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14 octobre 2013
TRAÎNÉE DE POUDRE CONTRE LES "RYTHMES SCOLAIRES" - INTERVIEW DE SAMIA HEGU-CHERGI ET DE NELLY VIAUX
Préavis de grève FO au "Service Education" de la Ville de Nantes
Jusqu'où ira l'acharnement du ministre Peillon, de Matignon et de l'Elysée pour imposer, contre vents et marées, la casse de l'Ecole publique républicaine via les "nouveaux rythmes scolaires" ?
De Debré à Jospin, de Jospin à Chatel, le Niagara des contre-réformes de la Vème République a certes multiplié les fissures dans le socle de l'Ecole de la République. Mais grâce à la résistance des personnels enseignants et non enseignants et des défenseurs de la laïcité que compte notre pays, l'Ecole laïque demeure le centre de gravité du "paysage scolaire".
Il faut croire que l'euro-détermination farouche de l'actuel gouvernement à être historiquement celui qui donnera (en tous domaines, parmi lesquels l'Enseignement) le coup de grâce à la République est si incompressible, qu' il a fait le choix du jusqu'auboutisme, sourd aux protestations qui explosent de partout, et pratiquant la stratégie de la fuite en avant du "ça passe ou ça casse".
80 % des conseils municipaux ont refusé la mise en place à la rentrée 2013 des "rythmes scolaires". A partir de févier 2013, il y a eu, en région parisienne, des manifestations monstres d'instits pour exiger le "retrait" du décret Peillon. Qu'importe ! Le décret a été maintenu ; et, visiblement, les maires sous influence de Matignon (Paris, Nantes, etc.) ont été sommés de donner le "bon exemple".
Dans les 20% de communes où la "réforme" a été mise en place à la rentrée de septembre 2013, il n'a pas fallu attendre bien longtemps (quelques jours ont suffi) pour que le chaos prévisible s'échappe de la boîte de Pandore. La révolte des personnels enseignants et non enseignants à Aubervilliers, mais aussi à Toulouse et de nouveau à Paris, fait la une de l'actualité. Et Nantes, ville du Premier ministre, n'est pas mal placée non plus au palmarès de la "chienlit", comme nous l'expliquent ci-dessous nos camarades Samia Hegu-Chergui (agent technique de restauration) et Nelly Viaux (ATSEM), l'une et l'autre en poste à l'école maternelle Stalingrad de Nantes. Comme indiqué ci-dessous, à l'initiative de FO, un mouvement de grève est préparation chez les agents territoriaux nantais des maternelles et les personnels de "l'Action péri-scolaire". Le SNUDI-FO y apporte son plein soutien, et invite les syndicats locaux FSU, CGT et SUD-Education à faire de même.
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Interview de Samia Hegu-Chergui, agent technique de restauration (ATR)et de Nelly Viaux, ATSEM, toutes deux en poste à l'école maternelle Stalingrad
Dans les communes où il a été mis en application dès cette rentrée, qu'a changé concrètement, sur l'organisation du temps de travail des ATSEM, le décret Peillon instituant les "nouveaux rythmes scolaires" ?
Auparavant, le mercredi matin, nous travaillions, hors la présence des élèves, à nos taches de classement et de préparation des classes. Un temps de préparation que nous n'avons plus, du fait de la présence désormais des enfants dans les classes.
Mais la "casse" provoquée par la mise en oeuvre à Nantes des "rythmes scolaires" ne s'arrête pas au mercredi. Aucune journée de travail dans la semaine n'y échappe.
D'abord, le matin, nous récupérons en maternelle des bambins exténués du fait qu'ils n'ont plus la coupure du mercredi.
A midi, nous les voyons s'endormir sur leurs assiettes sitôt assis au restaurant scolaire. La sieste de l'après-midi ne suffit plus à les faire récupérer, et nous avons alors toutes les peines du monde à les réveiller. Puis, quelques heures plus tard, quand les cours cèdent la place aux activités "périscolaires", débute le grand chaos: avec les "animateurs", nous devons être sur tous les fronts, à la fois au four et au moulin.
L'étude du soir est gratuite de 16 heures 15 à 16 heures 30, puis payante de 16 heures 30 à 18 h 30. Les ATSEM sont présentes. En même temps qu'elles assistent les animateurs et animatrices périscolaires, elles doivent assurer la remise des enfants aux parents, lesquels viennent les chercher à des horaires variables. Il leur faut courir d'une grille d'entrée à l'autre du groupe scolaire pour gérer les accès de l'école aux parents, ... en prenant garde également à ce que dans la confusion aucun enfant ne s'égare dans ou hors l'enceinte de l'établissement. Sans oublier par ailleurs d'organiser au réfectoire le goûter du soir, puis enfin d'assurer la remise en ordre des locaux après le grand chambardement.
Tous les personnels des écoles sont vent debout contre la "réforme". Mais à l'évidence, c'est nous, les ATSEM, qui trinquons le plus. Deux semaines après la rentrée, c'est l'overdose. Il va falloir nous écouter, sinon ça va péter.
Je ne peux que confirmer les dires de ma collègue, en rajoutant d'autres exemples effarants à l'appui.
Car le passage aux "rythmes scolaires", c'est bien pour les personnels des écoles le passage aux "rythmes d'enfer". N'y-a-t-il pas d'ailleurs déjà fallu faire appel d'urgence aux pompiers pour secourir une ATSEM "surbookée" par le stress qui avait fait un "burn-out" ?
Je vois aussi ce qui est survenu à Saint-Nazaire et à Saint-Herblain : le cadeau inaugural des "nouveaux rythmes", ça a été l'imposition aux ATSEM de 64 heures supplémentaires sur l'année scolaire.
La pagaille généralisée est facteur de mise en danger des enfants, et par conséquent aussi de mise en cause de la responsabilité des personnels en cas de "pépin". Un exemple : il y a quelques jours, dans une maternelle nantaise, un père est venu récupérer son enfant alors que celui-ci, exténué par la cadence des "nouveaux rythmes", s'était endormi. En réveillant l'enfant, on constate alors qu'il avait uriné durant son sommeil. L'ATSEM de service prend en conséquence l'enfant pour aller changer ses vêtements dans la salle de l'école prévue pour cela. ... Et pour ne pas laisser les autres petits pendant ce temps sans surveillance, c'est le père de famille qui s'est chargé du travail de l'ATSEM partie procéder au change de l'enfant. Que se serait-il alors passé, si, durant ce temps, un incident fortuit, voire un accident plus ou moins grave, était survenu ? Autre exemple, toujours dans une maternelle nantaise : un enfant a été remarqué errant dans la cour, car ses parents avaient oublié ou pas compris qu'ils devaient procéder à son inscription dans les "ateliers". La solution d'urgence a été de le confier au concierge de l'école primaire attenante en attendant l'arrivée des parents. On rentre là dans un système où, pour parer à l'urgence, chacun est amené dans la précipitation à accomplir des tâches ne relevant pas de ses compétences... avec risque de se repasser la "patate chaude" en cas d'accident grave engageant la responsabilité des personnels en charge des enfants.
Car la "réforme Peillon", c'est aussi l'aggravation inévitable des "rythmes" ... des accidents scolaires.
L'Ouest-Syndicaliste
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RYTHMES SCOLAIRES : L'APPEL À LA GRÈVE LANCÉ PAR FO AUX ATSEM NANTAIS