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25 mai 2012

Interview : SERGE LEGAGNOA, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION DES EMPLOYÉS ET CADRES

Serge LEGAGNOA, secrétaire général de la Fédération des Employés et Cadres (FEC-FO)

Article paru dans L'Ouest Syndicaliste n°606


L'OS : La protection sociale fondée sur le salaire différé a subi bien des attaques au cours des décennies passées. Les élections passées, que redoutes-tu ? La défense du salaire différé ne va-t-elle pas (re)devenir une priorité revendicative ?

S. Leganoa : Le salaire différé est constitué de la masse des cotisations sociales perçues sur le salaire des actifs et ensuite redistribué es sous forme de prestations. En cela, la Sécurité Sociale appartient aux salariés.

Pour autant et depuis longtemps quels que soient les gouvernements, la tentation de l’étatisation de la Sécurité Sociale a non seulement était grande, mais s’est exprimée dans les faits. C’est l’élément primordial destiné à modifier le financement de la protection sociale par la fiscalité.

Chacun a en mémoire la création de la CSG par le gouvernement Rocard en 1990 ou le plan Juppé de 1995. Deux mesures combattues pied à pied par F.O. Aujourd’hui, les uns évoquent la TVA dite «sociale» , et les autres, la montée en puissance de la CSG. L’outil est différent mais le but le même : sortir le financement de la protection sociale des cotisations sociales pour le glisser vers l’impôt.

Cela représente des avantages évidents pour le patronat : une économie substantielle de cotisations, un transfert de responsabilité vers l’Etat et un financement de la protection sociale pesant quasi uniquement sur les salariés, retraités et chômeurs via l’impôt.

En cela, le débat truqué sur le coût du travail est destiné à alimenter cette idée.

L'OS : La compression des dépenses affectées à la protection sociale met en cause les droits et acquis des salariés, des retraités et des chômeurs. Mais elle se solde aussi par la dégradation des conditions de travail, à la Sécu comme à Pôle-Emploi. La Fédé FO des Employés et Cadres, qui syndique les personnels de la protection sociale, pourrait donc avoir à monter au créneau si nécessaire...

S. Leganoa : La compression des dépenses est aussi un outil destiné à décrédibiliser le rôle de l’ensemble des systèmes de protection sociale. Plus la gestion purement comptable fait des ravages, pire est la situation financière de ces régimes, et plus les opérateurs privés se frottent les mains en voyant arriver des pans entiers dans leur escarcelle. C’est une logique de transfert d’un système basé sur la solidarité vers un système commercial assuranciel.

La crise aidant, et son corollaire, la politique d’austérité ont aggravé cette gestion comptable.

La fusion idéologique des ex-Assédic et de l’ex-ANPE pour créer Pôle Emploi est non seulement un échec cuisant sur le fond, mais représente aussi une dégradation grave, à la fois des services dus aux demandeurs d’emploi et des conditions de travail des salariés.

A la sécurité sociale, les multiples restructurations, fermetures de caisse, de dispensaires, de centres informatiques, fragilisent l’ensemble du système. Les personnels subissent les suppressions de postes, la mobilité fonctionnelle et géographique, et les pires pressions.

Dans tout système, des évolutions sont indispensables au fil du temps, mais chacun a compris qu’il s’agit là de « casser » un système solidaire qui marche pour le transférer au secteur marchand.

Nous en arrivons à un point de rupture tel que si rien n’est fait pour rétablir l’équilibre, l’action sera la seule voie de sortie.