- L'Ouest Syndicaliste : Vous devez subir de plein fouet la crise de l'immobilier consécutive aux "subprimes" venue d'Outre Atlantique;
Franck Serra : Depuis 1998, les effectifs de la construction étaient en constante augmentation. Sur l'ensemble de 2008, l'évolution de l'emploi dans ce secteur est restée positive, mais de bien moindre ampleur qu'en 2007 : + 12 800 postes après + 59 300. Et les dernières statistiques trimestrielles font apparaître un repli de 12 600 postes (- 0,8 %) après une hausse de 9 600 postes au trimestre précédent (+ 0,6 %). Mais en réalité il y a deux BTP en France : celui des "Majors" et celui des "petites boîtes".
Pour le court terme 2009, les "Majors" ne paraissent pas trop inquiètes. Par contre les artisans ont vu leurs carnets de commandes passer de 9 à 3 mois. Ce qui se traduit par un recours au chômage partiel et la non-reconduction de CDD et CTT (contrats temporaires de travail pour une mission, conclus via une agence de travail temporaire).
Je veux souligner que des outils existent pour relancer très vite l'activité et l'emploi : une TVA pérenne à 5,5%, que les banques après avoir reçu l'aide que l'on sait de l'Etat recommencent à accorder des prêts aux particuliers; et aussi, car c'est un créneau d'avenir, qu'on forme dans les lycées professionnels, à l'AFPA et dans les CFA des professionnels (qui font aujourd'hui défaut) pour toutes les nouvelles technologies "environnementales" du Bâtiment. Mais si ces 3 leviers ne sont pas massivement utilisés, je crains de sérieux problèmes à l'horizon 2010.
- O.S. : Les revendications et l'activité militante FO dans le BTP ?
Franck Serra : Outre l'emploi, c'est bien sûr les salaires ainsi que la lutte contre la précarité et le travail au noir, plaies endémiques notoires dans le BTP.
Dans le contexte difficile actuel, la pratique contractuelle de FO continue de faire ses preuves. Dans certaines entreprises on a pu, pour 2009, négocier jusqu'à 3.5%, voire plus, d'augmentation des salaires. Mais la situation est très contrastée ; et là où il n'y a pas de présence syndicale, en particulier les plus petites boites, les patrons tirent sur les coûts en tirant sur les salaires.
Nous bagarrons également ferme sur quatre dossiers cruciaux : la pénibilité, les départs anticipés,la parité dans les caisses de congés payés, et les prêts à taux zéro pour les salariés du BTP.
Laurent Pelloquin : Renforcer le syndicat dans la situation actuelle est donc impératif. Lors notre AG d'aujourd'hui, j'ai d'ailleurs proposé que chaque militant se fixe comme objectif de syndiquer au moins l'un de ses collègues en 2009. Dans le BTP, seule la force syndicale peut peser sur les pouvoirs publics pour arracher les mesures de relance évoquées à l'instant par Franck Serra. Et que ce soit pour continuer à arracher des améliorations de salaires, ou demain s'opposer à d'éventuels plans sociaux, là encore c'est affaire de rapport de forces, donc de syndicalisation massive.
Mais ce n'est pas seulement dans les grosses entreprises, les "majors" qu'il faut viser l'accroissement de la syndicalisation. En effet on assiste à un phénomène nouveau, tout au moins par son ampleur et sa régularité. Toute les semaines, lors de nos permanences à l'UD-FO, nous voyons venir des salariés de petites entreprises aux prises, soit à titre individuel, soit peu ou prou collectif avec leur employeur. Ils viennent vers FO et s'y syndiquent pour faire prévaloir des droits remis en cause. Nous nous trouvons donc avec un développement, au côté de nos sections d'entreprises constituées, des adhésions individuelles issues des petites boites où jusqu'alors le patron était seul mettre à bord, sans contre-poids syndical pour remettre les pendules à l'heure.
