Le 9 avril dernier des centaines de milliers de salariés ont fait grève et manifesté dans 80 villes. A Paris ils étaient 150 000 manifestants dont 50 000 dans le cortège FO. Nous étions 4000 à Nantes et 3000 à St. Nazaire. Ce ne fut certes pas le grand déferlement, mais le tremplin de l’offensive. Le 9 avril, la classe ouvrière avec à sa tête des dizaines de milliers de militant(e)s CGT-FO, CGT, FSU et Solidaires, au coude à coude, donnait l’impulsion à ce qui s’est amplifié depuis dans une avalanche de grèves.Tous les secteurs sont touchés, en particulier les hôpitaux, l’enseignement et la métallurgie. Et ce n’est qu’un début... [voir aussi : L'intervention de l'UD-FO44 à la manifestation nantaise du 9 avril]
Pourtant jamais une grève interprofessionnelle n’avait fait l’objet d’un tel boycott médiatique.
Ne soyons pas naïfs. Si la liberté de la presse existe en droit, elle est baillonnée en fait. On ne devrait d’ailleurs plus parler des «medias», sous-entendant une dose de pluralisme, mais plutôt de «l’appareil médiatique» comme il existe l’appareil d’Etat ou l’appareil militaire.
La «communication» (on disait hier la «propagande») est en effet aux mains d’une dizaine de magnats : Arnault, Bouygues, Bolloré (1), Lagardère, Dassault, Drahi, Pinault, Bergé et Amaury. Ils dirigent l’empire médiatique dont la concentration se poursuit. Depuis cet été, par exemple, Le Monde, Le Figaro et Les Echos font imprimerie commune ...
Ces professionnels du bourrage de crâne et de l’embrouille se démasquent quand ils accusent ceux qui dénoncent les connivences et dévoilent la vérité, d’être des adeptes délirants de la «théorie du complot».
Comme le disait un grand professionnel de la communication: «Plus le mensonge est gros et plus il a de chances d’être cru». C’est à l’évidence la devise du Monde qui salue la «victoire» de Tsipras aux dernières élections grecques en titrant à la une : « Les Grecs valident la politique de réformes et d’austérité de Tsipras».
Le mensonge est aussi gros que ce titre du Figaro : «les salariés de Smart France favorables au retour aux 39 heures» ...
En vérité, dans un cas «les Grecs» se sont abstenus à 46%. Ceux qui ont encore des illusions (2) sur la volonté de Tsipras de résister à la troïka (3) n’ont voté Syrisa qu’à 17% des inscrits, alors que le vote est obligatoire !
Dans l’autre, malgrè l’ignoble chantage à l’emploi et le piège référendaire (4), 61% des ouvriers de Smart ont rejeté «l’accord» dérogatoire au Code du Travail.
Dans l’un et l’autre cas le rejet des combinaisons électorales politiciennes ou des manipulations référendaires d’entreprise préparent l’affrontement inévitable sur le terrain de la lutte des classes directe, où tout se dénouera.
par JA
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1- Le patron de Canal n’est pas un rigolo : à la trappe les Guignols en clair sur Canal+ !
2- ... entretenues par le camouflage politico-médiatique des conséquences dévastatrices du dernier «mémorandum».
3- La troïka est composée de la Banque Centrale Européenne, du Fonds Monétaire International et de l’Union Européenne.
4- référendum où, pour fabriquer une majorité, les cadres au forfait ont été appelés à voter.