Entretien avec Angélique Rondeau et Gwenaële Ménager - Paru dans L'Ouest Syndicaliste n°754
Alors que le gouvernement avait annoncé en avril 2024, dans le cadre des engagements pris par Emmanuel Macron, la production d’un million de pompes à chaleur par an à partir de 2027 et la création de 45 000 emplois, la direction de Saunier Duval a annoncé un Plan de Sauvegarde de l’emploi (PSE) en mai.
Le nombre de suppressions de postes annoncé était alors de 50, hors production. En juillet, il était multiplié par cinq ! 250 dont 180 en production.
Pouvez-vous nous rappeler comment s’est déroulée votre mobilisation ?
La section FO de Saunier Duval a décidé d’organiser un débrayage en septembre. À cette occasion, un barnum a été installé pour permettre aux salariés de venir s’informer.
Une intersyndicale s’est ensuite constituée, dans laquelle FO a réaffirmé ses revendications. FO et CFDT ont donc appelé à une première journée de grève le lundi 14 octobre. Le rapport de force avec la direction a continué de se tendre et une nouvelle journée de grève a été décidée le lundi 28 octobre. Les salariés grévistes ont alors décidé à l'unanimité de reconduire la grève dès le lendemain. Le mardi, alors que la reconduction venait d'être à nouveau votée à l'unanimité, la CFDT s’est rétractée. Seule, FO a maintenu la grève décidée par les salariés quatre jours durant et a réaffirmé avec une centaine de grévistes ses mots d’ordre : refus du PSE, ni départs contraints, ni licenciements.
La direction a fait intervenir un huissier qui a pris des photos et a tenté d’intimider les salariés en les menaçant de sanctions. Elle a ensuite fait savoir à la déléguée syndicale de la section FO qu’elle serait tenue responsable de cette situation.
Avez-vous reçu des soutiens ?
Bruno Hatton, secrétaire adjoint du syndicat FO des métaux Nantes, l’Union départementale et les syndicats des secteurs public et privé ont apporté leur soutien tout au long du mouvement. Le soutien des camarades FO d’autres entreprises a été déterminant, notamment celui de la SEMITAN. Ils sont venus tous les jours avec des banderoles et ont participé à l’animation du mouvement.
L’Union départementale s’est occupée de la logistique et a mis en place une caisse de solidarité pour les grévistes, tandis que Bruno Hatton a assuré la communication, les négociations et la défense des droits des salariés face aux tentatives de la direction d’intimider les employés. Des députés ont été rencontrés pour obtenir leur soutien et deux de nos élus sont allés à la rencontre de Frédéric Souillot, le secrétaire général de la Confédération. Cette dernière a obtenu une audience au Ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, à Paris Bercy, à laquelle nous avons participé avec notre syndicat, l'UD et la Fédération FO Métaux.
Quelles ont été les conséquences du mouvement ?
Face à la détermination des grévistes, la direction a dû rehausser ses chiffres. Un accord sur le PSE a été signé par la CFDT, réduisant le nombre de suppressions de postes à 200. Aujourd’hui, il y a 198 départs volontaires et des solutions sont recherchées pour qu’il n'y ait aucun licenciement sec.
Certes, le PSE n’a pas été annulé. Mais la section syndicale FO a occupé toute sa place et a été le point d’appui pour les salariés qui cherchaient à défendre leur emploi et à obtenir de meilleures conditions de départ. La caisse de solidarité a recueilli 4 115 €uros et le fonds a été entièrement redistribué aux grévistes qui en ont fait la demande. La section syndicale FO s’est donc renforcée au sein de l’entreprise avec de nouvelles adhésions de militants.
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