le sud, la grève est suivie de manière écrasante : aucun train ne part. Les assemblées générales sont importantes et FO tient sa place. J’ai ainsi pris la parole à plusieurs reprises sur Nantes. Il faut savoir que sur la totalité de la mobilisation, 90 % des cheminots sur le plan national ont effectué au moins un jour de grève. Les collègues rejettent massivement le projet du gouvernement.

Est-ce cela qui s’est exprimé lors du référendum interne ?
Ce référendum est au départ une initiative de la CGT. Force est de constater que ce vote a confirmé le rejet que je viens de mentionner. La participation s’est élevée à plus de 60% et 95% des votants ont fait part de leur opposition au projet du gouvernement. Je rappelle que ce dernier se traduirait par la casse de notre statut et de notre régime de retraite, par des suppressions de postes, ainsi que des fermetures de gare, du fait des privatisations et de l’ouverture à la concurrence, etc. Le vote interne constitue sans doute un point d’appui dans l’opinion publique.

Que faut-il penser des annonces qui entourent la reprise de la dette par l’état, au centre des rencontres avec le Premier ministre ce 25 mai ?
Personne n’est dupe. La question de la dette et celle du statut n’ont strictement rien à voir. De par leurs politiques publiques, les gouvernements successifs sont responsables de la dette de la SNCF. Au demeurant, dans une économie fondée sur l’endettement telle que nous la connaissons aujourd’hui, les gesticulations autour de cette dette sont pour le moins hypocrites.

Et concernant la convention collective ?
FO revendique que tous les salariés de la branche soient au statut. Lorsque les camarades de la fédération ont été reçus avec Pascal Pavageau par le Premier ministre, ce dernier a fait preuve d’une grande méconnaissance sur ces questions. Aujourd’hui, il n’y a rien à ronger dans ce que propose le gouvernement. Rien.

Quel est l’état d’esprit des cheminots aujourd’hui ?
Disons que la grève perlée a ses avantages, puisqu’elle a permis d’ouvrir le débat et, d’une certaine manière, de tenir dans la durée. Dans le même temps, elle a ses inconvénients. Une forme de routine  s’est installée. Les actions symboliques se multiplient pour occuper les grévistes. La direction et les usagers se sont organisés par rapport au calendrier. Donc il y a des discussions entre nous. Certains souhaiteraient « booster » le calendrier, mais c’est compliqué par rapport aux préavis et il faudrait également convaincre l’ensemble des membres de l’intersyndicale nationale. On ne peut pas se permettre non plus de se couper. D’autres souhaiteraient des actions plus spectaculaires, mais c’est une forme de raccourci, avec les risques que cela comporte. Ce qui compte, c’est le rapport de force, la grève majoritaire.

Quelles sont les perspectives ?
Nous avons aujourd’hui des combats internes qu’il est impératif de mener immédiatement contre la volonté de la direction de casser le mouvement. Il y a la remise en cause par cette dernière, contre la jurisprudence existante, du calcul des repos. Par ailleurs, des agents de la vente subissent actuellement une procédure disciplinaire et risquent une sanction, pouvant aller jusqu’à la mise à pied, suite à la manifestation nationale à Paris du 22 mars.

Et au-delà ?
Une perspective interprofessionnelle est nécessaire. Dans les discussions quotidiennes que nous avons tous autour de nous, le ras-le-bol contre la politique du gouvernement est omniprésent : l’augmentation du prix de l’essence, le chômage, les attaques contre les retraités... Donc nous avons la place pour convaincre. Je reviens des Assises du développement organisées par ma fédération, en vue des prochaines élections professionnelles.
Pascal Pavageau  y est intervenu pour apporter un soutien plein et entier de la confédération à notre mouvement. Il a mentionné sa volonté d’une réunion intersyndicale au niveau des confédérations et a été très applaudi. Ce soutien est un point d’appui considérable. J’en profite pour remercier tous ceux qui nous ont soutenus, à tous les niveaux, ainsi que les camarades de la fédération qui font un travail considérable. Sans attendre, notamment localement, nous allons nous attacher à renforcer le syndicat FO, en particulier en terme de syndicalisation et dans la perspective d’atteindre la représentativité.

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