Dans la classe, huit élèves (le protocole sanitaire de Blanquer en autorisera jusqu’à quinze à partir du 11/05). En plus de Starsky et Hutch, il y a le maire avec son écharpe tricolore, et l’instit’ qui fait tapisserie.
« Maître Macron, devant l’tableau perché, arborait sur son bec un beau masque.
Maître Blanquer, égal’ment protégé, lui collait servi-le-ment aux basques... »
Dans un français charabiesque (les extraits sont authentiques!), la leçon macronienne débute : « (…) ce truc-là, c’est un p’tit bout le coronavirus et y rentre dans ton organisme (…) faut pas qu’y rentre (…) on met des masques pour pas qu’on rentre dans la bouche quelque chose qui vient de l’extérieur (…) » … Ah ! Ok ! Super !
Donc le masque en papier de l’instit, il empêche le virus de rentrer ?
Hein ? Comment ? Euh, et si nous passions au respect de la distanciation sociale, fondamentale pour lutter contre la propagation : «Quand on se tient à 1m50, c’est que comme ça on postillonne pas à l’autre (...)»…
Voui, voui, voui, comment dire... ? Au fait, elle était prof de quoi, Brigitte ?
Pendant cette instructive et remarquable démonstration, le maire se tient entre deux tables d’élèves, à moins d’un mètre de chacun d’eux, ses deux paluches tripotant gaillardement le dossier d’une chaise et la table à proximité... Chef, oui chef !
De l’autre côté de la classe, un élève commence à s’emmerder ferme. Debout à côté de sa chaise, il tourne et vire. Une minute et trente-huit secondes après le début du direct, il n’y tient plus, s’approche de la table de devant et touche le bras de son copain pour lui montrer quelque chose au mur, sûrement la pendule. Comme on le comprend... !
Voilà. En 1mn et 38s, quatre adultes pour huit élèves ont fait en direct la démonstration que le protocole sanitaire de Blanquer est parfaitement inapplicable dans les classes... mais que les enseignants, seuls avec quinze enfants et non-protégés, seront tout de même tenus pour responsables de sa « stricte application ».
« (…) alors ça, tu vois, c’est un truc, le protocole sanitaire, c’est un bout de parapluie pour pas qu’la responsabilité du bordel qu’on a semé rentre dans nos cabinets ministériels (…) »
Mais pourquoi la maîtresse elle a pas le même masque que toi ?
« (…) alors ça, tu vois, c’est un truc, le masque, qu’il faut faire soi-même sur les conseils de notre merveilleux gouvernement, rapport à ce qu’on a ratiboisé tous les crédits depuis des années et qu’on n’a pas renouvelé les stocks. J’te file la fiche bricolage pour que ta maîtresse elle puisse bien s’amuser à la maison, entre la classe et le télétravail ».
C’est vrai que Blanquer il a dit qu’on va être quinze dans la classe alors que les rassemblements de plus de dix personnes seront interdits ?
« (…) alors ça, tu vois, c’est un truc, qui faut que les parents y retournent bosser pour qu’on puisse revenir vite, vite comme avant, quand les actionnaires y gagnaient plein plein de thunes. Faut dire qu’y prennent vachement plus de risques que les soignants, par exemple. C’est normal qu’y touchent un max. L’an dernier, rien que pour le CAC 40, ils ont empoché 50 milliards d’euros, et pour cette année, c’est râpé. C’est pour ça qu’ils veulent revenir comme avant et qu’il faut que vos parents retournent au chagrin.»
Alors nos parents, ils sont protégés aussi ?
« (…) alors ça, tu vois, c’est un truc... Non, mais tu commences à me gonfler avec tes questions! Avec le pognon de dingue qu’on a déjà claqué ! Tu te rends compte que le chômage partiel va nous coûter près de 20 milliards ? (lire ci-contre). Et si tu lisais le Canard Enchaîné (15/04), tu saurais qu’on a dépensé 3,6 millions d’euros pour commander plein de grenades lacrymogènes. Alors la protection des salariés... »
Tu paies tout avec ton argent ou c’est de l’argent public ?
« (…) alors ça, tu vois, c’est un truc, ça va faire plein de déficits. C’est pour ça qu’on a pondu des ordonnances pour que tes parents y bossent deux fois plus. On a dit jusqu’en décembre, mais les déficits, ça nous fera une bonne raison pour prolonger bien au-delà. Avec un peu de réussite, on arrivera même à finir d’exploser le Code du travail. Ça fait si longtemps que le Medef en rêve... Quand on peut faire plaisir... »
Si je résume bien, tu nous as assignés à résidence pendant deux mois parce que t’avais piqué l’argent des masques, des tests et de l’hosto et t’as donné notre pognon aux banques et aux patrons pour se refaire la cerise en leur promettant qu’on allait bosser deux fois plus jusqu’à ce qu’ils retrouvent leurs billes. Je n’ai rien oublié ? Ah, si ! Si on n’est pas content, t’as refait les stocks de lacrymos. Tu vois, j’ai tout compris en 1mn et 38s.
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