Franck Serra : Depuis 1998, les effectifs de la construction étaient en constante augmentation. Sur l'ensemble de 2008, l'évolution de l'emploi dans ce secteur est restée positive, mais de bien moindre ampleur qu'en 2007 : + 12 800 postes après + 59 300. Et les dernières statistiques trimestrielles font apparaître un repli de 12 600 postes (- 0,8 %) après une hausse de 9 600 postes au trimestre précédent (+ 0,6 %). Mais en réalité il y a deux BTP en France : celui des "Majors" et celui des "petites boîtes".
Pour le court terme 2009, les "Majors" ne paraissent pas trop inquiètes. Par contre les artisans ont vu leurs carnets de commandes passer de 9 à 3 mois. Ce qui se traduit par un recours au chômage partiel et la non-reconduction de CDD et CTT (contrats temporaires de travail pour une mission, conclus via une agence de travail temporaire).
Je veux souligner que des outils existent pour relancer très vite l'activité et l'emploi : une TVA pérenne à 5,5%, que les banques après avoir reçu l'aide que l'on sait de l'Etat recommencent à accorder des prêts aux particuliers; et aussi, car c'est un créneau d'avenir, qu'on forme dans les lycées professionnels, à l'AFPA et dans les CFA des professionnels (qui font aujourd'hui défaut) pour toutes les nouvelles technologies "environnementales" du Bâtiment. Mais si ces 3 leviers ne sont pas massivement utilisés, je crains de sérieux problèmes à l'horizon 2010.
- O.S. : Les revendications et l'activité militante FO dans le BTP ?
Franck Serra : Outre l'emploi, c'est bien sûr les salaires ainsi que la lutte contre la précarité et le travail au noir, plaies endémiques notoires dans le BTP.
Dans le contexte difficile actuel, la pratique contractuelle de FO continue de faire ses preuves. Dans certaines entreprises on a pu, pour 2009, négocier jusqu'à 3.5%, voire plus, d'augmentation des salaires. Mais la situation est très contrastée ; et là où il n'y a pas de présence syndicale, en particulier les plus petites boites, les patrons tirent sur les coûts en tirant sur les salaires.
Nous bagarrons également ferme sur quatre dossiers cruciaux : la pénibilité, les départs anticipés,la parité dans les caisses de congés payés, et les prêts à taux zéro pour les salariés du BTP.
Laurent Pelloquin : Renforcer le syndicat dans la situation actuelle est donc impératif. Lors notre AG d'aujourd'hui, j'ai d'ailleurs proposé que chaque militant se fixe comme objectif de syndiquer au moins l'un de ses collègues en 2009. Dans le BTP, seule la force syndicale peut peser sur les pouvoirs publics pour arracher les mesures de relance évoquées à l'instant par Franck Serra. Et que ce soit pour continuer à arracher des améliorations de salaires, ou demain s'opposer à d'éventuels plans sociaux, là encore c'est affaire de rapport de forces, donc de syndicalisation massive.
Mais ce n'est pas seulement dans les grosses entreprises, les "majors" qu'il faut viser l'accroissement de la syndicalisation. En effet on assiste à un phénomène nouveau, tout au moins par son ampleur et sa régularité. Toute les semaines, lors de nos permanences à l'UD-FO, nous voyons venir des salariés de petites entreprises aux prises, soit à titre individuel, soit peu ou prou collectif avec leur employeur. Ils viennent vers FO et s'y syndiquent pour faire prévaloir des droits remis en cause. Nous nous trouvons donc avec un développement, au côté de nos sections d'entreprises constituées, des adhésions individuelles issues des petites boites où jusqu'alors le patron était seul mettre à bord, sans contre-poids syndical pour remettre les pendules à l'heure.
De gauche à droite photographiés à l'issue de l'AG de FO-BTP 44 : G. Boullard (délégué régional BTP-FO), G. Orjubin, Délégué syndical (Cégélec), Franck Serra (secr. général de la Fédération FO-BTP), J.L. Besnier (trésorier BTP 44), L. Pelloquin (secr. gén. de FO-BTP 44), J. Roussel (trés. adj. BTP 44), D. Laisné (secr. section FO Amec-Spie-PLRE), C. Burtin (secr. adj. du BTP 44)
Note: Paru dans l'OS 553